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Liberté - Page 1348

  • Mourir, et mériter sa mort

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 01.12.10

     

    En cette fin 2010, et à l’horizon des élections fédérale d’octobre 2011, il y a clairement trois grandes familles politiques en Suisse : un tiers de gauche, un tiers de centre-droit, un tiers d’UDC. Galvanisé par sa victoire de dimanche, sur un thème qu’il a traité seul avant tous les autres, le parti de Blocher a désormais les moyens de passer, l’an prochain, la barre des 30%. Si c’est le cas, il sera légitimé à occuper aux affaires une place dont il a été dépossédé par le pronunciamiento du 12 décembre 2007.

     

    Oui, le maelström de dimanche ne marque pas seulement la défaite – une de plus – de la gauche, mais surtout celle de la droite qui a fait le pays, d’un côté l’univers libéral-radical, issu des Lumières et des valeurs républicaines, de l’autre son ancien ennemi du Sonderbund, la profondeur tellurique de la Vieille Suisse, les conservateurs, aujourd’hui appelés PDC (je préférais le courage de l’ancien mot). Depuis longtemps, ces deux composantes-là ont à peu près tout en commun, elles s’amusent simplement à se jouer et se rejouer l’Histoire du Sonderbund, quand les adversaires s’appellent la gauche ou l’UDC.

     

    Le problème, c’est que même réunis au plan fédéral, ces deux univers ne totalisent plus guère qu’un tiers de l’électorat. D’autant plus fragilisé que se multiplient, à Berne, les « alliances malsaines », gauche-UDC, pour les prendre en tenaille. Depuis des années, le centre-droit ne prend plus d’initiative propre, mais s’est spécialisé dans l’art suiviste du « contreprojet » aux impulsions données pas l’UDC. Pire : à l’exception d’un Christophe Darbellay, on peine à entrevoir, à Berne, l’émergence d’une vraie figure nationale issue de ce monde de notables tranquilles, courtois, cérébraux, tout heureux de célébrer la « complexité » des choses, là où l’UDC serait simpliste, populiste, brutale.

     

    Oui, la graine d’hommes d’Etat fait défaut. Les Delamuraz, les Couchepin, les Furgler, ceux qui, au-delà des idées, se définissent par une « dimension d’Etat ». Si le centre-droit, en Suisse, doit un jour mourir, pour laisser la place à un univers bipolaire, c’est aussi à cette absence de relève qu’il le devra. Et ni Didier Burkhalter, ni Johann Schneider-Ammann, notables ennuyeux et grisâtres, ne donnent l’impression de parer à l’inéluctable de cette vacance.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Pardo s'empare du Mossad !

    After eight years as head of the Mossad, Meir Dagan will step down in the coming weeks after Prime Minister Binyamin Netanyahu on Monday announced the appointment of Tamir Pardo as the next head of the espionage agency.

    The announcement ended weeks of speculation as to who would succeed Dagan.

  • L’original, la copie

     

    Sur le vif - Dimanche 28.11.10 - 18.46h

     

    La victoire de l’initiative UDC sur le contreprojet est celle, classique en politique, de l’original sur la copie. Le thème de la criminalité étrangère a été empoigné dès les années 1990 par l’UDC, par l’UDC seule, par l’UDC contre tous. En ce temps-là, la gauche, déjà, criait au fascisme. Mais pire : les partis dits de « centre-droit », libéraux, radicaux et PDC, faisaient semblant de ne pas voir le problème. Ils savaient bien, pourtant, qu’il en existait un, mais ne voulaient pas salir leur costume trois-pièces de notables dans la fange de ce caniveau-là.

     

    Sur ce thème, comme sur pas mal d’autres, ce « centre-droit qui a fait la Suisse » est devenu, dans les quinze dernières années, le champion toutes catégories du contreprojet. Plus nuancé, à coup sûr, plus atténué, plus « présentable » dans un salon que les textes bruts de décoffrage du premier parti de Suisse. Le problème, c’est qu’un contreprojet, aussi achevé soit-il, c’est déjà le suivisme. C’est déjà la politique par le rattrapage. C’est la copie, face à l’original. Le peuple suisse n’est pas dupe : tant qu’à faire, il choisit l’original.

     

    La vérité, c’est que « le centre-droit qui a fait la Suisse » ne la fait plus du tout. Au Parlement, les alliances gauche/UDC se multiplient. Et l’addition, de toute manière, des forces des deux anciens ennemis du Sonderbund, n’arrive qu’à un tiers de l’électorat. Le deuxième tiers, c’est la gauche. Le troisième, c’est l’UDC. Il y a donc, ce soir, plus que jamais, trois Suisses.

     

    Le grand vainqueur de ce dimanche soir, c’est la vieille Suisse conservatrice que ne cesse de mépriser, depuis vingt ans, à vrai dire depuis la campagne du 6 décembre 1992, tout un monceau d’arrogance urbaine à prétention éclairée, internationaliste, délivrée de l’archaïque notion de frontière. Oui, il y a ce soir une revanche de la Vieille Suisse, et ceux qui ont étudié le Sonderbund, notamment en Valais, savent à quoi je fais allusion. Cette Suisse, profonde, ne cesse d’avaler des couleuvres, ronge son frein pendant qu’on la ravale au primitivisme. Mais, quatre fois par an, elle se rappelle à notre bon souvenir. Dans une liturgie qui s’appelle les votations.

     

    En octobre de l’an prochain, on la retrouvera, cette vieille dame-là. Dans un autre rite : les élections.

     

    Pascal Décaillet