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Ni anges, ni bêtes !

 
Sur le vif - Dimanche 24.01.21 - 14.39h
 
 
Des esprits libres ? Mais chacun d'entre nous est persuadé d'en être un ! Convaincu, aussi, d'être soi-même un peu plus libre que tous les autres. Écrire, prendre position, c'est affirmer cette liberté, faire sans cesse vibrer d'infinies variations sur le thème du libre-arbitre, face à la convenance. Comme nous sommes très orgueilleux, chacun, dans cette dialectique, s'attribue le beau rôle : celui du penseur libre, face à la masse captive.
 
En réalité, c'est plus compliqué, et nous le savons bien. Même ceux qui s'efforcent de penser librement (d'aucuns s'en dispensent facilement) se trouvent en fait configurés par un nombre impressionnant de paramètres, sur lesquels ils n'ont pas prise : leur passé, leurs souffrances, leur éducation, les choix de lectures qu'ils se sont eux-mêmes imposées. On érige sa statue comme on bâtit des murs, même glaise, même ciment.
 
Personne n'est totalement libre. Et personne n'est entièrement captif. Nous sommes tous dans les méandres d'un entre-deux. Il y a ce qui nous conditionne, et il y a, parfois (on l'espère, tout de même), le feu de certaines percées. De la banalité comme de la saillie, nous sommes tous capables. Nul d'entre nous n'est maudit pour l'éternité, nul n'est sauvé a priori. Vivre, écrire, c'est tenter de se frayer un chemin entre l'erreur et la vérité, entre le masque et la sincérité, entre la parole qui porte et celle qui nous enferme dans notre solitude.
 
 
Pascal Décaillet

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