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  • Amitiés aux Hongrois de Genève !

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    Commentaire publié dans GHI - 11.04.18

     

    Les Hongrois ont voté, dimanche 8 avril, pour leurs élections législatives. Au parti du Premier ministre Viktor Orban, ils ont très largement accordé leur confiance. L’homme fort de Budapest part donc pour un troisième mandat.

     

    Orban gagne les élections, et immédiatement, chez nos éditorialistes de Suisse romande, que se passe-t-il ? On essaye d’abord de minimiser l’ampleur de la victoire, dans la soirée de dimanche. La nuit passée, les chiffres étant là, on nous dit que les Hongrois ont mal voté, qu’ils n’étaient pas informés des vrais enjeux, que ce scrutin éloigne encore un peu plus leur pays de l’Union européenne.

     

    Bref, on traite les citoyennes et citoyens de Hongrie, qui sont pourtant adultes et vaccinés, vivent sur place, et connaissent autrement mieux que nous les problèmes de leur pays, comme de parfaits demeurés. Des êtres qui n’auraient rien compris aux intérêts supérieurs de leur propre nation.

     

    Quelle arrogance ! Quelle morgue ! Quel mépris ! Qui sommes-nous, pour oser venir faire la leçon au corps électoral souverain d’une nation libre d’Europe ? Quelle connaissance aurions-nous de leurs problèmes, qui seraient meilleure que celle des Hongrois eux-mêmes ? A cette méthode, détestable, j’en propose une autre : j’adresse ici mon amical, mon fraternel salut à tous les Hongrois de Genève, auxquels nous lient 62 ans d’une amitié indéfectible. Je leur dis que leur pays est souverain. Et que, dans tous les cas, nous respectons ses choix.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les tweets et l'Orient compliqué

     

    Sur le vif - Jeudi 12.04.18 - 08.13h

     

    Les États-Unis d'Amérique n'ont strictement rien à faire dans un Orient compliqué auquel ils n'entendent rien, si ce n'est soutenir inconditionnellement le même acteur, depuis exactement 70 ans.

     

    Si l'Europe existait, c'est cela qu'elle devrait leur dire, avec une fermeté d'acier. Dans cette Europe, il y a une nation, qui s'appelle la France. Sous Mendès France, sous de Gaulle, sous Chirac encore, elle entretenait avec le monde arabe une longue et fidèle tradition de relations, avec une vraie diplomatie, reposant sur l'intelligence, la connaissance historique et la culture. Une relation vieille de plus de deux siècles : j'en parlais avec M. Boutros-Ghali, que j'ai eu plusieurs fois l'honneur d'interviewer, on peut la remonter à l'expédition d’Égypte de Bonaparte, en 1798.

     

    Puisse la France ne pas suivre aveuglément Washington et ses faucons, toujours les mêmes, toujours au service du même lobby, dans l'aventure militaire qui se profile hélas comme imminente.

     

    Quant à la Russie, elle entretient avec le Proche-Orient des liens autrement plus fondés et séculaires que ceux des États-Unis, puissance transatlantique, située à des milliers de kilomètres d'un théâtre d'opérations dont elle méconnaît crassement les équations historiques et culturelles.

     

    Washington - ou plutôt New York - ne s'intéresse à cette région du monde que pour soutenir sans faille le 51ème État américain. C'est un peu juste, comme vision, au milieu d'un monde arabe aux mille racines, avec son infinité de feuillages entremêlés, auxquels les missiles ne changeront rien.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Soixante-huitards, passez votre chemin !

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    Sur le vif - Mercredi 11.04.18 - 09.23h

     

    C'était à prévoir, mais déjà ça dépasse tout : à l'approche du cinquantenaire de Mai 68, la vieille garde - encore vivante - des nostalgiques remplace évocation par célébration, substitue le panégyrique à l'Histoire, bref elle fait ce qu'elle a toujours fait : elle rêve à voix haute.

     

    Profitez bien, mes agneaux : c'est la dernière fois. Dans dix ans, pour le soixantième, le vent de l'Histoire aura passé. Ces leviers de pouvoir, pour régir les consciences, auxquels vous vous accrochez avec tant de véhémence, désespérée, vous les aurez lâchés. On ne pourra pas, indéfiniment, nous balancer l'infâme Cohn-Bendit sur les plateaux TV, comme cela, avec tant de mielleuse complaisance, se fait encore aujourd'hui.

     

    Soixante-huitards, passez enfin votre chemin. Laissez-nous, sans vous, renouer, par la culture, le lien avec les ancêtres, et le transmettre à nos enfants. Laissez-nous, face à nos monuments aux morts, la mémoire de nos aïeux, la part meurtrie de nos rêves à nous, qui ne sont simplement pas les vôtres. Laissez-nous avec la Grèce antique, l'Allemagne du Sturm und Drang, le Dictionnaire des Frères Grimm, la Bible de Luther, le Lübeck de Thomas Mann, les inflexions souabes de Hölderlin et Brecht, lorsqu'ils s'attaquent à Sophocle.

     

    Laissez-nous face au mystère de la musique. Laissez-nous, pétris de vie et de mort, face à Haendel, Rameau, Beethoven, Brahms, Wagner ou Bartók.

     

    Laissez-nous, dans l'usage de la grammaire, la connaissance des repères, l'exercice et l'empire de la mémoire.

     

    Et vous, soixante-huitards, passez votre chemin. Célébrez, entre vous, ce demi-siècle, dans l'encens de vos illusions. Vous, qui avez voulu casser toute transmission, faire table rase du passé, laissez-nous transmettre, laissez-nous communier dans l'universelle mémoire des hommes et des femmes.

     

    Et surtout, s'il vous plaît, passez votre chemin.

     

    Pascal Décaillet