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  • Merci Billag

    Sur le vif - Dimanche 02.05.10 - 18.36h


    Deux millions pour gommer deux mots : « idée suisse ». Petite info sortie aujourd’hui dans le SonntagsBlick, puis confirmée par la SSR. On va enlever « idée » : un million ! On va jeter « suisse » : un million ! Il avait fallu, déjà, quelques millions, à l’époque, pour ajouter ces deux mots. Là, il en faut deux pour les ôter. C’est cher, l’écriture.

    A noter que les mots « idée suisse », dans le logo, ne s’évaporeront que pour l’extérieur. A l’interne, on les gardera. Comme « ajout à la marque ». Nous voilà rassurés.

    Ainsi, après s’être appelée « La SSR », puis « SRG SSR idée suisse », l’entreprise devient « SRG SSR ». Donc, deuxième titre le moins abominable du trio, le tout premier en date ayant été le seul à peu près soluble dans l’air. Et l’autre, à rallonge, l’une des plus ahurissantes dénominations de boîte depuis l’invention du pneu crevé et des rapports épicènes, toutes choses par ailleurs cousines dans l’ordre de l’abject.

    Des logos dont l’estampille sonore aurait été conçue pas des sourds, le visuel par des aveugles, l’impact poétique par des employés d’arsenaux, la force de frappe par des buveurs de tisane.

    Tout cela, pour quelques millions. Les millions pour écrire. Les millions pour effacer. Les millions pour réfléchir. Les millions pour se reposer de l’effort cogitatif. C’est cher, phosphorer. Merci Billag.

    Pascal Décaillet

     

  • Eric Leyvraz quitte la présidence de l’UDC genevoise

     

    Sur le vif - Dimanche 02.05.10  13.30h

    À un an des élections municipales, le président de l’UDC genevoise, l’homme au légendaire nœud papillon, le très populaire Eric Leyvraz, jette l’éponge. "Je pars de la présidence de l'UDC pour le cimetière de Peissy, je garde encore une faible marge", vient de nous déclarer, avec l'humour et la courtoisie qui sont les siennes, ce gentleman de la politique genevoise. Les raisons exactes de ce départ doivent encore être établies, mais tout le monde connaît la situation très difficile dans laquelle patauge et crapahute la section genevoise du premier parti de Suisse. Revers aux élections cantonales, bisbilles internes, appétit du MCG qui veut les manger tout crus. Toutes choses ayant conduit le chef suprême, Christoph Blocher, à venir à Genève, il y a quelques semaines, pour une remontée de bretelles faisant passer le général Massu, en comparaison, pour un animateur de macramé en sandales, sur les hauteurs du Larzac.

    Ce climat de chienlit s’accompagne, depuis plusieurs semaines, de nombreux départs : le très littéraire Soli Pardo, elliptique comme un croissant lunaire, qu’on imagine mieux à la reconquête de Fiume que dans la gestion quotidienne, a quitté la présidence, justement pour laisser la place au conciliant vigneron de Satigny ; le fidèle Eric Bertinat, qui assumait avec vigilance le secrétariat général depuis le paléolithique inférieur, s’en va aussi. Et maintenant, le nouveau président lui-même, qu’on donnait à Noël comme le seul sauveur possible. Cela commence à faire beaucoup.

    En attendant, tapi dans l’ombre, le très gourmand Eric Stauffer affûte ses appétits et se pourlèche les babines. Reste à savoir, au final, s’il lui restera beaucoup à se mettre sous la dent, la proie donnant plutôt l’impression de se désintégrer toute seule, ce qui est une version classique du suicide politique, autre thème si cher à D’Annunzio, le grand prophète du déclin, sur les bords sublimes du lac de Garde.

    Pascal Décaillet

  • Saint Jean et l’éblouissante noirceur des maudits

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    Notes de lecture - Samedi 01.05.10 - 15.40h

     

    Le livre que je viens de terminer commence par une soirée chez Cocteau en 1927 et s’achève par une causerie avec Malraux en 1971. Peu d’entre nous connaissent aujourd’hui le nom de son auteur, qui fut pourtant l’un des journalistes les plus remarqués de la fin de la Troisième, de la Quatrième, puis de la Cinquième République : Robert de Saint Jean (1901-1987) nous entraîne, dans son « Journal d’un journaliste », dans un caléidoscope de célébrités, au premier plan desquelles son ami de toujours, son « amour platonique » pendant 60 ans, Julien Green.

     

    Ce que furent l’activité journalistique de Robert de Saint Jean, ses champs d’enquête, le livre ne nous en révèle rien. Nous savons que l’auteur travailla, notamment, pour Paris-Soir, le Parisien libéré ou Paris-Match, en passant par l’hebdomadaire gaulliste Carrefour. Son labeur quotidien, dans son journal, il n’en parle pas. Ce qu’il met en avant, ce sont des noms, avant tout des écrivains, des personnalités, des « dîners » (incroyable, ce qu’on pouvait « dîner » dans ces années-là !), des rencontres.

     

    Et c’est l’Histoire de France qui défile, de Gaulle ou Pétain, Gide ou Céline, Briand, Claudel, Mauriac. L’Histoire de France, et celle de l’Europe : à plusieurs reprises, Robert de Saint Jean rencontre Mussolini, notamment en mai 1935, alors que le Duce est au sommet de sa gloire, sans doute en ce milieu des années 30 (juste avant l’expédition d’Abyssinie) l’homme politique le plus admiré en Europe. Bref, il fréquente les grands, notre homme, y prend manifestement plaisir, a bien dû se prendre, à certains moments, pour Joinville ou pour Plutarque, avec le vent de l’Histoire (celle de ces années-là) toujours prêt à vous faire tourner la tête.

     

    Et ma foi, il raconte plutôt bien. Ainsi, cette rencontre aux Invalides, le 22 octobre 1935, avec le maréchal Pétain : « Dans l’antichambre, les portraits de Condé et de Vauban dominent des rangs de chapeaux mous et des melons. Pétain : la majesté du sénat romain, avec la froideur britannique. Droit, sans embonpoint, avec un étonnant regard d’acier. La veine temporale à peine marquée. Des rancœurs, toujours plus âpres chez les vieillards, à cause du temps qui leur est mesuré ». On n’est pas très loin de certaines descriptions de l’Imperator par de Gaulle, dix-neuf ans plus tard, dans le premier tome des « Mémoires de Guerre ». Deux ans plus tôt (21 mai 1933), c’est un autre maréchal, Lyautey, que rencontre notre journaliste, chez Maurois. Un an avant la mort du « pacificateur » du Maroc.

     

    A lire. Par qui ? Par tous ! Tous ceux qui aiment se laisser porter par l’Histoire de France, ses grands esprits, ses écrivains, ses hommes d’armes, ses figures de gloire et de défaite, l’éblouissante noirceur de ses maudits. Oui, vous avez bien lui, quelques lignes plus haut : Condé et Vauban dans l’antichambre du Maréchal, aux Invalides. L’époustouflant vainqueur de Rocroi, premier prince du sang, qui combattra le Roi son cousin, et que Louis XIV finira pourtant par absoudre. Et puis, le défenseur, le fortificateur. La Ligne Maginot, trois siècles avant. A cette petite différence près : l’œuvre de Vauban, elle, tiendra. A laquelle de ces deux puissantes références le vainqueur de Verdun allait-il le plus puiser ses désirs ?

     

    A tous, excellente lecture !

     

    Pascal Décaillet