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  • Le travail est beaucoup trop taxé à Genève !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.04.21

     

    Mais pourquoi diable, à l’école, le principe de l’impôt n’est-il pas enseigné ? D’où vient l’impôt, quelle est son Histoire ? Que fut-il sous l’Ancien Régime ? Comment a-t-il été transformé par la Révolution française ? Comment a-t-il évolué aux dix-neuvième et vingtième siècles ? Quelle différence entre perception directe et indirecte ? Entre l’impôt et la taxe ? Ces questions-là sont non seulement passionnantes sur le plan intellectuel, mais surtout diablement utiles pour éveiller la conscience des futurs contribuables. Ou, tout au moins, des quelque 62% de Genevois qui auront l’honneur de payer l’impôt, près de 38% en étant exonérés, ce qui constitue d’ailleurs un problème, et doit être soulevé, même si c’est tabou.

     

    Bref, la fiscalité, ça nous concerne. L’argent de l’Etat, c’est le nôtre. C’est à nous qu’il le prend pour conduire ses politiques publiques. Et, disons-le tout net, il y a des secteurs où on nous ponctionne beaucoup trop, au point que nous étouffons. Le principal d’entre eux, il suffit de regarder votre feuille d’impôts (si vous n’avez pas la chance d’appartenir aux 38% de dispensés, cités plus haut), c’est celui sur le revenu. Or, le revenu, pour l’immense majorité d’entre nous, de quoi s’agit-il ? La réponse est simple : du fruit de notre travail ! Celui de notre sueur. Et c’est là qu’intervient l’absolu scandale déjà maintes fois dénoncé dans cette page : la taxation ahurissante des classes moyennes. Entendez ceux qui ne touchent aucune subvention, aucune aide, ne vivent que de leur travail, ont peur de le perdre, ne sont pas assez aisés pour tenir plusieurs mois sans revenus.

     

    On dirait que les puissances dirigeantes et les assistés auraient passé comme un pacte tacite : en échange de la paix sociale (notre pays a connu de grandes secousses, comme la Grève générale de 1918), on s’entend pour faire cracher au bassinet les classes moyenne. En leur prélevant un maximum sur le revenu de leur travail. Car ils bossent, ces gens-là, et même plutôt dur ! Les Suisses sont des travailleurs modèles, très comparables en cela aux Allemands, fiables, honnêtes, compétents, qualifiés. Mais attention, je vous l’affirme : ces classes moyennes vont finir un jour par se révolter, tellement elles seront écœurées d’être à ce point mises à contribution, sans jamais rien recevoir en contrepartie. Et ce jour-là, dans notre bonne et paisible Suisse de la Paix du Travail (1937) et du consensus, ça fera mal.

     

    Pour ma part, je défends les classes moyennes, bec et ongles. C’est l’un de mes principaux combats dans la bataille des idées, autour de la politique en Suisse. Et les partis, les élus, les intermédiaires, tous ceux qui se targuent de « faire de la politique », ils feraient bien de les défendre, aussi. Car notre prospérité, notre paix sociale, notre qualité de vie en Suisse ne sont pas éternelles. Notre pays repose même sur des équilibres beaucoup plus fragiles qu’on ne l’imagine. Pour que la Suisse perdure, la justice fiscale doit constamment se réinventer. En évitant à tout prix de surcharger une catégorie de contribuables. A terme, cela peut se montrer dévastateur.

     

    Pascal Décaillet

  • La soute, l'iceberg

     
    Sur le vif - Mardi 27.04.21 - 13.59h
     
     
    La classe moyenne, c'est la salle des machines, au fond du bateau. Les soutiers. Ceux qui savent : ils sont dûment formés pour faire fonctionner l'appareillage complexe. Travailleurs qualifiés ! Spécialisés. Consciencieux. Ponctuels. Fiables. Ceux qui bossent, et en plus ils adorent leur boulot ! Ceux qui ont les compétences. Ceux qui ne se plaignent jamais. Ceux qui ne reçoivent aucune assistance. Ceux dont on ne parle pas.
     
    Le capitaine, l'armateur, les respectent. Ils savent bien que, sans eux, le bateau n'irait pas très loin. Rapport de confiance.
     
    Seulement voilà, le soir, sur le pont supérieur, dans l'ivresse de la musique et le parfum nacré de sublimes compagnies, il y a deux détails qu'on a tendance à oublier : les gens de la soute, l'imminence de l'iceberg.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La vie qui surgit, et qui se précipite

     
    Sur le vif - Lundi 26.04.21 - 15.57h
     
     
    Je rumine, depuis des siècles, un texte de ma Série Allemagne en 144 épisodes (32 sont déjà bouclés), sur le Lied.
     
    En sachant que, sur la seule question - centrale - du Lied dans la culture poétique et musicale allemande, il faudrait déjà 144 épisodes.
     
    C'est tout mon problème, dans cette Série : chaque fois que j'ouvre une porte, je me trouve devant un miroir, qui m'offre la perspective de 144 autres miroirs.
     
    Et j'avance, lentement. Et je n'ai aucune intention d'avancer plus vite. Parce que je ne veux pas terminer cette Série. Je ne la terminerai jamais.
     
    Parce que cette Série, c'est la vie.
     
    Le Lied aussi, c'est la vie. Chez Schubert. Chez Schumann. Chez Brahms. Chez Mahler. Chez Hindemith.
     
    Le Lied, ce condensé, cette précipitation de forces vitales : les mots, les syllabes, les notes, les silences, la puissance surgie du ventre, les cordes vocales, le phrasé du poème, son rythme, sa structure. Tout cela, en quelques minutes.
     
    Le Lied, c'est la vie. Et Christa Ludwig vient de nous quitter. Elle était l'une des plus grandes. Dans Schubert, dans Brahms, elle tutoyait le sublime.
     
    Je ne terminerai jamais cette Série. J'avancerai, à mon rythme. J'entrecouperai les épisodes "officiels" de quantité de notes intermédiaires. Je m'y perdrai. Comme dans une forêt germanique. La Forêt de Thuringe, par exemple, dans l'ex-DDR, si chère à mon coeur. Et à mes souvenirs.
     
     
    Pascal Décaillet