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Voir Annemasse et jouir

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Sur le vif - Mercredi 27.05.15 - 16.26h

 

Officiellement, la future liaison ferroviaire appelée « CEVA » a une fonction : relier Cornavin à Annemasse, en passant par les Eaux-Vives, non sans avoir tournicoté aux quatre coins de Genève. Officieusement, ce chantier gigantesque, aubaine pour les gens du gros œuvre, en a une autre, que nous avons personnellement plaisir à souligner ici depuis des années : avoir servi de catalyseur aux partis gouvernementaux pour faire réélire les leurs aux élections cantonales de l’automne 2009. Pour être dans le coup, il fallait être Pro-CEVA. Les anti-CEVA, c’était la Marge.

 

Si vous étiez Pro-CEVA, un tapis jonché de fleurs parfumées vous était déroulé pour la législature 2009-2013, tiens la présidence du Grand Conseil, par exemple. Si vous étiez du Bois, du Bâtiment, si vous arboriez le Tablier de Constructeur, c’étaient quatre années magnifiques qui vous attendaient : les honneurs, les courbettes, les adoubements, les compliments. Si, par malheur, vous faisiez partie en 2009 des opposants à ce projet, alors vous alliez avoir 48 mois pour le payer. On allait vous traiter de pisse-vinaigre et de peine-à-jouir, de gâche-métier, de Gueux. Oui, toute cette législature 2009-2013, avec des Verts si prompts à collaborer avec le Bourgeois, tellement heureux de leur importance « dans les Commissions », au « Bureau », sans parler du « Perchoir », ultime achèvement des carrières arrangeantes et silencieuses, tout cela aura encensé le Pro-CEVA, ostracisé l’Anti.

 

Alors voilà, aujourd’hui, c’est l’air de rien, en sifflotant, par Pravda Bleue interposée, qu’on nous murmure, sous un titre d’une complicité pulvérisant le mur du ridicule, l’existence d’un dépassement de crédit de 40 millions. « Pour éviter les ratés, style Bel-Air ou Cornavin ». Certes, un esprit aventureusement sceptique pourrait se risquer à objecter que le réaménagement de ces places, on aurait éventuellement pu l’intégrer dans la réflexion d’avant la votation de 2009. Mais bien sûr, immédiatement, ledit esprit se verrait taxé de rabat-joie, mauvais coucheur, perdant de pacotille.

 

Donc, nous ne dirons rien. Nous nous tairons. Et puis, pour notre part, avouons-le : nous nous réjouissons tellement de ce jour, béni entre tous, où nous pourrons prendre le train de Cornavin, pour tenter l’immortel voyage de nous rendre en Annemasse. Ce jour-là. Il n’y aura plus ni Marge, ni Gueux, ni Tablier d’honneur, ni Murailles de Fraternité. Non, il n’y aura plus que l’extase de l’ultime voyage. Un aller-simple nous suffira. Le retour, ce sera pour une autre vie.

 

Pascal Décaillet

 

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