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  • Dr Sigmund et les Pyramides

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    Sur le vif - Vendredi 15.04.11 - 08.45h

     

    Succulent lapsus, résiné comme pomme d’arolle rôtie sur l’adret doré de nos pentes, de mon confrère Simon Matthey-Doret, tout à l’heure à la RSR. Recevant la présidente popiste de l’AVIVO Christiane Jaquet-Berger, dans un entretien sur la démographie, il lui parle de la « pyramide des ânes » !

     

    Trop beau. Trop Viennois. Plus doux que vin de palme. Plus éblouissant que le port d’Alexandrie. Plus révélateur que Champollion. À quoi, mais à quoi donc l’inconscient de cet excellent journaliste SSR voulait-il faire allusion ? Hmmm ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • Culture à Genève : les reliefs d’ortolans

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    Sur le vif - Jeudi 14.04.11 - 16.41h

     

    Présider aux destinées de la Culture en Ville de Genève est une tâche passionnante, donc enviable : il est normal que les impétrants s’y pressent, preuve qu’il y a un enjeu, des défis, un champ d’action qui reste à semer. Trois candidats, au moins, s’y intéressent vivement : Sami Kanaan, Pierre Maudet, Florence Kraft-Babel. Auxquels on n’omettra pas d’ajouter Soli Pardo. Comme nous l’avons déjà signalé, des tractations se sont déjà déroulées, en coulisses, sur le partage du gâteau, ce qui n’a rien de scélérat, se fait depuis toujours, sur le mode de Perrette et du pot au lait, voire de l’Ours et des deux Compagnons.

     

    Que les personnes citées aient les capacités de gérer un tel Département, je le tiens pour acquis. Nous sommes dans des masses budgétaires fort lourdes (près d’un quart des finances de la Ville), des mouvements lents, où nulle réforme ne peut se décider à la hussarde, tant sont  poisseuses les pesanteurs des résistances, puissants les antagonismes des clans, tenaces les haines, les rancœurs. Parce qu’il engage - Dieu merci - autre chose que la simple gestion, quelque chose d’infiniment plus puissant, le champ culturel se trouve ensemencé des essences parfois les plus mortifères. Ce matin, sur France Inter, Frédéric Mitterrand tentait de s’expliquer sur sa querelle avec Olivier Py, prêchant le vrai pour le faux, laissant entendre qu’il allait le nommer en Avignon : l’éternel jeu du Prince et du génie. Sur Seine ou sur Rhône, la noire permanence des rapports de pouvoir demeure.

     

    Depuis vingt ans, la Culture se trouve aux mains des Verts, qui ne semblent plus la revendiquer. On pourrait, a priori, trouver assez normal qu’elle passe chez les socialistes, qui placeront sans doute deux des leurs dimanche, et seraient légitimés à revendiquer les Départements les plus importants. Et Sami Kanaan est sans doute quelqu’un de « cultivé », comme les trois autres d’ailleurs. Mais opérer ce transfert, ce serait passer, violemment, d’un clan à un autre. Du clan des Verts culturels (l’entourage de Patrice Mugny, où Boris Drahusak a joué un rôle capital) à celui des socialistes, dont pas mal, impatients, se pressent autour de Charles Beer, n'attendant que cette occasion pour étendre une main « active et protectrice » sur ce domaine convoité. Ils tiendraient ainsi à la fois la Ville et la part culturelle (aujourd’hui congrue, mais jusqu’à quand ?) du Canton, que Charles Beer rêve d’étendre. Les socialistes, oui, détiendraient du coup TOUS les pouvoirs culturels publics à Genève.

