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  • Billag, ça suffit !

     

     

    Sur le vif – Et avec un masque à gaz – Lundi 06.09.10 – 16.58h

     

    Que le système d’encaissement de la redevance radio-TV par la firme Billag, en Suisse, soit paré de la transparence d’une usine à gaz polonaise à l’époque de Gomulka, cela nous le savions déjà. Mais la nouvelle tombée cet après-midi fait allègrement déborder la cuve d’hélium : 67 millions d’excédent, qui n’ont pas pu être attribués aux radios et TV privées. Dont personne ne verra la couleur avant longtemps. Et qui ne pourront pas être redistribués aux usagers ! Bref, 67 millions bloqués, pour cause de mauvaise gouvernance et de piteuse gestion.

     

    Il faut en finir avec la redevance. En finir avec cet impôt déguisé, opaque, favorisant systématiquement – jusque dans ses dysfonctionnements – le Monopole face aux courageuses entreprises privées qui essayent de produire des émissions de radio et de télévision. Elles ont tort, ces entreprises, d’accepter des miettes de cette manne-là. Elles devraient les refuser, miser sur les rentrées publicitaires en allant les quérir avec un peu d’entrain, prouver qu’on peut faire tout aussi bien – pourquoi pas mieux - avec cent fois moins de moyens. Bref, entreprendre.

     

    Le monde politique ne peut laisser sans réagir vivement la nouvelle de ces 67 millions d’excédent. Quitte à se brouiller un peu avec le Mammouth. Qui, le premier, en aura le courage ?

     

    Pascal Décaillet

     

    (Entrepreneur indépendant et brave payeur, quatre fois par an, de sa taxe Billag)

     

  • Maurice-Ruben Hayoun et la Kabbale des ploucs


    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 6 septembre 2010


    Il parle et lit une bonne dizaine de langues, dont l’hébreu et l’arabe. Avec Joseph Ratzinger, plus connu sous le nom de Benoît XVI, il entretient une correspondance en allemand. Nul, mieux que lui, n’a écrit sur l’Andalousie des Lumières. Ni sur l’intégration des juifs dans l’Allemagne du dix-huitième siècle, à l’époque de Moses Mendelssohn. Il s’appelle Maurice-Ruben Hayoun, est l’un des meilleurs connaisseurs au monde de la pensée juive. Tout le monde le demande. Sauf l’Université de Genève, qui se déshonore en l’écartant.

    Au moment où « MRH » sort un livre, préfacé par Jacques Attali, sur la Kabbale, il apprend que son enseignement, sous d’obscurs prétextes, ne sera pas reconduit. On lui retire son poste, pour aussitôt le remettre au concours ! Hypocrisie, bassesse, manque absolu de classe, et même simplement d’élémentaire culture. Incapacité à saisir le bénéfice d’image que la présence d’une telle sommité fait rejaillir sur l’alma mater genevoise.

    Il n’est pas question de laisser passer sans demandes d’explications précises la mise à l’écart de Maurice-Ruben Hayoun. L’Université de Genève tient là l’un de ses éléments les plus brillants, dont toute l’œuvre, bouleversante d’ouverture et de compétence, incarne, de Cordoue à Berlin, le dialogue des cultures. Dans ce combat-là, les médiocres, les incompétents, les pusillanimes ne doivent en aucun cas l’emporter.

    Pascal Décaillet



  • Le Graal est-il soluble dans une paire de sandales ?

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    Sur le vif - Et au son du cor - Vendredi 03.09.10 - 10.12h

     

    Invité ce matin de Simon Matthey-Doret, sur la RSR, le directeur du Grand Théâtre de Genève, Tobias Richter, déclare qu’on ne peut plus jouer Parsifal, opéra jugé trop long par rapport à l’incroyable enchevêtrement d’accords et de conventions syndicales qui interdit à une œuvre de dépasser un certain nombre d’heures.

     

    La durée d’un opéra, non plus en fonction d’une esthétique intrinsèque, mais du confort de quelques apparatchiks, avant tout célèbres, dans la Cité, par d’interminables discussions sur leur statut.

     

    Le Parsifal de Wagner est l’une des plus grandes œuvres du monde. C’est le dernier opéra du maître, un an avant sa mort. Il reprend les thèmes du Parzival de Wolfram von Eschenbach et du Perceval de Chrétien de Troyes. C’est une épopée, l’histoire d’une quête, une œuvre de respiration lente, dans laquelle il faut entrer. Et par laquelle il faut accepter de se laisser prendre. Sinon, ça n’est pas la peine. Vous nous ennuieriez.

     

    Wagnérien absolu au moment de mon adolescence, je reconnais ne plus avoir aujourd’hui ma disponibilité d’antan pour aller assister, sur place, à certaines de ses œuvres, dont Parsifal (combien de fois l’ai-je vu, naguère ?) fait partie. C’est ainsi. Ce sont mes limites à moi, celles d’une vie trop dévorée par le boulot. C’est mon problème. Pas celui de Wagner.

     

    Il y a un opéra, qui s’appelle Parsifal. Il dure un certain nombre d’heures. C’est cette œuvre-là qui doit être jouée. Dans le seul intérêt supérieur qui vaille, celui de l’élévation du public vers une création majeure, bien au-delà des différences entre 1882 et 2010, des contextes littéraires et historiques.

     

    L’élévation, oui. Les apparatchiks syndicaux en sandales, dans la seule et triste musique de leurs mégaphones, ont-ils jamais entendu ce mot-là ?

     

     

    Pascal Décaillet