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  • Macron : le sillage tranquille de la bourgeoisie

     

    Sur le vif - Mardi 28.08.18 - 16.59h

     

    En aucun cas, Emmanuel Macron ne vient de nulle part. En aucun cas, il n'incarne l'homme nouveau, comme il a tenté de le faire croire lors de la présidentielle 2017.

     

    En politique, personne ne vient de nulle part. Et l'homme nouveau n'existe pas. Depuis la Révolution française, et à certains égards antérieurement déjà, l'ensemble de l'espace politique existant aujourd'hui a été occupé, de façon repérable et millimétrée, par des forces qui, sous divers noms, sont bien là en continu.

     

    D'Emmanuel Macron, on peut dire par exemple, avec certitude, deux choses. Son engagement européen le rattache à une tradition française précise : celle du MRP, qui était sous la Quatrième République la démocratie chrétienne à la française. Parti issu de la Résistance, mais intellectuellement rattaché à des courants antérieurs, comme le Sillon d'Emmanuel Mounier ou la Doctrine sociale de Léon XIII, ce courant de pensée a joué un rôle capital dans les premières décennies de l'après-guerre.

     

    Autre exemple : le rapport d'Emmanuel Macron au libéralisme économique. Là, c'est moins ancré dans la tradition française, mais c'est présent, depuis le 18ème siècle, de façon parfaitement traçable. Avec, notamment, une période très prospère, sous le Second Empire.

     

    Emmanuel Macron est un européen, et un libéral. C'est son droit le plus strict (on peut juste se demander ce qu'il fabriquait au gouvernement sous François Hollande). Mais ces positions ne relèvent en rien d'une nouveauté, encore moins d'une Révolution. Elles s'inscrivent dans le sillage tranquille d'une partie de la bourgeoisie française, provinciale notamment. C'est passionnant. C'est parfaitement respectable. Mais ça ne vient pas de nulle part. En politique, tout a toujours déjà existé avant, sous d'autres noms. Il suffit de se pencher sur les livres d'Histoire.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ministre, c'est un métier

     

    Sur le vif - Mardi 28.08.18 - 12.24h

     

    De l'éminent cancérologue Léon Schwartzenberg à Nicolas Hulot, en passant par le vulcanologue Haroun Tazieff, je n'ai jamais cru, une seule seconde, au mythe providentiel des personnes issues de la "société civile" pour occuper des ministères. Non que ces personnes ne soient pas compétentes, chacune dans son domaine, mais parce que ministre, c'est un métier. Politicien, c'est un métier. Il a des règles internes. Il exige une connaissance, en profondeur, du terrain politique lui-même, avec ses failles, ses pièges. Cela ne s'improvise pas. Il faut connaître la politique, comme un musicien doit maîtriser le solfège, l'harmonie, le contrepoint.

     

    Et puis, ne soyons pas dupes ! Lorsqu'un Président choisit l'une de ces stars, c'est évidemment pour dorer son propre blason. Cela donnera l'impression d'un gouvernement ouvert, humaniste, inventif, centré sur les compétences. Bref, avoir un Schwartzenberg dans un ministère, ça fait bien.

     

    Le problème, c'est que la politique est un métier. Celui qui ne connaît pas, à fond, le champ de bataille, avance en terrain miné. Un jour ou l'autre, il explosera. On peut le regretter, rêver d'un personnel politique moins roublard et plus compétent, mais c'est ainsi. C'est la règle du jeu, la configuration du terrain. Un Maudet, un Darbellay, un Couchepin, connaissent admirablement, croyez-moi, la carte d'emplacement des mines. La connaître, ça fait partie du jeu, tout simplement.

     

    Un homme, d'ailleurs, ne s'y était jamais trompé : député (ou sénateur) pendant 35 ans, de 1946 à 1981, également onze fois ministre sous la Quatrième (1946-1958), avant de traverser longuement le désert, puis enfin d'arriver au pouvoir (10 mai 1981), il connaissait sur le bout des doigts la carte des circonscriptions françaises. Il connaissait les hommes, leurs faiblesses, leurs limites, leurs qualités aussi. Il était un professionnel de la politique. Il s'appelait François Mitterrand.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Danse autour d'un cadavre

     

    Sur le vif - Mardi 28.08.18 - 07.25h

     

    La RSR continue de se torturer l'esprit avec les "négociations d'un Accord cadre avec l'Union européenne". Pas un jour, pas un journal, sans que les ondes publiques ne remuent ciel et terre autour de ce cadavre thématique.

     

    À part le PLR (et encore !) et la SSR, "l'Accord cadre institutionnel" n'intéresse personne en Suisse. Fruit de l'esprit tortueux de Didier Burkhalter, laissé en héritage comme un cadeau empoisonné, ne captant ni l'intérêt du peuple suisse, ni celui de Bruxelles, c'est un thème politique mort. Mais ce mort a ceci de singulier de n'être jamais né, n'avoir jamais vécu, ailleurs que dans les imaginations d'une clique d'europhiles.

     

    Il y a pire : le cadavre divise et ridiculise le Conseil fédéral. Cassis dit blanc, Schneider-Ammann dit noir, Cassis dit qu'il est en Inde et qu'il laisse Schneider-Ammann s'en occuper, Berset regarde le match et compte les points, les quatre autres font l'autruche. Gouvernement lacéré, à l'interne, par un non-sujet, un cadavre sémantique, un oripeau de sens.

     

    Il est temps de tirer la prise. Le débat sur l'Europe appartient à l'ensemble du peuple suisse. Vaste débat national, oui, entre les cinq millions de citoyennes ou citoyens de ce pays. Ce débat n'appartient ni aux partis, ni aux élus. Il doit être la chose du peuple. C'est de lui, de sa légitimité par le nombre et par les profondeurs, que surgira naturellement, un jour, la clarté qui, aujourd'hui, fait tant défaut.

     

    Pascal Décaillet