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Liberté - Page 1054

  • L'étouffante politique éditoriale du Temps

     

    Sur le vif - Mercredi 19.02.14 - 10.47h

     

    "La faillite du modèle suisse": ahurissant papier de François Cherix dans le Temps. La Suisse, Monsieur le Mage aux douze Étoiles, se porte fort bien, et sa démocratie directe, le dimanche 9 février, a tout simplement fonctionné. Un système de consultation du peuple que tous nos voisins nous envient, tant ils en sont, eux, privés. On apprécie ou non le résultat, pour ma part je respecte votre tristesse, mais de quel droit venez-vous nous parler de faillite d'un modèle ? Il ne s'est jamais aussi bien porté, le modèle, et les peuples qui nous entourent aimeraient tant s'en rapprocher un peu. Les peuples, M. Cherix, pas les technocrates cooptés de Bruxelles !



    Je vous propose, M. Cherix, de nous donner rendez-vous aux élections européennes de mai prochain. Nous verrons, ce dimanche-là, quelle construction technocratique a échoué, quel "modèle" est en faillite, quels résultats feront les euro-turbos, par rapport aux partis qui veulent rendre la parole aux peuples des différentes nations de l'UE. Oui, ce dimanche de mai, rétrospectivement, le vote de la Suisse, trois mois plutôt, pourrait bien apparaître, non comme l'insularité bizarroïde que vous voulez nous faire croire, mais comme le signal prémonitoire d'un petit peuple à ses voisins. Le signal d'un printemps démocratique, en Europe.



    Vous parlez de "faillite du modèle" pour la seule raison que vous avez perdu. Vous eussiez gagné, même de très peu, vous eussiez immédiatement titré sur "la sagesse d'un peuple qui ne s'en laisse pas conter".



    Depuis le 9 février, le Temps multiplie les textes de pleurnicheries et d'annonces d'Apocalypse. Il convoque tout le ban et l'arrière-ban des opposants à l'initiative, qui n'arrivent pas prendre acte - oui, simplement prendre acte - de la décision du 9 février. Ce jour-là, avec une bonne participation, le peuple et les cantons, sur la base d'une brochure parfaitement claire, ont pris leur décision en totale connaissance de cause. Ils veulent une régulation (pas un arrêt, une RE-GU-LA-TION !) des flux migratoires. Il s'agit maintenant de l'appliquer.



    Quant à la politique éditoriale du Temps, caricaturale, elle confirme l'impérieuse nécessité de l'avènement, en Suisse romande, d'un espace médiatique - journal papier, site internet, radio, TV, ou plutôt le tout à la fois, cela reste à inventer - capable de porter une autre sensibilité. Parce que là, entre le Temps, la RTS, Ringier et Tamedia, nous sommes sous la dictature d'une pensée unique, étouffante.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Gauchebdo : le courage et la classe

     

    Sur le vif - Samedi 15.0214 - 17.41h

     

    Une fois de plus, au milieu de nos journaux romands du week-end (je dis bien romands, car rien n'égale le Cahier littéraire de la NZZ), c'est l'hebdomadaire Gauchebdo qui, en qualité, en audace de sujets et d'angles, en originalité, fait la différence.


    Tous les samedis en début d'après-midi, je lis Gauchebdo, successeur de la Voix Ouvrière, fondée en 1944. L'exemplaire no 7, daté d'aujourd'hui, est tellement bon que je l'ai lu intégralement. J'en retiens deux articles.



    D'abord, le papier de une: "Une coupable béatitude de la gauche". "En portant des valeurs d'ouverture sans leur donner de réel contenu social, la gauche a conduit à ce qu'une partie des couches les plus exposées aux effets de la mondialisation marchande cherche une réponse chez les xénophobes". Une terminologie que je ne partage certes pas, vous le savez pour me lire depuis longtemps, mais sur le fond, l'analyse est exacte, et rejoint ce que j'ai pu écrire, ici, de la gauche bobo face à la gauche réaliste. La rédaction de Gauchebdo fait manifestement partie de la seconde catégorie. Iront-ils, eux, enquêter du côté des Avanchets ou de Châtelaine, ce que nul n'a encore fait ?



    Et puis surtout, en page 5, ne pas manquer le papier d'Anthony Crézégut, intitulé "L'islamisme bosnien, de la collaboration nazie au néolibéralisme". L'Histoire, enfin établie en français, du SDA. le parti au pouvoir, qui se confond avec celle de son fondateur, un homme que l'Occident a aidé et admiré pendant les années 1990: Alija Izetbegovic.



    La vraie Histoire d'Izetbegovic, vous la connaissez ? Pour ma part, j'avais la chance de la connaître il y a vingt ans déjà, me passionnant pour les guerres balkaniques, et cherchant à les comprendre par un autre prisme que celui de la morale forgée par l'OTAN et les bonnes consciences parisiennes en chemise blanche. Sait-on ce que fut le rôle des Jeunes Musulmans bosniaques, en lien avec les Oustachis croates d'Ante Pavelic, dès 1941, pour chasser les partisans yougoslaves ? Nous rappelait-on beaucoup, il y a vingt ans, qu'Izetbegovic avait été condamné à trois ans de prison pour Collaboration à la Libération ? Tout cela, le papier de Gauchebdo le rappelle. Si l'Histoire des Balkans vous intéresse, au-delà de la superficie et des incroyables manipulations médiatiques et idéologiques des années 1990, il faut lire cet article.


    Et j'ajoute: si vous aimez les plumes libres, il faut lire Gauchebdo. Le journal, ils le font debout, fiers, raides, droits dans leurs bottes. Ils sont l'antithèse des bobos aimables. Ils sont anglés, positionnés, audacieux, transgressifs. Moi qui ne suis absolument pas de leur bord, je les reconnais comme des frères dans l'ordre de l'écriture et du journalisme.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le Matin d'avant-hier vous adresse son salut

     

    Sur le vif - Samedi 15.02.14 - 10.44h

     

    Exceptionnelle, la rapidité journalistique du Matin. Il donne la parole aux partisans du oui à l'initiative de......  dimanche dernier !



    On eût pu, dans un accès de folie, imaginer qu'il la leur donnât un peu, même par dose infinitésimale, AVANT la votation. Et non six jours après.



    Seulement voilà, AVANT la votation, il ne fallait surtout pas se brouiller avec la doxa, la chape de plomb, de toute la presse romande, qui était de prôner le non, hurler le non, surtout ne pas faire mine d'entendre le murmure du oui. Ne pas se brouiller avec son groupe de presse, ses annonceurs.



    Lundi encore, lendemain du verdict, ce journal tombé au plus bas titrait sur "la honte d'être suisse".



    Et maintenant, pitoyablement à la traîne, la majorité ayant tranché pour le oui, le Matin commence à s'intéresser aux raisons du oui.



    Peut-être, d'ici dix mille ans, iront-ils faire un tour du côté de Châtelaine et des Avanchets. Avec lampe frontale. Et GPS.

     

    Pascal Décaillet