Sur le vif - Et au son du cor - Vendredi 03.09.10 - 10.12h
Invité ce matin de Simon Matthey-Doret, sur la RSR, le directeur du Grand Théâtre de Genève, Tobias Richter, déclare qu’on ne peut plus jouer Parsifal, opéra jugé trop long par rapport à l’incroyable enchevêtrement d’accords et de conventions syndicales qui interdit à une œuvre de dépasser un certain nombre d’heures.
La durée d’un opéra, non plus en fonction d’une esthétique intrinsèque, mais du confort de quelques apparatchiks, avant tout célèbres, dans la Cité, par d’interminables discussions sur leur statut.
Le Parsifal de Wagner est l’une des plus grandes œuvres du monde. C’est le dernier opéra du maître, un an avant sa mort. Il reprend les thèmes du Parzival de Wolfram von Eschenbach et du Perceval de Chrétien de Troyes. C’est une épopée, l’histoire d’une quête, une œuvre de respiration lente, dans laquelle il faut entrer. Et par laquelle il faut accepter de se laisser prendre. Sinon, ça n’est pas la peine. Vous nous ennuieriez.
Wagnérien absolu au moment de mon adolescence, je reconnais ne plus avoir aujourd’hui ma disponibilité d’antan pour aller assister, sur place, à certaines de ses œuvres, dont Parsifal (combien de fois l’ai-je vu, naguère ?) fait partie. C’est ainsi. Ce sont mes limites à moi, celles d’une vie trop dévorée par le boulot. C’est mon problème. Pas celui de Wagner.
Il y a un opéra, qui s’appelle Parsifal. Il dure un certain nombre d’heures. C’est cette œuvre-là qui doit être jouée. Dans le seul intérêt supérieur qui vaille, celui de l’élévation du public vers une création majeure, bien au-delà des différences entre 1882 et 2010, des contextes littéraires et historiques.
L’élévation, oui. Les apparatchiks syndicaux en sandales, dans la seule et triste musique de leurs mégaphones, ont-ils jamais entendu ce mot-là ?
Pascal Décaillet