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  • Roger de Weck : suffira-t-il d’être brillant ?

     

    Sur le vif - Mardi 18.05.10 - 17.41h

     

    Roger de Weck, l’homme qui succédera à Armin Walpen, le 1er janvier 2011, à la tête de la SSR, est assurément un homme d’une grande valeur. Il a, notamment, dirigé le Tages-Anzeiger et l’extraordinaire journal allemand « Die Zeit », le fleuron de la presse de Hambourg. Roger de Weck est un journaliste de premier plan, l’un des meilleurs de ce pays. Mais cela suffira-t-il ?

     

    Cet intellectuel de haut vol saura-t-il être un chef ? Saura-t-il redimensionner son entreprise, dont les déficits abyssaux ont été révélés récemment? Saura-t-il faire les choix qui s’imposent, et qui passeront nécessairement pas des suppressions de programmes entiers ? Saura-t-il s’imposer face aux baronnies, aux féodalités, à la suintante lourdeur de l’Appareil ?

     

    Saura-t-il moderniser la machine, embrasser les combat des nouveaux supports, anticiper les technologies du futur ? Saura-t-il insuffler à ce vieux paquebot, dûment stipendié par cet impôt déguisé qu’on appelle « redevance », un esprit de compétition et d’entreprise? Aura-t-il, surtout, la décence de ne pas venir pleurer à l’augmentation de redevance, avant d’avoir, tout au moins, accompli à l’interne les drastiques réformes qui s’imposent ?

     

    A ce stade, un très mauvais signal : le choix du nouveau directeur a été salué par le SSM, le syndicat qui ne veut surtout rien changer à rien. Jamais.

     

    L’homme aurait-il été choisi pour ne rien déranger ? La question mérite d’être posée.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Marre d’Elmar

     

    Sur le vif - Lundi 17.05.10 - 10.16h

     

    On peut avoir été un excellent maire de Zurich et s’avérer un piètre chroniqueur. Ainsi, Elmar Ledergerber, qui se produit tous les lundis matin sur la RSR. Ne parlons pas ici de la forme radiophonique, ce français qui laisse à désirer et que quelqu’un pourrait tout de même, dans l’intérêt de l’auteur, corriger. Non, parlons du fond, et notamment de l’exécrable prestation de ce matin.

     

    Pendant une minute et vingt-six secondes, notre bon soldat socialiste, aux bonnes pensées bien pures, exécute Israël avec une systématique dans la mauvaise foi qui pulvérise l’entendement. Réquisitoire à charge, unilatéral, une minute vingt-six secondes de vomissure sur cet Etat « colonialiste », « coupable de terrorisme ». La caricature de la caricature des positions de toujours de nos bons socialistes suisses sur le conflit du Proche-Orient. Tout cela pour démontrer que l’OCDE a eu tort d’accueillir Israël comme membre, et que nous, bons et gentils Suisses, devons nous hâter de boycotter tout produit en provenance de ce pays infâme.

     

    Alors d’accord, Monsieur l’ex-maire, adieu oranges de Jaffa, si cela peut vous faire du bien, les agrumes ça pique et ça grattouille. Mais au fait, Monsieur le militant à la blanche conscience, puisqu’il vous sied de vouer aux gémonies certaines adhésions, nous serions très heureux de recueillir votre avis sur la très brillante élection de la Libye au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

     

    Peut-être un sujet pour votre prochain billet, lundi prochain ?

     

    Pascal Décaillet

     

  • La dépêche d'Ems du DIP

     

    Sur le vif - Samedi 15.05.10 - 09.32h

     

    Elle s’appelle Madame Guerrier, je n’invente pas. Elle appartient à la direction de l’enseignement primaire, à Genève, et s’est signalée récemment par l’envoi d’une circulaire qui m’a amené, cette nuit, à me replonger dans mes bouquins sur les causes directes de la guerre franco-prussienne de 1870 (passionnant !), et sur la fameuse dépêche d’Ems de Bismarck, celle qui mit le feu aux poudres, précipita deux peuples dans une guerre sanglante, au final provoqua la perte de l’Alsace-Lorraine.

     

    La dépêche d’Ems de Madame Guerrier, c’est cette circulaire dont parle André Duval, depuis quelques jours, sur son blog, et qui amenait hier matin le député radical Jean Romain à exposer, sur Radio Cité, le contenu d’une interpellation urgente au Grand Conseil. Dans cette missive, adressée à ses subalternes avec force exécutoire, Madame Guerrier décrit comme automatique le passage de 1E à 2P. Le problème (et Jean Romain n’a pas eu à se fatiguer exagérément pour aller le dénicher), c’est que le chapitre 27, alinéa 2 de loi sur l’instruction publique stipule exactement le contraire : « Le passage d’une année à l’autre n’est pas automatique » ! C’est réglé, tranché. Métallique. Net. Madame Guerrier a commis une bêtise.

     

    Bêtise ? C’est la thèse du DIP. Qui, à lire la Tribune de Genève de ce matin (Jérôme Faas), s’empresse de dédramatiser et surtout d’exonérer le ministre de toute implication possible, avec cette remarque assez ahurissante en République : « Ca n’est pas une directive, mais une note de service. Elle est donc sous la responsabilité de la direction générale, pas sous celle de Charles Beer. Il n’était pas au courant ». Dixit Bernard Riedweg, directeur du Réseau d’enseignement primaire.

     

    Que Charles Beer fût au courant ou non, nous l’ignorons. D’une manière générale, il est souhaitable qu’un ministre sache ce qui se passe dans son Département. Ou alors, si « on » le grille, il doit en tirer les conséquences. À noter, d’ailleurs, le souci de Jean Romain de ne pas attaquer le chef du DIP : mieux on s’entendra, dans cette législature qui doit être celle de l’apaisement, mieux on se portera. Ce que veut cibler le député radical et gourou fondateur de l’Arle, ce sont les « pédagos » du primaire, qui auraient essayé, via la circulaire Guerrier, de revenir par la cheminée.

     

    De fait, on conviendra que la thèse de la « distraction » est un peu énorme. La loi sur l’instruction publique, réformée par le peuple lors de la fameuse votation « sur les notes » de septembre 2006, tient en quelques lignes décisives (celles-là, précisément), dont on peut imaginer qu’une directrice de l’enseignement primaire les maîtrise dans sa tête. Donc les pistes de la provocation ou du passage en force ne sont pas à écarter d’office. Donc, l’affaire est intéressante, révélatrice d’un climat de résistances internes à la décision souveraine du peuple (76%) en septembre 2006, et ne saurait être écartée d’une chiquenaude au nom d’une erreur passagère.

     

    Dans sa dépêche d’Ems, envoyée à ses subalternes avec force exécutoire par Bismarck, le chancelier de fer déclare qu’il s’agit, par des provocations, d' « exciter le taureau gaulois ». Là, Madame Guerrier a trouvé, bien vite et à son corps défendant, son taureau gaulois. Il s’appelle Jean Romain. Il s’appelle l’Arle. Elle leur a offert, sur plateau d’or, l’occasion de se signaler avec quelque fracas.

     

    Pascal Décaillet