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Liberté - Page 899

  • UDC - PLR : un adverbe pour la réconciliation

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    Sur le vif - Dimanche 06.12.15 - 17.09h

     

    « Unilatéralement ». C’est l’adverbe qui a frappé, vendredi, tout observateur avisé de la politique suisse, je l’ai déjà relevé dans mon commentaire, le jour même. L’idée que le Conseil fédéral puisse, le cas échéant (si aucun accord « à l’amiable » n’intervient avec Bruxelles), mettre en œuvre « unilatéralement » une politique migratoire suisse, choisie par la Suisse, dans l’intérêt supérieur de la Suisse, fait du bien à entendre de la part de M. Burkhalter, qu’on a connu, disons, plus prudent et plus gentiment multilatéral dans ses tonalités.

     

    Cet adverbe est à double usage. Externe : il signifie à l’Union européenne que la Suisse en a assez de se faire mettre sous pression par une instance dont elle n’est même pas membre. Il pose notre pays, face à l’Europe, comme ce qu’il est : un Etat souverain, qui définit lui-même ses orientations politiques, y compris dans le registre migratoire. Et puis aussi, bien sûr, une finalité interne : « unilatéralement », c’est un mot qui sonne plus UDC que PLR, le Conseil fédéral fait de la politique, il tient compte du message délivré par le peuple lors des élections fédérales, le 18 octobre dernier. Il aurait tort de ne point le faire : on ne construit de bonne politique qu’à partir des réalités.

     

    « Unilatéralement » : et si nous avions là l’adverbe qui pourrait marquer un début de réconciliation, voire de rapprochement, entre les deux grandes composantes de la droite suisse, l’UDC et le PLR ? Car enfin, il faut être bien jouvenceau, bien novice, dans l’observation de la vie politique de notre pays, pour ne vouloir voir qu’antagonismes entre ces deux partis. Le faire, c’est se rendre captif des psychodrames de caractères des deux coqs de la législature 2003-2007 qu’étaient, dans la même basse-cour, Christoph Blocher et Pascal Couchepin. Ou encore, pour prendre un antagonisme autrement plus sérieux, plus fondamental, demeurer prisonnier du fabuleux combat des chefs de 1992, entre Jean-Pascal Delamuraz (un homme d’Etat) et Christoph Blocher. Conflit tranché, dans le sens qu’on sait, par le peuple et les cantons, il y a 23 ans, jour pour jour.

     

    J’invite le lecteur à chausser d’autres lunettes pour considérer, depuis 1929 (Minger, premier UDC au Conseil fédéral) jusqu’à aujourd’hui, plus de 85 ans de coexistence Radicaux-UDC au sein du gouvernement de notre pays. On y trouvera infiniment plus de convergences que de différences. Bien sûr, le parti de Minger est plus proche du secteur primaire, agricole notamment, il veut davantage cadrer et diriger la condition économique de nos paysans, jusqu’au protectionnisme. De leur côté, les radicaux poussent à fond, depuis 1848, les secteurs de l’industrie d’exportation. Le rapport à la patrie n’est pas le même, non plus : émotif, instinctif, chez les uns (UDC), éclairé par les Lumières de la Raison (Vernunft) chez les autres (radicaux), partisans du Freisinn, ce mot très fort de la philosophie politique allemande, qui nous renvoie à la fois au libre arbitre et à la responsabilité individuelle.

     

    Mais enfin, avant que les relations PLR-UDC ne se détériorent à partir du titanesque combat de 1992, ces deux partis, avec aussi le PDC, se complétaient admirablement pour composer, dans leur diversité, les gammes de couleurs de la droite suisse. Aujourd’hui encore, à part la question, certes fondamentale, de notre politique migratoire, le champ qui réunit UDC et PLR est infiniment plus vaste que celui qui les sépare. Dans ce contexte, l’usage de l’adverbe « unilatéralement », par le Conseil fédéral vendredi, peut être interprété comme une amorce de main tendue aux vainqueurs du 18 octobre 2015. De la part de M. Burkhalter, c’est habile : c’est avec cette majorité-là, nettement renforcée du côté de la droite souverainiste, qu’il faudra vivre pendant quatre ans.

     

    Je répète enfin ce que j’ai annoncé ici avant-hier, juste après la conférence du Conseil fédéral : je ne ferai pas partie des ultras qui, parce que le gouvernement emprunte (assez maladroitement) à la droite économique et patronale, le mot « clause de sauvegarde », refuseraient impulsivement la main que je crois ici tendue. Parce que les enjeux ne sont pas seulement ceux d’une solution à trouver, au sein de la droite suisse, à l’affaire du 9 février 2014. Non, ils vont beaucoup plus loin : en instaurant, peut-être, après l’ère des psychodrames Blocher, une RELATION APAISÉE entre PLR et UDC, une nouvelle tonalité de dialogue, on se dit que cet adverbe, décidément, pourrait marquer un tournant. En filigrane de l’élection de mercredi matin, bien au-delà de savoir qui sera élu, dans le trio ou hors du trio, c’est bien là, l’enjeu structurel des prochaines années : apaiser, normaliser les relations entre deux grands partis de la droite suisse. Qui sont assurément différents, et le resteront. Mais ont sans doute mieux à faire que de se chercher noise à longueur d’année, pour le plus grand bonheur d’un adversaire commun qui s’en frotte les mains.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • C'est quoi, Papa, une "clause de sauvegarde" ?

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    Sur le vif - Vendredi 04.12.15 - 16.40h

     

    D’abord, parlons français. Et soyons clairs. « Clause de sauvegarde », pour 99% des gens, c’est du jargon. Donc, ils ne comprennent pas. Soyons clairs, et le Conseil fédéral, aujourd’hui, le mérite : ce qu’il a annoncé, comme suite à donner au 9 février 2014, il n’a pas à en rougir, ni à le camoufler derrière une terminologie juridique.

