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Liberté - Page 1127

  • Choisir la Suisse

     

    Sur le vif - Dimanche 16.12.12 - 10.52h

     

    L'Union européenne exige de la Suisse un nouveau milliard, au titre du "fonds de cohésion", pour ses nouveaux membres. La NZZ am Sonntag confirme ce matin ce que nous annonçait vendredi 18h le correspondant RTS à Bruxelles: tonalité dominatrice, arrogance, manière de considérer la Suisse comme un vassal, ou un dominion. La Suisse, pays extérieur à l'Union ! Voilà qui en dit long sur le sort des petits pays, une fois qu'ils en font partie.


    Puisse le Conseil fédéral répondre comme il se doit à ces baillis administratifs d'une superstructure en déliquescence. La Suisse est un pays souverain. Elle discute, négocie, certes. Mais pas avec un pistolet sur la tempe. Et pas sur ce ton-là.


    Quant à ceux qui, chez nous, au nom de l'inéluctable, ne cessent d'en appeler aux ultimes concessions, il me vient, pour les qualifier, des termes que je réprime et parviens encore à taire, mais qu'une immense partie de nos concitoyens pensent tout bas. Qui sont de l'ordre de l'appartenance et de la fidélité, de la loyauté et de son contraire. Il faut un jour choisir son camp. Celui de la Suisse. Ou un autre.


    Pascal Décaillet

     

  • Il est minuit, docteur Morel

     

    Sur le vif - Samedi 15.12.12 - 18.19h

     

    Il se passe quelque chose avec Philippe Morel. On apprend, par la TG online, que cet homme brillant, d'une énergie phénoménale, truffé de projets pour l'avenir de Genève, renonce à sa candidature au Conseil d'Etat.



    Que s'est-il passé ? Il y a encore un mois, ce grand chirurgien, professeur de médecine, était chef de groupe, infatigable, performant, réactif, donnait l'impression de vouloir croquer la politique à pleines dents, dévorer l'avenir, il rêvait mille projets pour Genève. C'était un être en fusion, illuminé par le désir politique. Une boule de feu.



    Et puis, sous prétexte qu'il était candidat au Conseil d'Etat, un improbable et sombre quarteron de jaloux s'est employé à le virer glacialement de son poste de chef de groupe. Et maintenant, quelques jours après ce lamentable épisode, le voilà qui renonce. Je viens d'avoir des contacts, dans les dernières minutes, avec pas mal de responsables PDC, la plupart se disent désolés, mais pour certains, je peine à croire à leur sincérité. Philippe Morel, à l'heure où j'écris ces lignes, est au bloc opératoire, en train de faire son métier.



    Des poignards ont dû entrer en action, j'ignore pour l'heure  lesquels, disons que je les devine : on s'aime entre chrétiens avec la même ardeur, celle des familles bordelaises de Mauriac, qu'entre libéraux. Et encore ! Le jeu de dupes se limite-t-il au seul parti du bon docteur Morel ? Ce parti cantonal décide-t-il encore lui-même de son destin ? A-t-il à sa tête un capitaine ? Les noires instances qui désignent désormais, pour la Ville comme pour l'Etat, sous prétexte de stratégie d'Entente, les candidats qui leur conviennent, écartent les autres, ne sont-elles pas désormais extérieures à la démocratie chrétienne genevoise ? Le PDC, ce vieux parti qui a largement contribué, depuis plus d'un siècle, à faire le canton, a-t-il l'intention de se laisser faire ? Se laisser satelliser, par une troïka qui d'en haut, décide de tout ?

     


    Questions que nous reprendrons. En assurant, ce soir, Philippe Morel de notre sympathie et de notre admiration pour sa formidable énergie politique. Et, aussi, de notre amitié. Ce qui, chez ces gens-là, Monsieur, doit sonner comme un mot lunaire, ou paléolithique, tant il est aujourd'hui galvaudé par l'hypocrisie et par la trahison.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Putsch ? - Quel putsch ?

     

    Sur le vif - Vendredi 14.12.12 - 15.38h

     

    Qualifier de "putsch" la majorité parlementaire qui a démocratiquement refusé, il y a quelques semaines, le projet de budget du Conseil d'Etat, relève d'une singulière conception de nos institutions. Et d'une méconnaissance du poids des mots.



    Un putsch est une atteinte à l'ordre démocratique. Le putsch des généraux, à Alger, en avril 1961, le putsch de Pinochet contre le gouvernement légitime d'Allende en septembre 1973. Les exemples, dans l'Histoire, ne manquent pas.



    L'alliance PLR + UDC + MCG n'est rien d'autre que l'addition parfaitement démocratique de forces, au sein d'une dynamique parlementaire, pour obtenir, sur un objet précis (le budget), une majorité. Il n'y a là rien, mais strictement rien, de putschiste.



    Et même en termes "d'alliances naturelles", celle du PLR avec sa droite n'a rien de plus condamnable que celles, ces dernières années, sur des coups précis, de l'Entente avec les Verts, parti de plus en plus illisible, au demeurant, sur la scène politique genevoise.



    Qualifier de putsch l'addition de trois groupes pour obtenir une majorité est déjà, en soi, totalement abracadabrant. Lorsque la personne qualifiante émane justement d'un parti ayant multiplié les alliances protéiformes pendant cette législature, cela devient risible. Lorsque cette même personne se trouve être, de surcroît, une députée de la République, dont on attendrait qu'elle pèse un peu ses mots sur les métaphores touchant aux institutions, cela devient simplement inacceptable.


    Pascal Décaillet