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  • Droite genevoise : les décombres, et alors ?

     
    Sur le vif - Mardi 09.03.21 - 18.09h
     
     
    La droite genevoise est en lambeaux, mais ça n'a aucune importance. Le PLR est aux abois, il ne parle plus, ne donne plus signe de vie. Son communiqué, tombé hier soir tard, pourrait être celui d'un boxeur groggy, ayant tout oublié : le nom de son adversaire, l'enjeu du match, et jusqu'à sa propre identité. Le PDC sort un lapin d'un chapeau. Le magicien a disparu. L'UDC roule mathématiquement pour la candidate Verte, comme Chirac roulait pour Mitterrand, et contre Giscard, en mai 1981.
     
    La droite genevoise est en lambeaux, mais cela n'a aucune espèce de gravité. La vie interne des partis, face à la puissance de nos enjeux citoyens, n'a aucune importance. Les partis ne constituent absolument pas des buts en soi. Ils sont juste des moyens - parmi d'autres - pour faire évoluer la Cité. Les partis naissent, vivent et meurent, parfois ils se désintègrent, à l'image du Parti Radical, qui avait tant compté sous la Troisième République, mais n'a pas vraiment survécu à la guerre. A l'image du Zentrum bismarckien, balayé par le 30 janvier 1933.
     
    La droite genevoise est en lambeaux, et alors ? Elle prendra une autre forme, un autre nom, et cela se mettra en place dans les deux années qui nous séparent de 2023. Elle partira sur d'autres bases, intégrant enfin une composante méprisée par les patriciens, celle qu'on appelle "populiste", avec un mépris de classe inimaginable, alors qu'elle est simplement populaire, avec les vraies préoccupations des gens, pas celles des états-majors.
     
    Il était peut-être nécessaire, pour que la renaissance pût s'opérer, que quelque chose, de l'intérieur, éclatât. Alors oui, pour l'heure, la vision est celle des décombres. La ruine. Mais il fallait sans doute la violence d'une désintégration pour pouvoir, à Genève, passer à autre chose : la réconciliation de la droite avec toutes les couches du peuple. Y compris les gueulards. Y compris les réprouvés. Y compris les pestiférés. Avec eux, quelque chose de puissant est possible. Mais il faudra enfin les écouter.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Second tour : le fétichisme des servants

     
    Sur le vif - Lundi 08.03.21 - 13.17h
     
     
    Les gesticulations, dans les états-majors des partis et les officines, n'ont strictement aucune importance dans le deuxième tour qui commence aujourd'hui à Genève, en vue du 28 mars.
     
    Ce que Pierre Maudet a pulvérisé, avec son résultat d'hier, c'est justement ce petit monde. Le microcosme. Les Comités directeurs. Les Assemblées générales. Les délégués au PV. Les scrutateurs. Bref, tout ce jeu de rôles qui donne à la machine l'impression d'exister. Voir ses pairs, une fois par semaine, ou par mois, siéger, détenir le carton de vote, et voilà le brave militant gonflé d'importance, à l'hélium.
     
    A la vérité, ce cirque n'est pas plus nécessaire à la démocratie que le ballet empourpré des cardinaux de Rome ne l'est à la Parole évangélique. S'y exerce la jouissance par l'ornement, c'est le fétichisme des servants.
     
    De quoi s'agit-il, pour le 28 mars ? Envoyer dans le cockpit de commandement de l'Etat une personne que l'on tient pour compétente dans la tenue de la barre. Il ne s'agit pas d'envoyer un saint. Il ne s'agit pas d'envoyer un gentil. Il ne s'agit pas de pureté morale. Il ne s'agit même pas d'envoyer quelqu'un qu'on aime ! J'invite chacun de nous à se défier de ses sentiments personnels : les affaires de l'Etat n'ont rien à voir avec la sympathie. Les plus grands, dans l'Histoire, je rumine ces exemples depuis l'enfance, ont pu se montrer les pires. Il faut les juger à l'aune de leur action d'Etat, c'est tout.
     
    A partir de là, faites vos jeux. Si vous vous fiez encore à un quelconque "mot d'ordre" de parti, alors pour moi vous êtes déjà perdu. Vous êtes de ceux qui ont besoin de guides. Vous avez tort. La puissance d'une citoyenne ou d'un citoyen, c'est avant tout son aptitude à la solitude, à l'indépendance, à la liberté individuelle de conscience. Les rebelles sauveront la République. Les grégaires, depuis longtemps, la conduisent à sa perte.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le sel du peuple

     
    Sur le vif - Dimanche 07.03.21 - 14.48h
     
     
     
    Dans notre démocratie suisse, le personnage principal, c'est le peuple. C'est lui qui décide. Le peuple, et non la rumeur. Le peuple, et non les réseaux sociaux. Le peuple, et non les coteries, de droite ou de gauche. Le peuple, et non les factions. Le peuple et non les partis. D'un côté, la tambouille des états-majors. De l'autre, le sel du peuple.
     
    Au premier tour de l'élection complémentaire genevoise, le peuple a donné son verdict. Intermédiaire bien sûr, puisque seul compte le 28 mars. Mais il a livré une tendance.
     
    La droite l'emporte sur la gauche, mais elle est divisée. La candidate de gauche, Fabienne Fischer, ne réunit même pas les voix de sa famille. Celui du PLR, Cyril Aellen, homme de grande valeur dont Genève aura encore longtemps besoin, obtient un résultat insuffisant pour se maintenir. Il quitte la course, tient parole, et ce respect des engagements, mendésiste quant au fond et quant à la forme, est la marque des hommes sur qui ont peut compter. Yves Nidegger, candidat de l'UDC, réalise un score canon, fruit d'une campagne inventive, libre d'esprit, provocante, rafraîchissante. Sa meilleure campagne, depuis que nous le suivons en politique.
     
    Mais l'homme du jour, c'est Pierre Maudet. Le sel du peuple, c'est lui. L'énorme surprise, c'est lui. La solitude de l'indépendant, face aux cuisines des partis, c'est lui. A l'interne de son ancien parti, il triomphe. Non contre Cyril Aellen, mais contre un appareil. Il appartient à ce petit monde d'en tirer les conséquences, c'est leur affaire, pas la nôtre.
     
    A ce stade, aucun pronostic n'est possible pour le 28 mars. Mais une chose est sûre : face à des candidats peu expérimentés dans un scrutin majoritaire, a fortiori une complémentaire, la puissance de feu, la connaissance du terrain, la passion du combat, ont aidé l'homme d'expérience.
     
    Déjà, on nous parle de puissantes cogitations dans les officines des partis. Vous pouvez oublier. Les grands perdants de ce premier tour, et c'est une excellente chose, ce sont ces états-majors qui se croient propriétaires de la République. Le candidat Maudet, dans cette première manche, les a pulvérisés. Ca n'est certes pas gagné pour la seconde, mais bonne chance à ceux qui s'imaginent encore avoir écarté pour jamais ce phénomène de notre vie politique genevoise. Ce dimanche, il n'a pas représenté les factions. Mais quelque chose d'autre, de plus irrationnel, plus instinctif, plus sauvage, plus rebelle. Cela s'appelle le sel du peuple.
     
     
    Pascal Décaillet