     

    Quels pouvoirs ? Celui de nommer. Celui de placer. Celui de copiner. Celui de favoriser financièrement. Celui d’octroyer une visibilité. Partout, dans tous les ministères du monde, partout où il y a pouvoir, plane la menace d’en abuser. C’est ainsi. C’est humain. Dans ce domaine particulièrement, le jeu des coteries est par nature plus dévastateur qu’ailleurs. Avec un radical, ou une libérale, l’un et l’autre au demeurant porteurs d’idées nouvelles, et de toute façon destinés à se retrouver minoritaires, ce risque d’emprise unique d’un clan se trouve grandement atténué. Encore faut-il, léger détail, que ce radical, ou cette libérale, soit élu dimanche. Et que le nouveau collège, dans son infinie sagesse, veuille bien lui laisser autre chose que les miettes du repas. Ce que La Fontaine, quelque part, appelle les « reliefs d’ortolan ». Cinq syllabes magiques, qui me trottinent dans l’oreille depuis l’aube de mon âge. Comme l’étincelle pestilentielle d’une poubelle, sous les ultimes rayons du couchant.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Sami, Sandrine, la Peau de l’Ours

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    Sur le vif - Mardi 12.04.11 - 10.38h

     


    « C'est, dit-il, un cadavre ; Otons-nous, car il sent. »

    Jean de la Fontaine – L’Ours et les deux Compagnons

     


    Oui, il y a eu tractations. Oui, on a déjà commencé, à gauche, à se partager le gâteau. Oui, Sami Kanaan est pressenti comme prochain ministre municipal de la Culture. Cela, bien sûr, ne relève pas du Code pénal, mais est un indice de l’arrogance de la gauche en Ville de Genève, sa certitude de placer quatre des siens dimanche, toute euphorique d’avoir face à soi la droite la plus bête du monde. Elle aurait tort de se gêner !

     

    L’animal du jour, c’est bien sûr l’Ours. J’en ai vus en liberté au Canada, c’est un être impressionnant de puissance et de fausse placidité, d’apparente balourdise, il  joue avec sa lenteur pour mieux vous surprendre par ses accélérations. Tueur qui simule la torpeur. Admirable bête, tellement humaine ! Je comprends qu’il inspire poètes, fabulistes, astronomes, spécialistes de l’héraldique. Berne, Berlin, Orsières : l’univers est une immense armoirie, un bestiaire, la politique une faune. Le pouvoir, l’illusion d’une fable.

     

    Donc, Sandrine et Sami, et sans doute Esther (pas trop gourmande), et bien sûr aussi Rémy, quoi qu’il s’en défende, ont discuté. Ils ont vu l’Ours. Ils s’en sont pourléché le poil, c’est la vie. Ils se sont noyés en arctiques pensées. Ils ont entrevu la comète, tracé des plans. L’ivresse sucrée, raffinée, du pouvoir, lorsqu’il se love en mirage, à portée de main. Tu vois le plantigrade, juste là, tu imagines déjà le trophée, l’onctuosité de la descente de lit, quelques sucs de gloire, sur ton blason.

     

    Et la meilleure, c’est que ça va sans doute marcher. Ca s’appelle « l’Alternative », et ça nous promet la plus ronronnante, la plus désespérante des continuités. Sur dix candidats, trois seuls articulent un embryon d’ambition en matière culturelle : Pierre Maudet, Florence Kraft-Babel, Soli Pardo. Non qu’ils aient nécessairement raison, mais ils ont quelque chose à dire. Ca n’est pas le cas de M. Kanaan, certes homme de valeur, mais qui, dans ce domaine-là, demeure calfeutré dans une rhétorique d’intendance et d’organigramme. On ne demande certes pas au ministre municipal genevois de la Culture de transférer tous les jours les cendres de Jean Moulin au Panthéon, ni de faire lire dans les théâtres la lettre de Guy Môquet, mais enfin un peu de vision, et pourquoi pas d’utopie, dans un domaine aussi sensiblement sublime, ne serait pas de refus.

     

    La gauche, pour quatre ans, s’apprête à se succéder à elle-même. Après vingt de règne à la tête de la Culture, elle s’apprête à continuer. Placer les siens, toujours. Juste le clan socialiste qui remplacera le clan des Verts, de quoi faire plaisir à Anne Bisang, de quoi réjouir une chapelle contre un autre. Et tout cela, déjà, toute la grise tristesse de cette continuité gestionnaire, qui serait ficelé. Moutardé. Prêt à mettre au four. Avec, juste, un peu de graisse d’ours pour faire passer la sauce. Ah, les braves gens !

     

    Pascal Décaillet