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Liberté - Page 1337

  • A Anières, le 22 ne répond plus

     

    Sur le vif - Et sans plomb - Vendredi 25.03.11 - 16.42h

     

    Chez les braqueurs, l’existence précède l’essence. On se pointe dans une station-service, on brandit une arme de poing, on file au turbo avec la caisse. Scénario huilé, vidangé, répétitif comme dans Bonnie and Clyde, la magie des visages de Faye Dunaway et Warren Beatty en moins. Hier, nous révèle la Tribune de Genève, c’était Anières. Dix-huitième brigandage de l’année sur Genève. En général, les commerces attaqués se trouvent à proximité de la frontière.

     

    A ce rythme, le job de pompiste confine à l’apostolat. Et l’augmentation des effectifs des gardes-frontière, une impérieuse nécessité. Bien sûr, nulle douane ne sera jamais étanche. Bien sûr, il y aura toujours des braquages. L’urgence, c’est qu’il y en ait sensiblement moins. Tant que cet objectif n’aura pas été atteint, les documents Power Point des conférences annuelles sur les chiffres de la criminalité, les mots savants soufflés par des experts, tout cela restera lettre morte. Et le crédit de l’autorité politique élue, dévasté.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Dame de fer et verbe d’or

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    Sur le vif - Jeudi 24.03.11 - 15.47h

     

    Elle parle français mieux que nous. Juste et clair. Syllabe sonore, chromée, mots liés comme dans une partition, la petite musique de sa phrase aiguise les sens, ravit l’oreille. Voilà une dizaine d’années que je connais Karin Keller-Sutter, depuis qu’elle est ministre de la Justice et de la Police à Saint-Gall. J’ai souvent eu l’occasion de l’interviewer – encore ce matin – et chaque fois, la précision de ce verbe qui fuse m’estourbit.

     

    Et, au fur et à mesure que s’envolent ses mots, je me dis, désespérément, la même chose : « Mais pourquoi diable ne l’ont-ils pas élue au Conseil fédéral ? ». La Suisse tenait là une femme politique d’exception, à la fois de poigne, de rigueur, d’intelligence et d’élégance, le Parlement a préféré choisir un homme dont j’ai oublié le nom et dont j’ignore d’ailleurs s’il vit encore, et à quoi il passe ses journées. Entre lui et le grisâtre successeur de Pascal Couchepin, le grand parti qui a fait la Suisse a réussi à disparaître de toute prétention à l’existence. Le parti de Jean-Pascal Delamuraz !

     

    Il fut un temps, hélas lointain, où les radicaux produisaient de formidables tronches. Nuques raides de vignerons vaudois, minoritaires valaisans rompus au combat frontal, colonels surgis tout droit de la chanson de Gilles. On les aimait ou non, mais ils portaient haut le verbe, brandissaient l’oriflamme, fiers et drus comme dans les festivals de fanfare. Aujourd’hui, au mieux, ils administrent.

     

    Et là, avec KKS, soudain, l’envol du verbe. La qualité d’une rhétorique au service de l’action. Hier, Karin Keller-Sutter annonçait sa candidature au Conseil des Etats. Les deux sièges saint-gallois y seront très chers : l’excellent PDC Eugen David brigue sa propre succession, le socialiste Paul Rechsteiner, président central de l’USS, est dans la course. Et le président national de l’UDC, Toni Brunner, s’y lancera sans aucun doute. Si la Dame de fer réussit son entrée à Berne, nul doute qu’elle y tiendra, dans les années qui viennent, un rôle de premier plan. Comme il sied – oui comme il devrait seoir – aux meilleurs.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • L’Entente, ça rend sourd

     

    Sur le vif - Et dans l'éblouissant fracas du silence - Jeudi 24.03.11 - 10.30h

     

    Il n’y a plus ni marteau, ni enclume, ni étrier. Il n’y a plus rien. L’Entente se meurt, Monsieur. L’Entente est morte.

     

    Au-delà de ces Décombres, que n’eût pas reniés la plume de braise d’un Lucien Rebatet, autre chose se construira. Le déplacement du curseur aura coûté très cher. C’était sans doute le prix.

     

    Le 17 avril, à Genève, la gauche, une fois de plus, triomphera. Pour peu qu’elle ne parte pas trop vite en vacances, et qu’elle écoute le tocsin sonné hier soir par le vieux combattant Gérard Deshusses. Tant mieux pour elle. Il n’y a rien à lui reprocher.

     

    Le 18 avril, la droite genevoise, une fois digérés les Alka-Seltzer de l’une des plus formidables gueules de bois de son histoire, pourra peut-être, doucement, se remettre à ce à quoi elle a totalement renoncé depuis une éternité : réfléchir.

     

    D’ici là, je veux dire déjà d’ici midi (il reste exactement 90 minutes), il y aura des listes de traverse, des dogues et des dagues, des biffes et des baffes, des cliques et des claques. Il y aura un effet Bonny jusque chez les libéraux (au fait, que devient M. Jornot ?). L’Histoire s’écrira. Mais à l’envers. En partant des Hedge Funds. Et en remontant la pente, avec la triste ivresse d’un mulet, vers l’âge de feu. L’âge de glace. L’âge d’or.

     

    Pascal Décaillet