Rethondes, Compiègne, Bazaine, quel mot faut-il encore pour qualifier l’attitude du Conseil fédéral, depuis dix-huit mois, en matière de secret bancaire, de bonus, de rémunérations ? Sous la pression de l’opinion publique et – plus bizarrement – sous celle du parti socialiste suisse, qui n’est pourtant pas la formation électoralement la plus impressionnante du pays, le gouvernement suisse va de capitulation en capitulation. Pour le moment, c’est encore la rase campagne. A quand la demande d’armistice ? Et pour sauver quoi ? Notre flotte ? La CGN ?
Incompréhension, oui. Voilà un gouvernement de droite (cinq ministres sur sept), appuyé par une très confortable majorité de droite portée au Parlement par le peuple souverain, en octobre 2007. Elections où le parti socialiste a reflué, passant à la baisse la barre des 20%, et où les Verts n’ont finalement pas cassé la baraque comme on aurait pu le croire : un peu moins de 10% du corps électoral. Si on y ajoute quelques divers gauches, chrétiens-sociaux, traîtres ou traîtrillons, et deux ou trois torturés de l’âme en quête extatique du Centre absolu, on arrive à une majorité de droite de deux tiers, dans la Suisse fédérale de 2007-2011. C’est, à l’exception du récent vote en Hongrie, sans comparaison sur notre continent.
Malgré cela, dans les affaires citées plus haut, le Conseil fédéral semble agir comme si Christian Levrat lui tenait un pistolet sur la tempe. Levrat, excellent politicien, maquignon, donc jamais content lorsqu’il fait son marché, histoire de laisser les enchères monter. Hier encore, suite à la décision sur les rémunérations fiscalisées à partir de deux millions, le président du PSS affichait encore la moue. Etrange législature, non, où les perdants semblent terroriser les gagnants, et où les représentants de ces derniers semblent avoir oublié le mandat qui est le leur. A ce jeu de concessions perpétuelles, non seulement la droite suisse ne gagnera aucun électeur à gauche, mais en plus elle en perdra beaucoup chez elle. Et nombre de déçus d’un radical-libéralisme complètement désorienté ne manqueront pas de se tourner vers une offre politique plus claire et plus conforme à leurs aspirations : l’UDC.
Voilà comment on perd des combats. Voilà comment on perd une législature. Voilà comment on perd une guerre. Heureusement, il nous restera la flotte. La CGN. Pour mieux nous laisser dériver dans l’insouciance d’un printemps.
Pascal Décaillet