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Liberté - Page 1036

  • Caisse publique : l'après-28-septembre a commencé

     

    Sur le vif - Jeudi 25.09.14 - 16.43h

     

    J’ai déjà plaidé ici pour la Caisse publique, déjà précisé que je serai dimanche dans le camp des perdants, déjà annoncé que je respecterais bien sûr la décision majoritaire. Le peuple et les cantons, sans aucun doute, refuseront le texte qui nous est soumis. Mais je suis citoyen de Genève, et il est fort possible que mon canton dise oui. Possible, aussi, que nous soyons confrontés dimanche à une nette différence de sensibilité, liée à la conception du rôle de l’Etat, entre Romands et Alémaniques. Assurément, la carte du vote sera, comme toujours, passionnante à étudier, canton par canton, district par district, commune par commune.

     

    Si Genève, dimanche, dit oui, admettons même un oui bien net, et que la Suisse dit non, il faudra bien sûr commencer par reconnaître la légitimité voulue par la majorité. Donc, faire le deuil de ce modèle de Caisse publique avec agences cantonales ou intercantonales, pour l’assurance de base. Comme nous fîmes, en mars 2007, le deuil de la Caisse unique. Mais cela ne signifiera en rien la fin du combat pour une conception plus cohérente de l’assurance-maladie en Suisse, avec un rôle plus important de l’Etat. Il faudra, dès ce soir-là, prendre des rendez-vous avec l’avenir. En jetant dans la discussion, dès dimanche, d’autres modèles de gestions des Caisses, pour l’assurance obligatoire. Des hommes comme Mauro Poggia et Pierre-Yves Maillard, ministres de la Santé dans les cantons de Genève et Vaud, seront attendus au tournant. Le premier d’entre eux, sur le plateau du « Grand Genève à chaud » dimanche dès 18.30h, pourrait être amené à nous en dire un peu plus.

     

    La partie sera serrée. Il s’agira d’esquisser des solutions cantonales, ou intercantonales, sans donner l’impression de bafouer la décision souveraine du peuple et des cantons, si ces derniers disent non. J’ai assez plaidé ici, depuis des années, pour que les décisions populaires soient respectées, pour m'inscrire contre toute manœuvre de contournement. Mais dans le domaine de l’assurance maladie, la part de responsabilité des cantons est assez ample pour qu’on puisse se permettre, tout au moins, d’imaginer des solutions de réformes locales ou régionales, qui de toute manière seront soumises au souverain : faire l’économie d’une onction populaire, par des jongleries administratives, conduirait à la catastrophe.

     

    Deux choses encore. D’abord, cette augmentation de 4% en moyenne des primes pour 2015, annoncée aujourd’hui, à J – 3, sans trop influencer un vote qui s’est déjà, en écrasante majorité, opéré par correspondance, ne manquera pas d’échauffer les esprits. Car ces derniers, même dans le camp des opposants, sont très rares à considérer le statu quo comme une solution viable. « Le statu quo n’est pas une option », affirmait il y a quelques jours Alain Berset, à la RSR.

     

    Ma dernière remarque sera pour regretter – mais sans larmoyer – qu’en matière d’assurance-maladie, la Suisse n’ait encore jamais su écrire, comme elle le fit en 1947 – 1948 en matière de retraite, une grande et belle page, lisible, rassembleuse et cohérente, de l’Histoire de nos assurances sociales. C’est dommage, car ce sont les grands réseaux de mutualité et de solidarité qui, depuis 1848, ont fait la Suisse moderne. Dans les infrastructures ferroviaires (les CFF remplaçant progressivement les compagnies privées, sous l’impulsion volontariste des radicaux). Mais aussi, dans les assurances sociales. Cela passe par des solutions d’Etat. Cela ne signifie pas « étatistes », ni « travaillistes » dans le sens de la Grande Bretagne de l’immédiate après-guerre. Mais des solutions à hauteur d’Etat. A hauteur d’une codification capable de nous rassembler, là où la somme des aventures privées, individuelles, axées sur le seul profit et le mythe de la concurrence, n’a clairement pas fait ses preuves.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Meurtre des TPG : un procès politique ?

