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  • Ni la gauche, ni l’UDC

     

     

    Sur le vif - Vendredi 14.05.10 - 16h

     

    Ni la gauche, ni l’UDC. Ni la République des camarades, ceux qui ont exécuté Béglé, continuent de croire à un Etat tentaculaire, de nier le mérite de l’individu. Ni la Suisse du repli, fondée sur la mythologie d’un trop lointain treizième siècle, là où notre grande aventure républicaine a vraiment commencé en 1798, ou 1848, en tout cas dans les grands combats de la seconde partie du dix-neuvième siècle. Combats dont je ne comprends absolument pas qu’ils ne soient pas davantage enseignés dans les écoles.

     

    Ni la gauche, ni l’UDC. Entre ces deux grandes familles, il y en a tout de même une troisième, globalement composée de l’univers libéral-radical, né de 1848, et de la démocratie chrétienne, issue du double héritage du courant catholique-conservateur au moment du Kulturkampf et de la Doctrine sociale de l’Eglise (1891) de Léon XIII. Aujourd’hui, tout cela est bien lointain. Entre le PDC et le PLR, en termes de modèle de société, la feuille de cigarette est d’une minceur insoupçonnée. En 2010, entre la gauche et l’UDC, il y a vraiment l’espace pour une seule grande famille politique, avec certes ses nuances internes, mais un rassemblement. Une fédération. Dont le nom reste à inventer.

     

    Cela, je le dis depuis des années. A Orsières en 2004, à Martigny en 2005, à Saint-Maurice en 2006. Cela, sans doute, aurait dû entre entrepris depuis longtemps. Oui, cela fut freiné par les appétits des uns, les querelles d’égo des grands chefs, les calculs d’apothicaire sur le nombre de sièges au Conseil fédéral. Peu importe. C’est ainsi. On ne refait pas l’Histoire.

     

    Mais on peut, parfois, lui donner un coup de pouce. C’est ce que vient de faire Fulvio Pelli, aujourd’hui, dans une résurrection des morts dont seule la politique a le secret, en prônant le grand rapprochement des droites suisses non-UDC dans les colonnes de la NZZ. Darbellay, il y a quelques jours, l’avait précédé. Quelque chose est en train de bouger. Oh, bien fragile, à coup sûr fondé sur des considérations tactiques plus que par le vent de l’Histoire, mais tant pis, le signal est donné, il faut le saluer.

     

    Il n’est pas dénué de sel que les deux hommes qui embrassent ce combat-là soient ceux qui ont tant fait, ces dernières années, pour le freiner, les deux cantons (Valais et Tessin) ayant forgé leurs univers mentaux constituant assurément une circonstance atténuante. Cette puissance tellurique des clans, des familles, des couleurs, des fanfares, il n’est pas sûr qu’un Genevois, un Neuchâtelois, même un Lausannois puissent les saisir dans tout l’irrationnel de leur appartenance.

     

    On notera enfin qu’en ce domaine comme dans d’autres (oui, l’élévation de l’âge de la retraite), un certain Pascal Couchepin aura, avec avance, vu juste. Ni la gauche, ni l’UDC. Mais un travail commun, vers des objectifs communs, des deux grandes forces qui ont fait la politique suisse au vingtième siècle. Et qui, aujourd’hui, tout affaiblies qu’elles soient, n’en sont pas pour autant mortes. D’ailleurs, en politique, on ne meurt pas. On gît peut-être. Mais on se relève. Et on repart au combat.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • L'alibi du néant

     

    Sur le vif - Jeudi 13.05.10 - 19.36h

     

    La Libye, il y a un peu plus d’une heure, a été élue au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

    C’est une honte.

    Et c’est, aussi, la démonstration définitive, pour ceux qui, par aventure, nourrissaient encore quelque doute à ce sujet, de l’inutilité totale de cette instance.

    En ce jour d’Ascension, les Nations Unies ont plongé, la tête joyeuse et l'âme polyglotte, dans l'innocente apesanteur du néant.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Sauver Musa

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 10.05.10

     

    Jeudi dernier, 13 heures, Brasseries des Tours, Carouge. Autour d’Alain Morisod, plusieurs personnalités s’activent pour faire connaître aux passants le cas de Musa Selimi, de son épouse Nazife et de leurs deux enfants. Musa, 40 ans, employé modèle dans l’une des plus célèbres pizzerias des Eaux-Vives, en Suisse depuis 20 ans, parfaitement francophone, enfants intégrés à l’école, doit quitter notre pays le 5 juillet. Expulsion.

     

    Il y a sûrement mille raisons valables pour appliquer la loi dans toute sa rigueur. Musa est sans papiers, il y a des normes, il faut les respecter, tout cela est vrai. Seulement voilà, Musa ne doit pas partir. Parce que le départ de cet homme-là, qui a passé la moitié de sa vie dans notre pays, au point qu’il est aujourd’hui d’ici plus que de là-bas (Kosovo), qu’il y travaille à satisfaction de tous, constituerait un signal dévastateur. Des gens à renvoyer, qui sont venus chez nous pour voler ou trafiquer de la drogue, il y en a hélas, tout le monde le sait. Mais, désolé, pas Musa.

     

    Il ne s’agit pas ici de réclamer une régularisation générale. Mais de plaider pour la finesse et l’intelligence du « cas par cas ». Musa Selimi a chez nous un emploi, une dignité et une reconnaissance professionnelles, une famille, des enfants à l’école. Le renvoyer serait une honte. Je n’ai pas dit une erreur. Mais bel et bien une honte.

     

    Pascal Décaillet