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Liberté - Page 1054

  • MCG : la maternité silencieuse de la pieuvre

     

    Sur le vif - Jeudi 08.05.14 - 10.06h

     

    A l'exception notable de leur président, M. Golay, qui m'apparaît de plus en plus comme un homme très solide, la plupart des caciques du MCG, naguère violents admirables, mauvais garçons, lorsqu'ils se battaient dans l'opposition, sont tout doucement et tout gentiment en train de se faire phagocyter par les mirages des honneurs et du pouvoir partagé.



    Doucement, le système dominé par les libéraux les intègre. Avec la maternité silencieuse d'une pieuvre. Ces Messieurs, en instance d'alignement, il faut d'urgence les emmener voir Bunuel : le Charme discret de la bourgeoisie.



    Déjà, ils s'achètent costumes et cravates. Fréquentent les cocktails. Se mettent à dire du bien des caciques PLR - ou prétendument apolitiques - que l'horizontalité du système de copinage généralisé envoie présider les grandes régies.



    Déjà, ils se croient adoubés par les patriciens. Alors que ces derniers, riches de la seule tranquillité de leur immuable position depuis des siècles, les endorment pour mieux leur asséner, lorsque sonnera l'heure du repas, le coup fatal.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Marche Blanche : le droit d'être contre

     

    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 07.05.14
     


    Le 18 mai, nous votons sur l’initiative dite « de la Marche Blanche », qui entend interdire à vie aux pédophiles (reconnus coupables) de travailler avec des enfants. Je ne me prononce pas ici sur le fond. Chacun d’entre nous votera en conscience. Et nous respecterons le verdict du peuple et des cantons.
     


    Mais le climat de la campagne est profondément gênant. Je le dis ici haut et fort, on a le droit d’être contre cette initiative. Et de venir le dire en public, comme le font les partisans. Nous sommes dans une démocratie : on nous propose un texte, on a le droit d’être pour, celui d’être contre, et rien n’est plus détestable que la diabolisation du point de vue opposé.


     
    Il n’est pas acceptable que les opposants se voient insultés, ou traités de « complices des pédophiles ». J’ai bien vu, en montant le débat sur Léman Bleu, la difficulté des partisans du non à se dévoiler en public. Comme par hasard, le soir de mon débat, ils étaient tous pris. Je n’aime pas du tout ce genre de climat où un camp terrorise l’autre.


     
    Il était insupportable, dans la campagne du 9 février, de voir traiter de « xénophobes » ceux qui voulaient juste réguler les flux d’immigration. Il l’est tout autant, sinon plus, d’assister à l’incroyable intolérance d’un camp par rapport à l’autre. Nous sommes dans une démocratie. On a le droit d’être pour. Le droit d’être contre. Et on respecte l’adversaire.
     


     
    Pascal Décaillet

     

  • Le Pape impair

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 30.04.14


    Dimanche dernier, devant mon téléviseur, je me suis quand même dit que quatre papes, ça commençait à faire beaucoup. Certes, deux d’entre eux étaient défunts, et je n’ai rien à dire contre leur canonisation. Certes, le pape émérite était bien légitimé à être là. Certes, le pape François a parfaitement mené les choses. Mais tout de même, quatre papes, c’est trop. Parce que l’idée d’un pape, voyez-vous, c’est justement qu’il soit unique. C’est là le label du catholicisme, celui qui est d’ailleurs reproché à l’Eglise de Rome. Un seul chef, pour conduire et incarner cette Assemblée invisible qu’on appelle l’Eglise.
     


    Et puis, ces papes qui se canonisent entre eux, il y a quelque chose qui me gêne. Non que cela ne soit pas mérité, loin de là. Mais enfin, dans cette autocélébration, il y a un aspect circulaire, donc fermé, qui n’est pas le meilleur signe. D’autant que si on se met à canoniser un pape sur deux, non seulement ce sera trop, l’idée de sainteté perdra de son crédit, mais il y a un côté injuste pour « le pape impair », celui qui n’a pas l’heur d’être sanctifié. En l’espèce, celui qui était entre les deux saints de dimanche, c’était (si l’on excepte la trop courte période de Jean-Paul 1er), le pape Paul VI, que j’ai personnellement aimé, vu de très près à Genève en juin 1969, et dont j’apprécierais qu’une docte autorité romaine m’explique en quoi il serait « moins saint » que les deux qui l’entourent.
     


    Alors, désolé, mais dans ce Dimanche des Quatre Papes, j’ai surtout vu une immense et géniale opération de propagande, au sens premier, non péjoratif, entendez la nécessité de propager, faire connaître, rien de mal en soi. Et voyez-vous, moi catholique (je le resterai toujours), j’ai pensé que mes frères protestants, plus attachés à l’exégèse du texte qu’à l’image ou l’icône, n’avaient, dans leur retenue, pas entièrement tort. Je me suis pris à rêver, concernant Jean-Paul II, qu’une personne sur dix-mille ayant assisté à la cérémonie de dimanche prît la peine de lire, par exemple, sa lumineuse Encyclique « Laborem exercens ». Dans laquelle, 90 ans après le « Rerum Novarum » de Léon XIII, il redéfinit en 1981 le nécessaire humanisme du monde du travail. Alors non, chers lecteurs, l’Oncle Décaillet ne passe pas au protestantisme. Mais il a besoin de sens. De textes. Et de lumière. Comme nous tous, je crois.


     
    Pascal Décaillet