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Liberté - Page 1054

  • Bon vent, Jean-François Fournier !

     

    Sur le vif - Lundi 28.10.13 - 12.57h4q4nta0_news624.jpg

     

    Chroniqueur depuis quinze ans au Nouvelliste, journal dont je n'ai pas dû manquer un numéro depuis que je sais lire, je tiens à dire ici à quel point j'ai apprécié d'exercer cette fonction externe, depuis plus de six ans, alors que le rédacteur en chef était Jean-François Fournier.



    Il n'a jamais - pas plus que les deux précédents d'ailleurs, MM François Dayer et Jean Bonnard - influé sur le choix de mes chroniques, ni tenté la moindre ingérence ou censure, mais nous avons toujours entretenu, épisodiquement certes mais de façon fraternelle, des relations complices d'amoureux de l'actualité: clins d’œil, messages, coups de fil, traditionnels repas d'été, sur l'Alpe, avec "le Grand", excitations communes sur l'événement. Bref, nous échangions entre journalistes, fous de leur métier. Aimant le vie, la politique au centimètre près, le terroir, ses nectars.



    J'ignore totalement les raisons de son départ. Chroniqueur indépendant, je ne me prononce jamais sur la vie interne des journaux pour lesquels je travaille. Mais, du fond du coeur, je souhaite bon vent, quelle que soit son orientation future, à cet homme de plume et de littérature, de culture, de cinéma. Un esprit libre. Bonne continuation, Jean-François !

     

    Pascal Décaillet

     

  • La politique kidnappée par les couleurs privatisées des écuries

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    Sur le vif - Dimanche 27.10.13 - 16.13h

     

    Je suis le premier à ne pas souhaiter un proportionnalisme absolu entre l'élection législative et celle de l'exécutif. Je pourrais d'ailleurs, dans un autre contexte que celui de Genève, vous réciter par coeur le Discours de Bayeux.



    Mais tout de même ! Entre une composition gouvernementale qui ne ferait que procéder du législatif, et le joyeux hasard qu'on nous propose à Genève en cet automne 2013, soit deux élections sans aucun rapport entre elles, il y a une mesure plus juste à inventer. Les Constituants ne l'ont manifestement pas fait, et le peuple a accepté un système qui ne va tout simplement pas.



    Nous avons eu, le 6 octobre, une élection parlementaire. Il y a eu des débats de types de société, et puis un beau dimanche le peuple a tranché, donnant pour près de cinq ans une nouvelle répartition des forces au Grand Conseil. Avec, notamment, cette fameuse composition tripolaire que tout le monde a notée.



    Cinq semaines plus tard (délai beaucoup trop long, je l'ai noté précédemment), nous votons - ou plutôt nous revotons - pour le Conseil d'Etat. Onze candidats, sept élus. Qui ? Je n'en sais fichtre rien, et ne suis pas loin de m'en désintéresser, tant cette élection, simple casting de personnes, m'apparaît dépourvue d'intérêt par rapport à ce qui s'est passé le 6 octobre, et qui sera véritablement la nouvelle donne, l'épine dorsale de la nouvelle législature.



    Cette élection du Conseil d'Etat, second tour, est à ce point déconnectée de l'élection parlementaire - mais vraiment, plus que jamais, à 100% cette fois - qu'on se demande bien comment vont s'organiser, autrement que par le hasard et le coup par coup, les rapports entre gouvernement et Parlement entre 2013 et 2018.



    Il y a, dans ce système, quelque chose de pernicieux. La politique, entendez les choix de société, y est largement perdante, au profit d'une arithmétique du fortuit. On irait voter comme on lancerait ses dés, ou comme on placerait ses jetons sur le tapis d'un casino. Je déteste ce système, qui tue la politique, et ne fait que renforcer les couleurs privatisées des écuries, de gauche comme de droite d'ailleurs.

     

    On ne roule plus pour des idées. On roule tellement pour des personnes, ou des grappes de personnes, avec lesquelles on se fait photographier sur les stands, qu'on se croirait au Palio de Sienne, avec ses antagonismes de couleurs, les "Contrade", à chaque clan sa griffe, son logo, ses supporters. A chaque équipe, ses tifosi. Comme si cette joute de casting était seule au monde, ne dépendait que d'elle-même, et surtout ne devait s'affirmer que par son affranchissement total de la première bataille, dûment scellée le 6 octobre, celle qui s'intéressait à la confrontation des idées et aux choix de société. Nous ne sommes pas loin du surréalisme, ou du dadaïsme. Avec beaucoup de couleurs, quelques perspectives cubistes, et l'écriture automatique - plus ou moins talentueuse - en guise de cohérence.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Genève: le nouveau système électoral est nul

     

    Sur le vif - Dimanche 27.10.13 - 10.14h

     

    A Genève, dans cet interminable automne électoral (les gens commencent vraiment à en avoir marre), tout aura été vécu à l'envers.



    Pendant la première partie (de la rentrée scolaire au 6 octobre), certains n'ont voulu voir que la campagne du Conseil d'Etat, et passer totalement au second plan la campagne parlementaire. Au niveau qui est le mien, je me suis au contraire efforcé de valoriser l'enjeu parlementaire, accueillant en cinq semaines une centaine de candidats au Grand Conseil, tous partis confondus, chance égale étant accordée aux nouveaux partis.



    Maintenant que c'est la campagne du Conseil d'Etat, d'innombrables commentateurs, à commencer par ceux qui n'ont pas digéré les résultats du 6 octobre au Grand Conseil, nous refont hystériquement la campagne parlementaire. "Tel parti est génial, tel parti est nul". etc.



    Ce qu'il faut penser de tel ou tel parti, le crédit qu'il convient d'accorder à chacun, cela a été tranché le 6 octobre. C'est FINI. C'est plié. C'est derrière. Mais, par une singulière forme de déni, ils se refusent à l'accepter.


    Oui, ils continuent de se comporter comme si cette nouvelle répartition des forces - qui va marquer pour cinq ans la vie politique genevoise - n'avait été souverainement scellée le 6 octobre. Ils continuent de faire le procès (ou l'éloge) des partis, alors que la campagne du 10 novembre est l'affaire d'un casting d'hommes et de femmes: sept à choisir, parmi onze, rien de plus au fond.



    Il est temps de commencer à le dire: ce nouveau système électoral est nul, et doit être modifié, même si la nouvelle Constitution vient d'entrer en vigueur. Onze semaines de campagne, c'est beaucoup trop long. Les deux tours du Conseil d'Etat ne servent strictement à rien. On fait deux fois la campagne avec les mêmes, enfin une partie des mêmes. Au premier tour, on vote le gouvernement à l'aveugle, sans le déduire peu ou prou de la composition parlementaire. Ca ne va pas du tout. Ce nouveau système est tout simplement nul, j'y reviendrai sous peu.

     

    Pascal Décaillet