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Sur le vif - Page 789

  • Ecopop, "épouvantail pour l'UE" - Et alors ?

     
    Sur le vif - Vendredi 13.06.14 - 09.50h
     
     
    "Ecopop, épouvantail pour l'Union européenne", titre le Temps.


    Avant de nous dire ce qu'Ecopop représente pour l'UE, ce journal pourrait déjà commencer par nous expliquer les enjeux d'Ecopop. En quoi consiste cette initiative. A quelles carences, omissions ou impérities des pouvoirs intermédiaires elle réagit. Donner la parole aux initiants. Tenter de comprendre leurs motivations profondes. S'interroger sur les questions majeures brassées par ce texte, pour l'avenir de notre pays, en matière de démographie, de qualité d'environnement. Poser le problème en termes d'intérêts supérieurs du peuple suisse. Et non d'image donnée à l'UE.


    Une initiative s'inscrit dans les intérêts supérieurs du peuple suisse. On l'accepte, ou on la refuse, en fonction des intérêts supérieurs du peuple suisse. Notre horizon d'attente n'est pas celui de l'univers, mais celui, tellurique, de notre appartenance à un destin national commun. Chacun juge, et un beau dimanche on tranche. Une initiative est une affaire du peuple suisse avec le peuple suisse, et non avec la carte de visite que nous souhaitons présenter à Bruxelles.
     

    La question de l'image que notre décision souveraine, celle de notre peuple et de nos cantons, délivre à l'institution (au demeurant chancelante) appelée "UE" doit venir loin après la pesée de nos intérêts nationaux. Par rapport à ces derniers, elle est très accessoire.


    A force de génuflexions apeurées face à tout ce qui ressemble aux conglomérats multinationaux, lesquels sont d'ailleurs en voie de liquéfaction, le Temps semble considérer comme dépassé, désuet, le stade d'une réflexion nationale. Il a tort, parce que non seulement l'échelon de la souveraineté nationale est encore là, mais il a peut-être un très bel avenir devant lui. En Suisse, comme partout ailleurs.


    Titrer sur cette cette affaire d'image est révélateur de l'idéologie de ce journal. Il a le droit de l'avoir. Nous, de la décrypter.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Sept personnages en quête de hauteur

     

    Sur le vif - Mercredi 11.06.14 - 17.27h

     

    Il ne saurait être question que ceux qui se prétendent observateurs attentifs de la vie politique se contentent de rendre compte, porter la parole du pouvoir, lui tendre un miroir. A cet égard, l’exercice de majesté appelé « conférence de presse » doit toujours être lu en décryptage, sinon autant postuler directement comme attaché de presse des puissants. On s’attachera donc à y déceler les rapports internes de pouvoir, en dégager les desseins réels, en interpréter la répartition de la parole et les effets chorégraphiques. Communiquer, c’est porter le geste et la parole. Du côté de ceux qui reçoivent le message, s’inscrire dans la lucidité, et non dans l’obédience, c’est traduire, et traduire encore.

     

    Dans la conférence de presse du Conseil d’Etat sur le programme de législature, qu’avons-nous vu ? D’abord, le Prince. Celui qui ouvre la cérémonie, titre les chapitres, donne et reprend la parole, et finalement conclut. La parole, il l’offre d’abord à son vice-président et collègue de parti, puis au fidèle ministre des Finances, puis aux autres, certains demeurant longtemps dans le rôle du mime avant d’accéder au miracle du langage. Ce qu’on donne à VOIR nous en apprend évidemment plus que ce qu’on dit, le contenu de la conférence de presse brillant d’ailleurs par sa maigreur : rien de ce qui fut évoqué cet après-midi, entre 15.15h et 16.15h, par un gouvernement aux affaires depuis six mois, ne l’avait été, parfois mot pour mot, lors des débats que nous avions organisés lors de la campagne électorale de l’automne 2013. Rien. Six mois de surplace ?

     

    Rien. Le président, au tout début, nous annonce un programme de rigueur, mais on nous dit sur la fin que le vrai plan d’économies – celui que tous attendent – ne sera dévoilé que cet automne. Donc, rien. Le ministre des Finances, M. Dal Busco, nous confirme le chiffre de 13% pour l’impôt sur les entreprises. Rien de nouveau. Pierre Maudet nous parle de l’aile-est de l’aéroport, sans rien nous dire sur les difficultés de ce chantier. Rien. Mme Emery-Torracinta nous parle jeunes en rupture et manque de places en formation duale, toutes choses que nous avions, pour notre part, exactement pointées lors des débats électoraux de l’automne dernier. Elle énumère les problèmes (nous avions multiplié les débats sur ces sujets), mais nous laisse orphelins de pistes pour les résoudre. Après six mois de stage de mime à l’École Marceau, on en attendait franchement plus.

     

    Idem, M. Poggia nous parle réinsertion des chômeurs en fin de droit – là aussi, nous avions consacré d’innombrables débats cet automne – sans nous dessiner vraiment d’issue. MM Barthassat et Hodgers s’expriment sur la fin, sans que leur pensée – sans doute la fatigue du spectateur – puisse être résumée à du concret.

     

    Au final, un beau septuor, une distribution parfaite de la parole, du papier à musique. Mais à retenir de nouveau, rien ou presque. Le gouvernement, qu’a-t-il fait ? Il a fait monstration théâtrale et chorégraphique de sa capacité collégiale. Fort bien. Mais pour nous dire QUOI ? A vrai dire, rien de plus que ce que tout observateur un peu averti de la chose politique genevoise pouvait dégager lors de la campagne électorale. Nous avons donc VU le Conseil d’Etat. Nous l’avons ENTENDU PARLER. Mais nul message nouveau n’a émergé. Au fond, le gouvernement a annoncé la couleur, comme dans une ouverture musicale. Mais la symphonie, ce sera pour une autre fois. Une autre législature. Ou une autre vie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Thomas Bläsi, émergence d'un homme libre

     

    Sur le vif - Vendredi 06.06.14 - 09.55h

     

    Au Parlement, ne craignant ni solitude, ni adversité, défendant ses valeurs et ses convictions profondes, émerge Thomas Bläsi. Comme Cyril Aellen (et quelques autres), un homme qui existe par lui-même. Et non par la simple appartenance, oh cette éternelle impasse grégaire, au groupe. Ni la docile obédience à un magistrat. Ces deux-là, et donc quelques autres, par leur fibre et leur indépendance, font vivre le législatif dans sa vocation de contrôle et de premier pouvoir.

     

    Hélas, face à eux, combien de tifosi de leurs ministres, combien de pom pom boys, ou girls, de leur écurie, de leur chapelle. Prêts à tout pour éviter la transparence, si par malheur cette dernière devait s'appliquer à leur conseiller d'Etat. Leur vraie loi, à eux, n'est pas la République, mais l'appartenance. Ce sont des claniques. Des féodaux. Des vassaux fantômes.

     

    Trop d'hommes aujourd'hui, tous domaines confondus, manquent cruellement d'indépendance et de puissance de solitude. Auraient-ils peur d'eux-mêmes ? A se fondre dans la masse, ils croient trouver la survie. Ils n'y rencontreront que la dissolution. Pour ma part, en littérature comme en politique, en musique comme en poésie, et même dans l'itinérance recommencée, j'aime le profil qui se cisèle. Seul, face à la totalité opaque de la masse.

     

    Pascal Décaillet