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Uli et les chers camarades

 

 

On aime ou non Uli Windisch, on apprécie ou non ses idées, ça n’est pas ici la question.

 

La question, c’est la chasse aux sorcières dont fut victime cet homme, l’an dernier, de la part de certaines personnalités socialistes bien précises, au premier plan desquelles Christian Levrat, pour avoir publié dans le Nouvelliste, le 14 mai 2009, une chronique intitulée : « Notre ennemi : le socialisme de la démagogie et des bas instincts ». Chronique certes assassine, j’ai déjà écrit que je n’aurais pas utilisé ces mots-là, mais enfin chronique, expression libre d’une idée, dans le champ éditorial de Suisse romande, avec l’indépendance que donne le statut de chroniqueur externe dans les colonnes d’un journal.

 

J’ai lu dimanche après-midi, d’une traite, le livre*** que vient de consacrer, juste un an après les faits, le principal intéressé à sa propre affaire. Le constat, textes et documents à l’appui, est encore plus dévastateur que le sentiment qui était mien au moment des faits, où j’avais plusieurs fois pris la plume pour défendre Uli Windisch : au plus haut niveau du parti socialiste suisse, on a voulu sa peau. On a ourdi, tramé, écrit des lettres derrière son dos, mis la pression, demandé sa tête.

 

Et on a bien failli l’obtenir ! Sans la mobilisation de quelques-uns, parmi lesquels Philippe Barraud et Vincent Pellegrini, tout était prêt pour que fût offerte aux caciques du PSS, sur plateau d’argent, la tête de l’odieux importun. Ici, c’est un journaliste de la RSR (livre de Windisch, page 12) qui, aussitôt après parution du texte dans le Nouvelliste, « téléphone à l’Université pour lui demander ce qu’elle pense de la chronique, et, le cas échéant, quelles sanctions elle compte prendre à l’encontre d’Uli Windisch ». Là, c’est Christian Levrat, président du parti socialiste suisse, qui prend la plume pour demander la tête de Windisch. Ailleurs encore, c’est un député socialiste genevois qui saisit le Grand Conseil. Sans compter Stéphane Rossini, no 2 du PSS.

 

Climat typique de chasse aux sorcières, oui. Que recrée parfaitement le livre, en produisant simplement, dans l’ordre chronologique, tous ces différents documents. Il en ressort un goût amer de délation, de petitesse, d’acharnement. Contre qui ? Contre un homme, simplement, qui avait émis une opinion. Nul, chez les chers camarades, ne sort grandi de ce climat d’épuration. A commencer par Christian Levrat, dont on découvre, ma foi, une facette bien peu libérale, bien peu tolérante, plus proche de Fouquier-Tinville que de Jaurès.

 

Et encore, quand vous aurez lu certains articles de Jaurès dans la Dépêche du Midi, au moment de la montée de l’antisémitisme à Alger, dans les années 1880-1890, nous reprendrons amicalement le sujet.

 

Pascal Décaillet

 

*** "L'affaire UW", par Uli Windisch, Editions L'Âge d'Homme, avril 2010.

 

 

 

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