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  • Un homme d'Etat

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    Sur le vif - Vendredi 27.04.18 - 18.39h
     
     
    Ma première rencontre avec Christian Grobet date de 1978. J'avais vingt ans, je rédigeais des piges pour le Journal de Genève, qui m'avait envoyé couvrir une causerie, aux Pâquis, sur "le rôle des partis politiques". Le représentant des socialistes était le député Grobet.
     
     
    Quelques années plus tard, journaliste à plein temps au même Journal de Genève, j'ai tant de fois couverts ses conférences de presse sur les différents chantiers qu'il ouvrait pour le canton.
     
     
    Christian Grobet fut, de 1981 à 1993, un grand conseiller d'Etat. Ses positions politiques, ses choix, on les partage ou non, bien sûr. Mais en toutes choses, il roulait pour l'Etat, il avait en lui la dimension d'Etat. Il y a eu André Chavanne, il y a eu Christian Grobet, il y a eu Guy-Olivier Segond.
     
     
    Après une carrière politique exceptionnelle, entamée en 1967 sur les bancs du Conseil municipal, cette figure de notre République tire sa révérence, tout au moins de la politique élective.
     
     
    Pour l'avoir connu dans ses années d'ascension, puis de plénitude dans le pouvoir ou dans l'opposition, pour avoir observé ces quarante ans (depuis 1978, pour ma part) de militantisme, de rectitude, de service à la République, je rappelle ici ce que j'ai maintes fois dit : voilà une très grande figure, une vie entière consacrée aux choses de la Cité. En trois mots comme en mille, cela s'appelle un homme d'Etat.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Triple menton et triporteur

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    Commentaire publié dans GHI - 25.04.18

     

    L’élection d’un nouveau Parlement, pour cinq ans, donne aux citoyens l’illusion d’un printemps : la vie est belle, les jours s’allongent, et la nature est là, qui nous invite et nous aime. C’est chaque fois la vie qui recommence, la sève qui monte, l’arrivée de quelques jeunes comme l’aube d’un nouveau monde.

     

    Soit. Mais l’Histoire est tragique. L’amorce d’un progrès, et déjà le reflux. Démarche de crabe, sans cohérence, quelque chose du discours d’un fou, dont parle Shakespeare. D’autant que les nouveaux, pour la législature 2018-2023, ne sont pas légions : dans certains partis, on s’est contenté de reprendre les mêmes. L’innovation, par l’archaïsme.

     

    Et puis, chez nos bons éditorialistes, on s’est précipité à saluer un « retour aux équilibres, ou aux « partis traditionnels », ce qui, en passant, en dit long sur la puissance mentale révolutionnaire qui règne dans la presse romande. On leur fourguerait du Louis XVIII, avec perruque, triple menton et triporteur, ils en glapiraient d’extase.

     

    Je prends ici un pari. Celui que la prochaine législature trimbalera les mêmes antagonismes de classe que ceux de la précédente : imposition des entreprises, caisse de pension des fonctionnaires, logement, coûts pour se soigner. Il y aura une gauche, il y aura une droite. Et il y aura toujours le MCG, plus maigre mais plus cohérent, pour arbitrer, à commencer par son conseiller d’Etat. Et la vie continuera ! Et les ultimes Bourbons, entre deux fatigues patriciennes, continueront de roter leur arrogance. Pour cinq ans. Ou pour l’éternité, nous verrons.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Tropisme du Levant

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    Sur le vif - Mercredi 25.04.18 - 16.42h

     

    Je n'utilise jamais le mot "l'Occident". Ce dernier présuppose une agrégation d'identité, de valeurs, de culture, entre nos pays d'Europe et le monde anglo-saxon, principalement les États-Unis d'Amérique. Et cette communauté serait plus importante que ce qui nous relie à l'Orient. Je n'en crois rien.

     

    L'Orient, ça commence avec les Balkans. Puis surtout la Grèce, dont j'ai commencé à étudier la langue en 1971. Puis la Bulgarie, la Turquie, le Proche et le Moyen-Orient. On peut aller ainsi jusqu'à l'Iran, voire jusqu'à l'Indus, comme Alexandre.

     

    Je suis allé maintes fois en Grèce, et pas seulement sur les sites touristiques. J'arrive à comprendre ce que raconte le journal Ta Nea, j'ai la chance de lire Homère dans le texte.

     

    Je suis allé souvent dans les Balkans, au Proche-Orient, en Afrique du Nord. Je m'y sens bien. Comme en Italie. On y respire l'Histoire, les strates de civilisation, les guerres et les traités, les arts, la richesse plurielle des religions.

     

    Le ville que je préfère, plus encore que Rome, c'est Jérusalem, la Vieille Ville surtout, du côté de la Porte de Damas. Chrétiens, Juifs, Musulmans, millénaires d'Histoire, couvents arméniens, inscriptions syriaques, géorgiennes, coptes : l'immensité du monde, à livre ouvert.

     

    Dans ces conditions, sans avoir rien contre le Nouveau Monde, je ne vois pas pourquoi je m'afficherais particulièrement d'une appartenance à "l'Occident", alors que tout (à part ma fascination pour l'Allemagne) me porte, ou plutôt me transporte, vers l'Orient compliqué.

     

    Dire "l'Occident", c'est accepter comme fait accompli la vision de coupure du monde en deux que certains, notamment du côté américain, veulent nous imposer. On se souvient de l'ahurissant "conflit de civilisations" de l'entourage de George Bush Junior, pour nous faire avaler en 2003 la pilule de la catastrophique expédition militaire en Irak.

     

    A mes amis de Grèce, de Turquie, du Proche-Orient, de l'Iran, et tous les autres, j'adresse mon fraternel salut.

     

    Pascal Décaillet