     

    Une clause de sauvegarde, cela signifie que dans certains cas, une partie peut ne pas respecter un accord. Parce que des éléments d’exception seraient intervenus, mettant en péril des points fondamentaux. C’est un langage d’assureurs. Ou de juristes. Mais ça n’est pas le langage de la population.

     

    Soyons clairs, parce que l’affaire du 9 février n’appartient ni aux juristes, ni aux clercs, ni à quelques hauts fonctionnaires de l’Administration fédérale, ni au Secrétaire d’Etat, ni à M. Burkhalter. Elle nous appartient à tous, nous les quelque cinq millions de citoyennes ou citoyens de ce pays. Parce qu’elle est liée à une initiative populaire, qui a fait l’objet d’un vaste débat dans le pays, et qui a été tranché, par un oui du peuple et des cantons.

     

    Par respect pour le corps électoral de ce pays, ceux qui ont voté oui, mais aussi ceux qui ont voté non, bref, tous ceux qui ont fait l’effort de s’intéresser au sujet, et ont voté le 9 février 2014, nos autorités d’application nous doivent la clarté.

     

    Le message du Conseil fédéral, cet après-midi, où il esquisse les suites à donner à la décision populaire, est-il clair ? Il aurait sans doute pu l’être davantage, mais franchement, il en émerge un ou deux éléments politiques forts, aisément discernables, c’est cela qui compte.

     

    L’essentiel, c’est que le gouvernement de notre pays, face à une situation difficile et tendue (à l’intérieur du pays comme avec l’Union européenne), nous dit ce qu’il veut faire. Surtout, il nous dit qu’il le fera de toute façon, soit en vertu d’un « accord à l’amiable » avec Bruxelles, soit unilatéralement. Citoyen de ce pays, attaché à sa souveraineté, cet adverbe, « unilatéralement », me plaît. Venant de la part de M. Burkhalter, qui fait preuve ici de ductilité et d’intelligence, il inaugure une nouvelle ère terminologique : on ne parle plus de « négociations » avec l’UE, on veut bien un « accord à l’amiable ». Mais s’il n’y en a pas, la Suisse appliquera « unilatéralement », sur la gestion des flux migratoires, ce que son souverain (le peuple et les cantons) lui a demandé, le 9 février 2014, d’appliquer.

     

    Un langage nouveau, oui, de la part du Conseil fédéral. On sent que le 18 octobre 2015 est passé par là. Et que par rapport à l’opinion publique suisse, il ne sert à rien de contourner, jouer au plus fin. Sans doute, du côté des partisans de l’initiative du 9 février 2014, certains ultras regretteront, dans les heures ou les minutes qui vont suivre, que le gouvernement n’aille pas encore plus franchement dans leur sens. Ou qu’il reprenne servilement un vocabulaire, « clause de sauvegarde », imposé par un patronat suisse qui, en effet, a tout récemment utilisé ces mots-là.

     

    De ces ultras, je ne veux pas faire partie. En disant, fort clairement, qu’avec ou sans « l’accord à l’amiable », il élaborera, ENTRE SUISSES, les termes permettant à notre pays de gérer les flux migratoires en respectant la volonté populaire du 9 février 2014, le Conseil fédéral inaugure un nouveau langage. Ou, tout au moins, comme dans un jeu d’orgues, il donne à son discours une nouvelle tonalité. Oui, la possibilité qu’il agisse « unilatéralement » me plaît. J’aime l’entendre. Cela correspond à toute la conception qui, depuis toujours, est mienne, quant à la souveraineté des nations. Mais aussi, ma méfiance viscérale du supranational. Comme je ne suis apparemment pas le seul citoyen de ce pays à voir les choses ainsi, je me sens, aujourd’hui, en tout cas dans l’ordre des mots, un peu mieux compris par le gouvernement de mon pays.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Halte au climato-matraquage !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.12.15

     

    Suis-je un climato-sceptique ? Je n’en sais rien. Mais une chose est sûre : quand bien même en serais-je, j’en aurais parfaitement le droit, et nul n’aurait à m’imposer son dogme. Une autre aussi, certaine : l’ampleur du tintamarre médiatique qui accompagne la Conférence de Paris apparaît déjà comme insupportable.

     

    Non seulement, on se dit que la France, pays récemment meurtri dans sa chair par le tragique de l’Histoire, aurait peut-être, ces jours, un autre usage à faire de ses dizaines de milliers de policiers, que de les envoyer protéger au Bourget les grands de ce monde, venus pérorer. Mais en plus, la systématique ouverture, chez nous, à la SSR, de tous les journaux, tous les flashes, dès le lundi 30 novembre, pour nous parler du climat à Paris, a de quoi taper sur les nerfs.

     

    Non que la question climatique ne soit pas essentielle, j’en conviens volontiers. Mais là, ça n’est plus le climat, la question : c’est le rabâchage. Le martèlement. La propagande. On nous assène, d’en haut, un dogme du convenable. Le mettre en doute, ou tout au moins le questionner, le passer au filtre de la critique, de l’exercice de la raison, sont déjà interdits ! Et cela, désolé, aussi important soit l’enjeu intrinsèque, ça n’est pas, entre citoyens responsables, une démarche convenable.

     

    Comme nous tous, je tiens à ma planète. Je suis prêt à entendre les discours sur ce qu’il faut faire. Mais pas comme cela. Pas avec cette obligation d’adhérer. Relayée de façon insensée, comme un incantation de tamtams, par certains médias qui doivent justifier leurs envoyés spéciaux. A cela, au risque de déplaire, je dis non.

     

    Pascal Décaillet