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  • Ni anges, ni bêtes !

     
    Sur le vif - Dimanche 24.01.21 - 14.39h
     
     
    Des esprits libres ? Mais chacun d'entre nous est persuadé d'en être un ! Convaincu, aussi, d'être soi-même un peu plus libre que tous les autres. Écrire, prendre position, c'est affirmer cette liberté, faire sans cesse vibrer d'infinies variations sur le thème du libre-arbitre, face à la convenance. Comme nous sommes très orgueilleux, chacun, dans cette dialectique, s'attribue le beau rôle : celui du penseur libre, face à la masse captive.
     
    En réalité, c'est plus compliqué, et nous le savons bien. Même ceux qui s'efforcent de penser librement (d'aucuns s'en dispensent facilement) se trouvent en fait configurés par un nombre impressionnant de paramètres, sur lesquels ils n'ont pas prise : leur passé, leurs souffrances, leur éducation, les choix de lectures qu'ils se sont eux-mêmes imposées. On érige sa statue comme on bâtit des murs, même glaise, même ciment.
     
    Personne n'est totalement libre. Et personne n'est entièrement captif. Nous sommes tous dans les méandres d'un entre-deux. Il y a ce qui nous conditionne, et il y a, parfois (on l'espère, tout de même), le feu de certaines percées. De la banalité comme de la saillie, nous sommes tous capables. Nul d'entre nous n'est maudit pour l'éternité, nul n'est sauvé a priori. Vivre, écrire, c'est tenter de se frayer un chemin entre l'erreur et la vérité, entre le masque et la sincérité, entre la parole qui porte et celle qui nous enferme dans notre solitude.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Demain l'insolence, promis juré !

     
    Sur le vif - Vendredi 22.01.21 - 19.20h
     
     
     
    Ils disent tous : "Nous allons être insolents, impertinents, vous allez voir ce que vous allez voir !".
     
    C'est bien, mes amis, constamment interrogés, par vos confrères, sur ce que vous ALLEZ FAIRE. Un jour ! C'est fou, en passant, cette manie de se focaliser sur les INTENTIONS, là où on dispose d'une certaine matière, me semble-t-il, pour juger sur ACTES.
     
    C'est bien, avec vos futurs journaux, qui paraîtront UN JOUR, soyez insolents, impertinents.
     
    Mais juste une question : vous vous exprimez dans l'espace public depuis des années, et même des décennies pour certains. Vous avez déjà derrière vous de longues carrières dans la presse romande. Vous avez été rédactrices en chef de journaux, tiens certains d'entre eux ont disparu, d'ailleurs. Vous n'avez jamais songé, pendant ces longues années où vous en aviez le pouvoir et l'occasion, même de l'extrême commissure des lèvres, à vous montrer insolents, impertinents ?
     
    Ne me dites pas que la promesse de l'insolence, l'imminence de l'impertinence, ne seraient qu'un argument marketing. Ce serait un peu désespérant, non ?
     
     
    Pascal Décaillet

  • Chair, feu, esprit

     
    Sur le vif - Jeudi 21.01.21 - 22.53h
     
     
    Depuis l'enfance, grâce à un homme de lumière que j'ai fréquenté pendant quatre ans (1965-1969), je déteste l'idée qu'une religion soit supérieure à une autre.
     
    C'est pourquoi je n'en stigmatise aucune - je dis bien AUCUNE - et respecte infiniment tout mouvement spirituel, exprimé dans ses particularismes et au sein de l'infinie diversité du monde, amenant l'humain vers une forme de transcendance.
     
    Je combats absolument l'idée de religion universelle, qui devrait s'imposer sur les autres. Le polythéisme antique, tel que revisité par les plus fulgurants poètes allemands, Friedrich Höldelin en tout premier, m'habite intensément.
     
    J'écris ces quelques lignes en écoutant, sur la remarquable chaîne Stingray Classica, le violoniste letton Gidon Kremer interpréter, seul devant un autel doré, l'intégrale des Partitas pour violon seul, BWV 1001-1006, de Jean-Sébastien Bach.
     
    Chaque fois que je me rends en Thuringe, la patrie de Bach (j'y étais encore l'été dernier, 2020), je me dis que de ces racines-là, ancrées dans la palpitation du destin allemand, a jailli un jour l'universel.
     
    Pas du ciel ! Des racines.
     
    Faut-il préciser, à tout hasard, que c'est aussi, Saxe-Thuringe, la patrie de Martin Luther ?
     
    Cette patrie-là, de chair, de feu et d'esprit, matrice d'une musique et d'une langue, est aussi, au plus profond de ma vie intérieure, la mienne.
     
     
    Pascal Décaillet