Sur le vif - Lundi 26.04.21 - 15.57h
Je rumine, depuis des siècles, un texte de ma Série Allemagne en 144 épisodes (32 sont déjà bouclés), sur le Lied.
En sachant que, sur la seule question - centrale - du Lied dans la culture poétique et musicale allemande, il faudrait déjà 144 épisodes.
C'est tout mon problème, dans cette Série : chaque fois que j'ouvre une porte, je me trouve devant un miroir, qui m'offre la perspective de 144 autres miroirs.
Et j'avance, lentement. Et je n'ai aucune intention d'avancer plus vite. Parce que je ne veux pas terminer cette Série. Je ne la terminerai jamais.
Parce que cette Série, c'est la vie.
Le Lied aussi, c'est la vie. Chez Schubert. Chez Schumann. Chez Brahms. Chez Mahler. Chez Hindemith.
Le Lied, ce condensé, cette précipitation de forces vitales : les mots, les syllabes, les notes, les silences, la puissance surgie du ventre, les cordes vocales, le phrasé du poème, son rythme, sa structure. Tout cela, en quelques minutes.
Le Lied, c'est la vie. Et Christa Ludwig vient de nous quitter. Elle était l'une des plus grandes. Dans Schubert, dans Brahms, elle tutoyait le sublime.
Je ne terminerai jamais cette Série. J'avancerai, à mon rythme. J'entrecouperai les épisodes "officiels" de quantité de notes intermédiaires. Je m'y perdrai. Comme dans une forêt germanique. La Forêt de Thuringe, par exemple, dans l'ex-DDR, si chère à mon coeur. Et à mes souvenirs.
Pascal Décaillet