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  • LJS : décision sage et mesurée

     
    Sur le vif - Mercredi 28.06.23 - 15.00h
     
     
    Le mouvement Libertés et Justice sociale (LJS) ne présentera pas de liste aux élections fédérales. Il le fait savoir à l'instant.
     
    Décision intelligente, et assez rare pour être soulignée. Ce mouvement a fait un tabac un entrant au Grand Conseil, le 2 avril. Il a placé un Conseiller d'Etat. La tentation aurait été énorme de voir tout de suite trop loin, courir tous les lièvres à la fois, et finalement s'éparpiller. D'autres partis ont commis, ou s'apprêtent à commettre, cette erreur. En politique, il faut avoir la victoire intelligente, mesurée, retenue.
     
    Le Conseiller d'Etat soutenu par ce parti aura à gérer, dans les cinq ans, deux politiques publiques absolument essentielles : la Santé, mais aussi la Mobilité. Ce parti mise sur la politique cantonale, et le soutien à son magistrat dans ces domaines extraordinairement exposés. Il fait un choix. Gouverner, c'est choisir, dixit Pierre Mendès France, le seul homme d'Etat de la Quatrième République.
     
    A la Mobilité, par exemple, il n'y a que des coups à prendre. Plusieurs prédécesseur de l'actuel titulaire en ont su quelque chose. Quant à la Santé, l'excellente idée (à mes yeux ) de Caisse publique cantonale (que les autres partis s'apprêtent déjà à dépecer) méritera la mise en place d'immenses énergies politiques, pour devenir crédible, être prise au sérieux, emporter une éventuelle majorité.
     
    Demeurer dans la politique cantonale, pour laquelle on vient de recevoir un double mandat du peuple, parlementaire et exécutif. Savoir mesurer ses appétits. La décision de LJS est une preuve de maturité. Elle doit être saluée.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'homme qui gagne

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.06.23

     

    Il ne fait ni bruit ni ramdam, ne prétend pas refaire le monde, il agit. Thierry Apothéloz, en ce début de législature, la deuxième pour lui au Conseil d’Etat, est l’homme qui marque des points dans le collège gouvernemental. Devant le Parlement, il gagne, tout dernièrement encore avec la loi sur l’aide sociale et la précarité. Toute de lenteur et de patience, la méthode de ce vieux routier de l’exécutif impressionne par la qualité du maillage, le temps accordé à la constitution du réseau, la discrétion dans l’action politique. L’efficacité, plutôt que le clinquant.

     

    Apothéloz, vingt ans d’exécutif. Quinze ans à l’exécutif de Vernier, deuxième ville du canton, longtemps la quatrième de Suisse romande. Et puis, cinq au gouvernement genevois. Une connaissance rare, en profondeur, des Communes et des institutions genevoises. L’homme est discret, toujours aimable. Il est socialiste, et d’un ancrage viscéral, mais ne passe pas son temps à moraliser. En silence, il se fixe des objectifs, et prend le temps de les atteindre. Beaucoup de temps. Trop, disent ses adversaires, y compris à l’interne, qui auraient voulu un peu plus de mouvement dans la première législature. Lui patiente, et laisse mûrir.

     

    Ainsi, dans ce gouvernement de droite, face à un Parlement de droite, voici un ministre de gauche, fort bien réélu, qui fait son boulot, ne se laisse pas démonter, n’élève pas la voix. Et réussit à avancer. On partage ou non ses convictions. Mais la méthode est redoutable. Et pourrait servir d’exemple.

     

    Pascal Décaillet

  • Être entrepreneur : solitude et responsabilité

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.06.23

     

    Avoir une entreprise à soi, sous certains aspects, c’est rien que des emmerdes. Du souci, 365 jours par an. Tu es seul, par exemple, après avoir eu l’honneur et la joie d’avoir eu des employés, plusieurs années. Tu es seul, tu fais tout toi-même, parce qu’au fond, tu n’as jamais rien su déléguer. Jamais voulu. Jamais pu, c’est plus fort que toi. Tu n’as confiance qu’en toi-même, c’est une limite évidemment, une immense lacune, mais c’est ainsi, on ne refait pas la nature des gens. C’est très orgueilleux : tu considères que le boulot ne sera bien fait, dans ses finitions, que si ça vient de toi. C’est évidemment faux, objectivement, plein de gens sont très qualifiés, tu le sais avec la tête, mais ton bide te dit de t’en passer.

     

    Tu fais tout toi-même, parce que tu te sais capable du meilleur comme du pire. Pour le meilleur, tu te féliciteras, pour le pire tu te passeras une monumentale bordée. A toi-même ! C’est pas loin de la folie, la part de parano y est immense, ai-je bien fermé la porte du bureau en partant, les fenêtres, éteint les ordinateurs ? De l’extérieur, tu passes pour un cinglé de première, un vieux maniaque, vermoulu de petites habitudes, qui te rongent de l’intérieur, comme un nid fébrile d’aiglons affamés. Tu ne penses qu’à une chose : accomplir la mission. L’intendance ? Non seulement tu ne la sous-estimes pas, mais elle est capitale ! Correspondance, réseau, collecte d’informations, qualité des renseignements recueillis, comptabilité, ménage. Pour ma part, j’adore cette routine, lui accorde autant d’importance qu’aux actions visibles.

     

    Cette valorisation des actes simples, basiques, présente un avantage : elle t’amène à un immense respect pour tous les métiers du monde, à commencer par les plus ingrats, les plus modestes. Tu parles à tous de la même manière, au nettoyeur comme au grand patron. Tu considères les humains comme égaux. Tu n’établis aucune hiérarchie en fonction de la condition sociale. Tu respectes toute personne accomplissant un boulot pour gagner sa vie, entretenir les siens. Du travail, tu as gardé la veille conception biblique, héritée de la Genèse, lorsqu’il faut quitter le Paradis : « la sueur de ton front ». Mais ton boulot, tu l’aimes, toi, tu t’y réalises. C’est plus facile que pour une tâche physiquement éreintante, et mal considérée. Pour cela, oui cette jouissance par le labeur, tu es un privilégié.

     

    Tu es seul, mais avec tes partenaires tu dois entretenir la confiance. Dans le monde du travail, elle est essentielle. Respect mutuel, tenir les délais, qualité des finitions, sens tout helvétique de l’exactitude. Là aussi, c’est la base : tu n’inventes rien, tu ne refais pas le monde, tu ne prétends par révolutionner l’univers de l’entreprise avec des mots de snobinards de cocktails, comme « start-up ». Non. Tu fais le boulot. Tu y prends du plaisir. Tu accomplis ta mission.

     

    Pascal Décaillet