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Sur le vif - Page 787

  • Commémorer, c'est récupérer. Toujours.

     

    Sur le vif - Samedi 28.06.14 - 11.19h

     

    Très bonne page 3 de la Tribune de Genève, qui nous démonte, en donnant la parole notamment à l'excellent historien Michel Porret, la construction du "bicentenaire de la police" comme manipulation destinée à dorer le blason du pouvoir actuel.


    Mais TOUTE commémoration organisée par le pouvoir est TOUJOURS et AVANT TOUT destinée à cela. C'était le cas, autour du 1er juin de cette année, pour les cérémonies autour de l'arrivée des Suisses au Port Noir, où le pouvoir et ses affidés se sont eux-mêmes, jusqu'aux confins de la caricature, mis en scène et en miroir: on n'a vu, quasiment, que la tranquillité installée des commémorants, sur leur petit cercle repliés. C'est le cas, à Genève, de TOUTES les manifestations patriotiques, où l'on retrouve toujours la même clique, comme en ces tableaux de Rembrandt où figurent les notables, contemporains du peintre.


    A ce phénomène, nul n'échappe. Même les plus grands. La cérémonie, certes sublime, de transferts des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964 (dès l'âge de 17 ans, j'écoutais en boucle le discours de Malraux) est parfaitement identifiée aujourd'hui comme une opération de propagande du pouvoir gaulliste pour magnifier la Résistance extérieure (celle de Londres) au détriment des réseaux de la Résistance intérieure. Et donc, le pouvoir gaulliste de fin 1964, à un an (jour pour jour) de la première présidentielle au suffrage universel.



    La moralité de l'Histoire, c'est qu'il faut certes commémorer. Il faut entretenir la flamme, le souvenir. Mais il n'est pas certain que les pouvoirs en place soient les mieux placés pour le faire. Car TOUJOURS, et c'est naturel (il n'y a même pas à leur en faire grief), ils tireront la couverture à eux, s'instaurant en légataires des héros commémorés. Vous pouvez tout reprendre, depuis la Guerre du Péloponnèse en passant par Plutarque, Michelet, et bien sûr l'éblouissant Pierre Nora (les Lieux de Mémoire), nous sommes là dans une constante de l'exercice du pouvoir. A nous, simplement, de faire la part des choses. En évitant d'être dupes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Conseil d'Etat : la Caisse, c'est unique

     

    Sur le vif - Jeudi 26.06.14 - 09.33h

     

    Le Conseil d'Etat genevois, hier, a fait savoir son opposition à la traversée de la Rade, sur laquelle nous votons le 28 septembre.



    Dès lors, pourquoi n'indique-t-il pas clairement son soutien à la Caisse publique unique, sur laquelle nous votons le même jour ?


    Car soutien il y a, et sans doute à 5 sur 7: les deux magistrats de gauche, le PDC+ Mauro Poggia, mais aussi les deux PDC non-ionisés, puisque leur parti cantonal soutient la Caisse unique.



    ""Nous n'avons pas voté formellement", révélait hier soir à GAC le PDC ionisé Mauro Poggia. Et c'est justement cela qui intrigue: puisque 5 magistrats sur 7 sont pour, pourquoi le Conseil d'Etat ne roule-t-il pas officiellement pour la Caisse publique unique ?


    Peut-être parce que sa majorité bourgeoise, composée de deux radicaux, deux PDC non-ionisés, et d'un PDC+, voudrait éviter, en termes d'image, d'attaquer frontalement le monde de la droite économique, la droite de l'argent et des puissants. Le monde qui combat la Caisse publique unique. Le monde qui avait financé, l'automne dernier, et tous les automnes du monde depuis si longtemps, la campagne de ces Messieurs. On n'attaque pas son financier. Parce qu'avoir quelqu'un qui tient la Caisse, c'est unique.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Citoyens, existons par nous-mêmes !

     

    Sur le vif - Mercredi 25.06.14 - 14.36h

     

    En Suisse, de plus en plus d'élus - dans les Parlements cantonaux ou aux Chambres fédérales - constituent la principale force de nuisance aux droits populaires. Parce qu'étant élus (ce qui est juste une délégation pour qu'ils fassent des lois et contrôlent les gouvernements), ils sont très vite pris par le sentiment de faire partie d'une caste. Ils oublient leurs antagonismes idéologiques, pourtant fondateurs de la dialectique en démocratie, se tiennent entre eux, se tutoient, s'imaginent qu'ils détiennent l'exclusivité du débat politique. Alors que ce dernier appartient à l'ensemble des citoyens.


    En Suisse comme ailleurs, la fracture entre le corps des citoyens et les élus augmente. Parce que ceux-ci ne défendent pas suffisamment ceux-là, ce qui est pourtant leur mission première. Trahison des clercs, j'en reviens à ces trois mots, qui titrent l'un de mes derniers papiers.


    Face à ce petit monde, le corps des citoyens doit s'organiser. Dans le respect de notre démocratie, donc par les voies parfaitement légales que sont, aujourd'hui, l'initiative et le référendum. Mais il doit aussi prendre son destin en mains, de façon autonome, à l'échelle de sa masse numérique. Les instruments de communication d'aujourd'hui, avec les mises en réseau, rendent une vie démocratique nouvelle, à cette échelle de masse, non seulement possible mais hautement stimulante.

     

    Pascal Décaillet