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  • Religions antiques : comme mille lumières

     
    Sur le vif - Vendredi 15.01.21 - 17.26h
     
     
    Se plonger dans l'Histoire des religions antiques, c'est s'immerger dans une extrême complexité, une infinie variété des cultes, très locaux, qui rompt totalement avec la prétention chrétienne à la totalité. Le mot katholikos, en grec, signifie "universel". Bien qu'issu de ce monde, et avec quelles racines, je n'ai jamais partagé cette aspiration à la religion planétaire.
     
    J'ai été éduqué dans le catholicisme, je l'assume totalement, mais tout autant (par un homme d'exception le Père Louis Collomb, aumônier du primaire entre 1965 et 1969), à un RESPECT TOTAL des autres courants spirituels de notre monde. Notamment les deux autres grandes religions du Livre, le judaïsme et l'islam. Et puis, tous les autres, que je connais moins, faute de les avoir étudiés.
     
    Ce qui frappe, dans la diversité cultuelle de l'Antiquité (en Grèce, à Rome, chez les Étrusques, etc.), c'est l'absence de prétention à l'unité, même si les courants dits "monistes" (un seul Dieu) apparaissent déjà, dans la philosophie grecque, avant le christianisme. Les dieux sont multiples, les divinités sont locales, les cultes sont villageois, familiaux même, les images racontent les mythes, par exemple sur les vases à figures rouges : l'occasion pour moi de vous recommander à tout prix mon musée préféré à Rome, celui de la Villa Giulia. Mais aussi, les musées étrusques du Latium, ou de Toscane.
     
    Cette complexité antique, je l'aime infiniment, depuis que je l'ai fréquentée, dans ma jeunesse. Dans cet univers, ni pape, ni dogme. La pluralité s'exprime, sans Livre saint, juste la modestie familiale des lieux de culte, les variations d'images sur les thèmes de la mythologie. On retrouve l'infinie diversité des papyrus, avec leurs fragments.
     
    C'est cela, dans la redécouverte de la Grèce à la fin du dix-huitième siècle, qui a tant frappé les esprits allemands. Un génie de la fulgurance de Friedrich Hölderlin. Mais aussi, plus prosaïquement, des générations de philologues, qui se sont patiemment mis à nous restituer ces textes, en les éditant. Ils méritent notre reconnaissance, par leur plongée dans les particularismes. Ils sont des donneurs de vie. Grâce à eux, la Grèce d'il y a vingt-cinq siècles vient frapper de plein fouet nos âmes d'aujourd'hui. Et cela, c'est un petit miracle, sans cesse recommencé.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les Lumières et l'atelier de la langue

     
    Sur le vif - Vendredi 15.02.21 - 11.20h
     
     
    Tribu (RSR) - La philosophe Corine Pelluchon parle admirablement des Lumières.
     
    L'écouter nourrit ma réflexion sur l'Aufklärung, puis sa dénonciation par le Sturm und Drang, et la plongée dans les particularismes de la langue et des récits allemands, à partir des années 1770.
     
    Corine Pelluchon évoque à plusieurs reprises, dans son entretien de ce matin, l'opposition entre la prétention des Lumières à l'universalisme, et l'immersion de leurs adversaires dans le foisonnement des singularités. Je pense, en l'écoutant, aux Frères Grimm et à leur époustouflant Dictionnaire de la langue allemande. Je pense au Sturm und Drang. Je pense à la redécouverte des textes grecs - autre civilisation de la pluralité - par Friedrich Hölderlin.
     
    La prise de congé de l'Aufklärung par les plus grands esprits allemands, autour de 1770, et pour plusieurs générations, dans les années de la Révolution française et les décennies qui suivent, constitue, vous avez pu vous en rendre compte, l'un des axes majeurs de ma réflexion sur la genèse de l'idée de nation (cf Fichte) dans les Allemagnes.
     
    À tout cela, j'ai déjà consacré de nombreux textes de ma Série en 144 épisodes sur l'Histoire allemande. Et j'y reviendrai largement. Particularismes contre universalisme, Gemeinschaft en opposition à Gesellschaft, ces thèmes centraux doivent absolument être traités. Si on veut, plus tard, aborder, dans l'Histoire allemande, les tragédies du vingtième siècle.
     
    Toute ma réflexion sur l'Histoire allemande est une réflexion sur l'Histoire de la langue allemande elle-même, c'est pourquoi je commence en 1522, avec la traduction de la Bible par Luther. Puis, tous les poètes, Hölderlin, Stefan George, Paul Celan. En parallèle, l'Histoire musicale allemande, qui me passionne jusque dans ses moindres détails.
     
    Tout cela forme un tout. Il me semble qu'un fil invisible relie les éléments d'apparence disparate, comme chez Wagner. Écouter Corine Pelluchon, la qualité de sa langue et de ses réflexions, nourrit l'atelier - encore tellement désordonné - de mon travail.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Formation : au PLR les idées, au DIP les fortins

     
    Sur le vif - Mercredi 13.01.21 - 14.54h
     
     
     
    D'un côté, Cyril Aellen, qui a lancé dimanche soir (au GRAND GAC) d'importantes idées sur la formation. De l'autre, Natacha Buffet-Desfayes, qui sera ce soir aux Yeux dans le Yeux, à propos des filières mixtes dans le Secondaire II. En plus de ces deux-là, et de Jean Romain, pionnier de la réflexion sur l'école, on peut multiplier le nombre de députés, ou personnalités politiques, du PLR qui veulent faire avancer, en le réformant, le système de formation à Genève. Leurs idées foisonnent. Et elles sont intéressantes.
     
    En face d'eux, désolé de le dire comme ça, mais nous avons un DIP, jusqu'au plus haut niveau, cramponné sur sa défensive. Face à la guerre de mouvement que lui lance le PLR, que font-elles, nos huiles d'appareils ? Réponse : elles s'enterrent au plus profond d'une ligne Maginot. Au plus haut niveau, on ne connaît de parole que celle de la complainte : pas assez d'argent, paraît-il, pas assez de moyens. C'est faux, archi-faux ! En réduisant les états-majors, en supprimant des services d'intendance totalement inutiles, en plaçant les forces sur le front de l'enseignement, on peut faire mieux, sans constamment quémander des deniers supplémentaires.
     
    L'imagination est au PLR, les forteresses de survie sont au DIP. A ce rythme, le parti socialiste, celui d'André Chavanne, ne se rend pas compte qu'inévitablement, d'ici un peu plus de deux ans, il va perdre le DIP. On ne gagne jamais avec des gémissements. Ni en se blottissant dans des fortins. On gagne avec des idées, de l'inventivité, de l'imagination. Et une force vitale d'attaque pour les faire triompher.
     
     
    Pascal Décaillet