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  • Dudamel : le feu !

     
    Sur le vif - Vendredi 16.04.21 - 18.44h
     
     
    Gustavo Dudamel, nouveau directeur musical de l'Opéra de Paris ! C'est une nouvelle extraordinaire, pour tous ceux qui ont suivi le parcours de ce jeune et magnifique maestro vénézuélien, notamment à la tête de l'Orchestre Symphonique Simon Bolivar du Venezuela, et de sa section Jeunes. Dudamel, juste 40 ans, c'est un tempérament, c'est la fougue, c'est le bonheur absolu de diriger. Dudamel, c'est le feu.
     
    Longue vie à ce meneur d'orchestres hors du commun. Je me réjouis qu'il revienne à Genève, et que je puisse le recevoir dans l'une de mes émissions. Sur notre vieux continent européen, tant d'immenses chefs nous ont quittés, ces dernières années : pour ceux qui me touchent au plus près, je pense à Claudio Abbado (2014), Mariss Jansons (2019), et bien sûr au bouleversant Johann Nikolaus, Comte de La Fontaine et d'Harnoncourt-Unverzagt (2016), l'homme qui avait dans l'intimité de son sang la noblesse de la musique. J'ai ressenti ces trois départs comme des pertes irréparables.
     
    Nous en avons encore, en Europe, d'immenses, comme Simon Rattle et pas mal d'autres. Mais la vieille Europe a besoin de se ressourcer. Le continent sud-américain, qui nous a donné Daniel Barenboim et Martha Argerich, a tant à nous apporter ! Paris avait besoin d'ardeur et de passion. Avec Dudamel, elle sera servie.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Chancellerie : et si la Bavière avait ses chances ?

     
    Sur le vif - Vendredi 16.04.21 - 14.12h
     
     
    Dans une analyse publiée il y a trois jours (mardi 13.04.21), ici même, et intitulée "La capitale du monde, c'est Munich, pas Berlin !", j'évoquais l'idée que, pour la première fois dans l'Histoire allemande, le Ministre-Président de Bavière puisse nourrir de sérieuses chances de devenir Chancelier fédéral.
     
    Mon analyse allait à l'encontre de l'ensemble des commentaires publiés dans la presse suisse, qui, bien obédients face à la Cour de la Chancelière sortante (l'élection se déroulera le 26 septembre), n'avaient d'yeux que pour le protégé de Mme Merkel, Armin Laschet.
     
    Eh bien, je vous invite à suivre ce qui va se passer dans les heures et les jours qui viennent. Markus Södler, le CSU Bavarois, a ses chances ! Et il pourrait bien les avoir, même si Laschet devait l'emporter auprès des instances internes du parti !
     
    L'enjeu, c'est l'avenir de l'Allemagne. Angela Merkel aura été une Chancelière qui compte. Avec un bilan contrasté (ouverture inconsidérée des frontières à l'automne 2015, mais bonne gestion de la crise sanitaire), mais enfin elle restera dans l'Histoire. Après elle, l'Allemagne a besoin d'une autre personnalité forte. Ca n'est pas rien d'être Chancelier fédéral. Il n'est pas impossible - et c'était le sens de mon papier, il y a trois jours - que la personnalité du Bavarois Söder soit nettement plus puissante que celle du Rhénan Laschet.
     
    Seulement voilà : dans nos bons médias suisses, il faut plaider pour la gentille continuité de l'entourage Merkel. Et surtout pas pour la droite conservatrice bavaroise. Parce qu'elle est la droite. Et parce qu'elle est conservatrice.
     
    J'ignore absolument qui sera le prochain Chancelier. Mais je suis très heureux d'avoir été l'un des premiers, en Suisse, à soulever les problèmes de l'identité profonde de la Bavière, le rôle de trait d'union d'une candidature luthérienne bavaroise à la Chancellerie, l'occasion historique qui s'offre aux Allemagnes : laisser enfin, peut-être, un Ministre-Président de l'Etat libre de Bavière, ce pays profond au sein des nations de langue allemande, accéder à la fonction suprême.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Car ce chemin de mort est un chemin de vie

     
    Sur le vif - Jeudi 15.04.21 - 16.48h
     
     
    La guerre qui nous a été déclarée n'est ni territoriale, ni économique, ni sociale. C'est une guerre culturelle. Au sens le plus puissant de ce mot, "culture", celui qui va chercher dans l'humain ce qu'il a de plus profond : son chemin vers la langue (pour reprendre la magnifique titre de Heidegger, Unterwegs zur Sprache), sa liberté de dire et d'énoncer, sa solitude face au champ des mots. La langue n'est pas seulement un instrument : c'est elle qui nous porte, nous élève, nourrit nos rêves. Elle est, comme la musique, souffle et vie, rythme, respiration, silences, ponctuation de la vie qui va.
     
    Si c'était une guerre sociale, je ne prendrais pas parti, tout au moins pas avec la même netteté. Regardez mon panthéon, depuis des décennies : on y trouve aussi bien Pierre Mendès France que Willy Brandt, nous ne sommes pas exactement là dans l'exaltation du libéralisme. Politiquement, je suis nuancé. Culturellement, je suis viscéral, passionné, sans doute élitaire.
     
    Ils ont touché à la langue, tenté le putsch, avec par exemple leur galimatias inclusif. Il n'auraient pas dû. Cela va se retourner contre eux, je crois. Ils touchent en nous quelque chose de trop profond, et cela n'a rien à voir avec les questions de sexe, de genre, de domination/soumission, dont ils voudraient faire le centre du monde.
     
    Mais le centre de la langue, où est-il ? Mystère. La langue n'est pas une boîte à outils, enfin pas seulement. Elle nous enfante. Elle nous accompagne. Elle nous charrie. Elle nous porte en elle. Nous passons, elle demeure. Un peu changée, mais à vrai dire très peu. Elle évolue, bien sûr, mais pas comme ça, pas sur injonctions, pas sur ordres. Ni du pouvoir, ni de ceux qui se figurent (avec quelle prétention) comme des contre-pouvoirs. Alors qu'ils ne font que dupliquer des illusions.
     
    Ils passeront. Nous passerons, tous. Nous vivons, nous allons à la mort. Vivre, c'est apprendre à disparaître. La langue, dans ce chemin, nous accompagne. Comme Simon de Cyrène, elle nous aide à porter. Ca crée des liens. Car ce chemin de mort est un chemin de vie.
     
     
    Pascal Décaillet