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Liberté - Page 1329

  • Gorge sèche

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 18.04.11

     

    La toute petite fille n’attend plus que le signal. Assise, droite, sur le tabouret, l’extrémité des doigts en apesanteur sur le clavier du piano à queue. Pas un souffle. Prête à attaquer. Sur un signe de Pascal Chenu, elle se lance. Dans toutes les auditions du monde, tous les oraux, toutes les émissions en direct, il y a toujours, juste avant, ce vertige de l’angoisse.

     

    Passer l’oral. Commenter un passage de Phèdre, la scène de l’aveu, « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue… ». Gorge sèche, jusqu’à la douleur. Serrée. Prête à tout donner. Séduire, convaincre. Partager. La toute petite fille fut fort bonne, vendredi en fin d’après-midi, dans la Salle de répétition de Jaques-Dalcroze. D’autres, comme un garçon prénommé Renaud, éblouissants. S’offrir à la critique. Oser.

     

    Celui qui, avant de prendre l’antenne, commenter Rimbaud ou déclarer sa flamme, n’est pas brûlé par la lame surchauffée de la peur, ne sera pas bon. Rite initiatique, oui. Où se jouent fermeture, ouverture, désir et panique, mort et naissance. Il faut passer par là. L’oral, ou l’audition, ou l’entrée en scène, n’ont rien à voir avec l’écrit. Ils sont d’un autre ordre, d’une autre brûlure, d’une autre jouissance. Il faut être un peu fou pour aimer ça. Singulièrement tourné. Entre l’herbe douce et la braise, toujours préférer fouler la seconde. Pour le bonheur du cri.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Servir, puis réapparaître

     

    Sur le vif - Dimanche 17.04.11 - 10.06h

     

    Blocher-Couchepin : deux poids, deux mesures. Le premier se fait incendier par Peter Rothenbuehler, dans un billet du Matin dimanche, sous le seul prétexte qu’il se présente à une élection, et que, lorsqu’on a été conseiller fédéral, revenir au grand jour serait « introduire des mœurs étrangères ».

     

    Sur la page d’en face, en gros, magnifiquement détouré pour mettre en valeur sa silhouette, souriant, Pascal Couchepin joue du tam-tam à l’occasion d’un cocktail pour les cent ans d’HEC. Mieux : sur une page complète, un peu en amont du même journal orangé, le même Pascal Couchepin, dans son bureau de Martigny avec vue sur l’église, s’exprime longuement sur l’avenir des partis qu’il appelle « historiques ». Couchepin, omniprésent dans les médias depuis qu’il est à la retraite.

     

    On dira juste que la conception du « Servir et disparaître », au Matin dimanche et chez certains de ses puissants penseurs, obéit à une géométrie plutôt variable.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Alberto Velasco

     

    Sur le vif - Samedi 16.04.11 - 19.21h

     

    Il est socialiste et il est humain. Il est socialiste et il est cultivé. Il est socialiste et il a le sens de l’humour. Ce taureau de paradoxes, c’est Alberto Velasco, un petit jeune qui lit Lorca, écoute Albéniz, a combattu Franco, veut encore croire à la fraternité des hommes.

     

    Alberto Velasco vient d’être élu chef de groupe dans le tout nouveau Conseil municipal de la Ville de Genève. Quand on sait d’où il vient, quelles solitudes furent parfois les siennes à l’intérieur même du parti, quelles foudres lui décochèrent certains pisse-froid, on se dit qu’on est content pour lui.

     

    Ce soir, en regardant Mezzo, la seule vraie chaîne TV du monde, je penserai à lui. Et aux deux belles années du Petit Conservatoire que, tous les vendredis à l’aube, nous vécûmes ensemble. C’était quelque part, dans un monde où certains prétendent se parler. Et laisser venir à eux les deux seules choses qui vaillent : la musique et la poésie.

     

    Pascal Décaillet