Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 6 septembre 2010
Il parle et lit une bonne dizaine de langues, dont l’hébreu et l’arabe. Avec Joseph Ratzinger, plus connu sous le nom de Benoît XVI, il entretient une correspondance en allemand. Nul, mieux que lui, n’a écrit sur l’Andalousie des Lumières. Ni sur l’intégration des juifs dans l’Allemagne du dix-huitième siècle, à l’époque de Moses Mendelssohn. Il s’appelle Maurice-Ruben Hayoun, est l’un des meilleurs connaisseurs au monde de la pensée juive. Tout le monde le demande. Sauf l’Université de Genève, qui se déshonore en l’écartant.
Au moment où « MRH » sort un livre, préfacé par Jacques Attali, sur la Kabbale, il apprend que son enseignement, sous d’obscurs prétextes, ne sera pas reconduit. On lui retire son poste, pour aussitôt le remettre au concours ! Hypocrisie, bassesse, manque absolu de classe, et même simplement d’élémentaire culture. Incapacité à saisir le bénéfice d’image que la présence d’une telle sommité fait rejaillir sur l’alma mater genevoise.
Il n’est pas question de laisser passer sans demandes d’explications précises la mise à l’écart de Maurice-Ruben Hayoun. L’Université de Genève tient là l’un de ses éléments les plus brillants, dont toute l’œuvre, bouleversante d’ouverture et de compétence, incarne, de Cordoue à Berlin, le dialogue des cultures. Dans ce combat-là, les médiocres, les incompétents, les pusillanimes ne doivent en aucun cas l’emporter.
Pascal Décaillet