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Trump : le week-end noir de la presse romande

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Sur le vif - Dimanche 22.01.17 - 16.06h

 

Trois jours entiers, passés à vomir sur un homme. Vendredi, samedi, dimanche. Trois jours à déverser son fiel sur le nouveau locataire de la Maison Blanche, entré en fonction vendredi, 18h. Trois jours, pour couronner des mois de démolition systématique du candidat, puis du Président élu. Contre le candidat, on encensait sa rivale, Mme Clinton. Comme l’élu, on chantait le panégyrique de son prédécesseur, Barack Obama, l’élégant danseur. Mais là, ces trois derniers jours, la hargne versée sur le nouveau Président a littéralement dépassé toutes les bornes. A la RSR, au Temps, à la Tribune de Genève, au Matin dimanche, Donald Trump fut constamment conspué, insulté, vilipendé, sans que jamais la parole ne fût donnée à ses défenseurs. Week-end noir. Week-end de la honte pour la presse romande. Pour la pluralité d’expression en Suisse romande.

 

Au matin de l’intronisation, le rédacteur en chef de la Tribune de Genève nous gratifiait déjà d’un édito en forme de démolition systématique d’un homme qui n’avait même pas encore commencé à exercer le pouvoir. On aurait cru lire le service de presse du Parti Démocrate, dont les représentants ont tant d’influence, dans le petit monde qui gravite, comme une armada d’éphémères, autour de la « Genève internationale ». On pense démocrate, on respire démocrate, on danse démocrate, on se nourrit des grands journaux démocrates et cosmopolites de la Côte Est, ceux qui ont eu la peau de Richard Nixon, pas uniquement pour des motifs de politique intérieure, en août 1974.

 

Quelques heures plus tard, l’intronisation elle-même. Je vous passe les commentaires de la plupart de ceux qui en rendaient compte en direct, où la plus extrême des perfidies le disputait à la pire des mauvaises fois. Le lendemain, samedi, édito du Temps, titrant sur un « discours populiste et de repli », passant au napalm le nouveau Président, quelques heures à peine après son entrée en fonction. On aurait cru lire, là, le service de presse de M. Soros. Le Temps, quotidien démocrate de la Côte Est, édité par la Côte Est, porte-parole de la mondialisation vue par la Côte Est, du clan Clinton, de Barack Obama, de Mme Obama, il ne manque plus à ce journal que prendre son siège social à New York, et nous livrer ses articles directement en anglais, la langue du Maître.

 

Mais le sommet de l’hystérie anti-Trump, pendant ces trois jours qui furent comme une Passion de noirceur et de haine, c’est la RSR qui l’a atteint. Dans le 12.30h de samedi, on nous annonce dans les titres que « Donald Trump met sa première menace à exécution ». Diable, qu’a-t-il fait, le forcené ? Réponse : il s’est permis de tenir sa parole de candidat en entamant le retour sur l’Obamacare. Bref, il a juste pratiqué l’alternance démocratique pour laquelle il a été élu. RSR toujours, samedi 18h : gros plans sur les manifestations anti-Trump, nulle parole donnée aux partisans du Président, non, uniquement à la représentante des Démocrates à Genève. Les Démocrates, les Démocrates, toujours les Démocrates.

 

RSR enfin, troisième exemple : dans le 12.30h de ce dimanche, Trump traité de successivement de « menteur », et de « criminel ». Un « chercheur en sciences sociales » pour l’attaquer, puis une philosophe pour juger « criminelle » sa supposée politique climatique. Tout cela, sans la moindre contradiction, ne serait-ce que dans les questions, de la part des intervieweurs, et surtout sans le moindre invité pro-Trump, dans le journal.

 

Le record ? Il a été atteint par le Matin dimanche, en pleine et perpétuelle guerre des sexes, qui ose titrer, sur toute la première page : « Un mâle au pouvoir ». Imaginez, en cas d’élection de Mme Clinton, un quelconque journal osant « Une femelle au pouvoir ». Assurément, un tel journal devrait, sous l’hystérie des huées, présenter des excuses sans tarder.

 

A l’heure où j’achève de rédiger ces lignes, dimanche 16.06h, c’est un week-end de honte pour la presse romande qui se termine. Cette presse, pendant les quatre ans qui viennent, va continuer de s’en prendre systématiquement, avec acharnement, à cet homme qu’elle ne peut tout simplement pas supporter. Il est impératif de l’équilibrer par l’émergence, puis la montée en puissance, d’une autre presse en Suisse romande. Qui, sans défendre systématiquement M. Trump, puisse illustrer les grands thèmes que sont, par exemple, le protectionnisme économique et la volonté très ferme de réguler les flux migratoires. Faute de ce contre-pouvoir, c’en est fini de la diversité d’expression, en Suisse romande.

 

Pascal Décaillet

 

 

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