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Liberté - Page 1037

  • Magnifique emmerdeur

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    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 23.04.14

     

    Rien ne m’énerve plus que Jean Ziegler, si ce n’est les gens qui passent leur temps à dire du mal de Jean Ziegler. Cet homme, que je connais et que j’interviewe depuis plus de trente ans, je dis qu’il est un salutaire emmerdeur, un dérangeur nécessaire, l’éruption de nos mauvaises consciences, avec des tonnes de lave et l’incandescence du volcan.

     

    Bien sûr, il est insupportable. Il en fait trop, théâtralise à outrance, exagère le propos, cherche à nous faire oublier ses amitiés avec des dictateurs. Mais voilà, c’est Ziegler, il vient de fêter ses 80 ans, et c’est sans doute un peu tard pour le refaire. D’ailleurs, on ne refait jamais les gens : ils sont ce qu’ils sont, à prendre intégralement, avec leurs qualités, leurs défauts.

     

    Ziegler m’a toujours fait penser à Franz Weber. L’homme des saintes colères, mais l’homme d’une foi entière, bouillante, émue, profondément amoureuse du monde. Chez l’un, c’est le combat pour la justice. Chez l’autre, le combat pour la planète. Chez l’un et l’autre, l’adhésion bouleversée à l’immense chaleur du mystère du monde. Chez ces deux hommes, colériques et un peu cinglés, je perçois de splendides contemporains, de vrais compatriotes. Critiques, imprécateurs, fous de vivre et d’exister. Il en faudrait beaucoup plus, des hommes comme eux, dans le champ si raisonnable de notre petite Suisse.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Couchepin, la Weltwoche, la lumière d'un journal

     

    Sur le vif - Jeudi 17.04.14 - 14.44h

     

    "Was die Schweiz ist" - Papier de Pascal Couchepin, en pages 13 et 14 de la Weltwoche d'aujourd'hui.

    Le contenu: une réflexion sur les langues en Suisse, leur coexistence.

    Mais l'important n'est pas l'objet du papier. L'essentiel, c'est que la Weltwoche ouvre ses colonnes à Pascal Couchepin, qui ne cesse de démolir au vitriol toute la philosophie politique qui sous-tend la ligne éditoriale de cet hebdomadaire.

    Déjà, la Weltwoche confie depuis longtemps une chronique à Peter Bodenmann, l'ancien président du parti socialiste suisse.

    La grandeur d'un journal, sa puissance, son rayonnement, c'est, en plus d'avoir une ligne éditoriale claire et assumée (de gauche, de droite, d'où il voudra), de s'ouvrir, en les invitant, à d'autres courants de pensée.

    La Weltwoche fait cela.

    La Frankfurter Allgemeine fait cela.

    La Neue Zürcher Zeitung (dans une moindre mesure) fait cela.

    Le Figaro fait cela.

    Je ne suis pas sûr, hélas, de trouver l'équivalent dans la presse de gauche.

     

    Ni même dans nos ineffables quotidiens consensuels de centre droit, en Suisse romande, attirés par le seul parfum du pouvoir en place. Quel qu'il soit, au fond.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Nos amis danois

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    Chronique publiée dans Lausanne Cités - Mercredi 16.04.14
     
     
    La Suisse est un pays délicieux. Le président se rend en Ukraine, on l’accueille avec les honneurs, à un détail près : on lui flanque, pour la photo officielle, le drapeau danois à la place du suisse. Oh, les couleurs sont les mêmes. Et, lorsque la bannière est repliée, à l’abri des vents glacés venus de Sibérie, un observateur distrait peut s’y méprendre. Et puis, franchement, les Ukrainiens, ces temps, ont d’autres soucis que l’exactitude dans l’ordre de l’héraldique.

     
    Didier Burkhalter s’en est-il rendu compte ? A-t-il fait semblant de ne rien voir ? Qu’aurions-nous fait, à sa place ? Déclenché un incident diplomatique ? Repris l’avion sur le champ ? Demandé la tête du chef du protocole ? Délicate situation. D’autant que personne ne sait exactement ce que le président de la Confédération est allé faire à Kiev.

     
    Cette fameuse OSCE, que la Suisse préside pour un an, et qui a montré dans les Balkans (je l’ai vue à l’œuvre, sur place) sa redoutable efficacité dans l’ordre de l’inaction, qui ose croire, sans s’étouffer d’un gigantesque éclat de rire, qu’elle puisse jouer le moindre rôle dans le déchirement de ce pays entre ses marches orientales russophiles et son appel de l’occident vers l’Europe ?

     
    Dans ces conditions, le meilleur moyen de sceller l’inefficace et l’inutile n’était-il pas, au fond, de les faire endosser par nos amis danois ? Monsieur le chef du protocole ukrainien, vous êtes finalement un homme averti et délicat.
     
     
    Pascal Décaillet