     

    Sur le vif - Mercredi 24.09.14 - 17.29h

     

    D’abord, la seule chose qui compte : un homme en a tué un autre. C’est cela, l’essentiel. Et c’est à la famille de la victime, sa douleur, que nous devons penser. Et cet homme, qui en a tué un autre, doit prendre ses responsabilités face à la justice, seule habilitée à démêler l’affaire, et statuer.

     

    Mais il y a tout de même un problème dans cette affaire du meurtre des TPG. Parce que la victime était frontalière, des voix s’élèvent pour nous dire, en substance : « Voyez le résultat de certains discours politiques », allusion bien sûr au MCG. Et là, je ne suis pas d’accord. Parce qu’à ce jour, à moins de connaître à fond le dossier, nul d’entre nous n’est habilité à produire cet amalgame. Je veux dire le produire dans ce cas précis, intrinsèque.

     

    Et puis, il y a autre chose qui me chicane : le rôle du Procureur général. Ce dernier, comme on sait, a de nombreux adjoints, et ne descend que rarement lui-même dans l’arène, pour porter la réquisition. Pourquoi, dans ce cas précis, a-t-il choisi de le faire ? Quel signal a-t-il voulu donner ? On nous dira que le théâtre d’opérations du meurtre implique le Grand Etat (une importante régie), je ne suis pas sûr que l’argument soit suffisant.

     

    Pour moi, Olivier Jornot a commis une erreur. D’aucuns ne se gêneront pas de lui rappeler son origine politique (le PLR), que l’un des thèmes brassés autour du meurtre est celui de la préférence cantonale, et que le signal donné par sa présence en personne se trouve être, de facto, un signal politique. A cela s’ajoutent certaines maladresses, ou malveillances, de presse. Ainsi, lorsque le Temps, dans son édition en ligne d’aujourd’hui, parle de « l’exécution d’un frontalier », on ne peut que d’interroger sur le choix des mots. Tout cela, au final, donne le sentiment d’un procès à forte tonalité politique. Pas sûr que la famille de la victime, parfaitement légitimée à faire valoir ses droits, ait besoin de tout ce brassage périphérique, par rapport au drame qu’elle a vécu.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Indignation sélective

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.09.14

     

    J’ai toujours, depuis de longues années, soutenu le peuple palestinien. Toujours, j’ai dit et écrit qu’il devait avoir un Etat à lui. Un Etat ! Et non une simple autonomie administrative dans le cadre d’une occupation qui date de 1967. Mais toujours, disant cela, j’ai ajouté qu’un autre Etat, Israël, devait voir reconnu son droit total à l’existence. Et que les enfants de ce pays devaient aller à l’école sans que le bus scolaire ne risque une explosion par attentat. En clair, comme l’immensité de mes compatriotes suisses, je plaide pour une paix durable, fondée sur la dignité de deux Etats souverains. Mes nombreux voyages au Proche Orient m’ont convaincu de cette position.

     

    Solidaires avec la Palestine, oui. Surtout au moment où les populations civiles de Gaza font les frais d’une riposte disproportionnée d’Israël. Solidaires, mais dans l’équilibre et, non dans l’unilatéralisme. A cet égard, au moment où plusieurs centaines d’artistes et d’intellectuels suisses envoient au Conseil fédéral (ce mardi 23 septembre) un appel de solidarité avec les Palestiniens, on a quand même envie de leur dire que leur indignation a tendance à toujours aller dans le même sens. Certains d’entre eux – pas tous – déploient contre Israël, oui contre Israël même et pas seulement contre la disproportion militaire, une haine farouche, qu’ils peinent à dissimuler. On aimerait aussi les entendre, ces voix indignées, lorsque des populations civiles israéliennes tombent dans des attentats. Ces jours-là, hélas, ils sont bien silencieux.

     

    Pascal Décaillet