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Sur le vif - Page 778

  • Ecopop : on a le droit d'être pour !

     

    Sur le vif - Mardi 21.10.14 - 15.23h

     

    Dans un peu plus d’un mois, l’initiative Ecopop, dont je parle ici depuis plus d’un an, aura été tranchée par le peuple et les cantons. Dans quel sens ? Je l’ignore absolument. Nous verrons bien. En attendant ce verdict, un mot sur la campagne. Pour l’heure, on ne voit et n’entend que les opposants. Tous les partis politiques, y compris l’UDC (ce que je peine à comprendre). Le patronat. Les syndicats. L’écrasante majorité des éditorialistes. Bref, tout ce que la Suisse compte d’officialité représentative, de médiateurs agréés, de porteurs de parole officielle, de Feuilles d’avis de l’opinion majoritaire, entendez par exemple à Genève l’édito de la Tribune, le diapason du pouvoir installé, celui qui ne trompe pas.

     

    Comme pour le 9 février, les opposants rugissent. De leur voix, ils couvrent l’ensemble de l’univers sonore, ont même de leur côté les humoristes. Ils accaparent le texte, le contexte, la marge, l’apparat critique. C’est le livre des opposants, édité par les opposants, financé par Economie Suisse (pas assez, à leur goût, à entendre hier soir Filippo Lombardi), défendu et illustré par les opposants. Fort bien. C’est le jeu. Nous sommes dans un pays libre. Chacun a le droit de s’exprimer. Même si l’insulte dépasse parfois la ligne rouge, comme ce communiqué du NOMES (Nouveau mouvement européen suisse), publié ce matin, qui, nous invitant à un « Concert contre Ecopop », parle d’une « initiative raciste et arbitraire ».

     

    Reste à savoir en faveur de qui joueront ce tintamarre, cette diabolisation. Nous verrons bien, le 30 novembre. Ce qui est sûr, je l’annonce ici depuis plus d’un an, c’est que les thèmes de la masse migratoire et de la protection de l’environnement sont particulièrement chers aux préoccupations des Suisses. Liés l’un à l’autre (pour la première fois), ils pourraient bien avoir la charge explosive nécessaire à dynamiter les réseaux de propagande du camp adverse.

     

    Cette charge, elle est à chercher dans le cœur de nos compatriotes, leur attachement à un pays qui demeure vivable, donc leur rejet d’une Suisse à 12 ou 15 millions d’habitants. Parce qu’ils comprennent très bien, les Suisses, en voyant une carte de leur pays, que ce dernier, constitué principalement de montagnes, n’est pas extensible à souhait : nous ne sommes ni dans la plaine lombarde, ni dans celle de Silésie. Dès lors, vouloir limiter l’augmentation (étrangère ou autochtone) de la population ne relève ni de malthusianisme, ni surtout d’une quelconque xénophobie, ce mot-valise tellement utilisé, et totalement à tort, dans la campagne du 9 février. La question migratoire, en Suisse, ON A LE DROIT DE LA POSER. Le droit de la mettre à l’ordre du jour. Sans se faire insulter, ni traiter de fascistes. Ensuite, les consciences citoyennes diront oui ou non à Ecopop. Mais la question migratoire n’a pas, dans notre pays, à relever du tabou.

     

    Cette question fut d’ailleurs posée le 9 février dernier, Et tranchée dans le sens que l’on sait. Ce jour-là, le peuple et les cantons, souverains, ont dit au Conseil fédéral ce qu’il devait faire. Or, notre gouvernement, notre Parlement, nos très chers élus, depuis plus de huit mois, qu’ont –ils entrepris pour mettre en application cette décision du peuple ? Réponse : RIEN ! Ils ont temporisé. Freiné. Empêché. Fait barrage, au maximum. Déjà, ils parlent de revoter. Comme s’il s’agissait de corriger une anomalie passagère, une parenthèse de l’entendement. Le peuple du 9 février aurait été comme estourbi. Réveillé, il reviendrait à la « Raison ». Eh bien croyez-moi, cette suintante lenteur dans la mise en application du 9 février, elle va aider le camp du oui dans l’affaire d’Ecopop.

     

    Parce qu’il y a, dans ce pays, des citoyennes et des citoyens qui en ont marre. Ils en ont plus qu’assez que des initiatives, dûment munies des signatures requises, soient menacées d’invalidation par des corps intermédiaires, ou alors diabolisées, vilipendées, comme s’il émanait d’elles quelque chose de sale, d’indigne. Alors qu’une initiative est un ORGANE de notre démocratie, dûment reconnu et codifié par notre ordre constitutionnel. Non seulement elle a le droit d’exister, mais lorsqu’un beau dimanche elle est acceptée, elle prouve à quel point, contre tous les corps intermédiaires, elle avait raison d’exister. Sur les thèmes combinés de l’immigration et de l’attachement à l’environnement et au paysage, on l’a vu par exemple avec l’initiative des Alpes ou encore avec Franz Weber, oui, il y a le mélange explosif capable de créer la surprise. Le détonateur sera-t-il assez puissant ? Je l’ignore. Mais chaque insulte des opposants contribue à le renforcer. Verdict le 30 novembre, nous verrons bien. Et demeurerons citoyens fraternels, unis dans une même démocratie, au-dessus des clivages et des divergences.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Ecopop : Bazaine est-il disponible ?

     

    Sur le vif - Lundi 20.10.14 - 18.19h

     

    Il était assez salé, tout à l’heure à 18h, d’entendre le conseiller aux Etats Filippo Lombardi (PDC, TI) se plaindre sur la RSR du manque d’engagement d’Economie Suisse, entendez le patronat, contre l’initiative Ecopop, soumise au peuple et aux cantons le 30 novembre prochain. Ce dont la directrice romande, Cristina Gaggini, se défend : « Les moyens financiers sont à la hauteur de l’enjeu », affirme-t-elle, sans avancer de montant. Chez ces gens-là, Monsieur, on a le chiffre discret.

     

    A la vérité, de quoi se plaint M. Lombardi ? La dernière fois qu’Economie Suisse a sévi dans une campagne de grande envergure, soulevant des thèmes à la fois politiques, identitaires et économiques, c’était sur l’initiative « Contre l’immigration massive », tranchée dans le sens qu’on sait le 9 février. Oui, cet engagement massif du patronat, à coup de millions et de millions, s’est soldé par une Bérézina.

     

    Dès lors, qu’un éminent représentant de la démocratie chrétienne suisse, vieille de plus d’un siècle et dont on imaginait qu’elle avait pour ses campagnes d’autres ressources que celle de l’aumône auprès des forces de l’Argent, vienne publiquement geindre et quémander, il y a quelque chose qui ne grandit pas cette formation politique. Quelque chose d’humiliant.

     

    Humiliant, et surprenant : venir quérir le concours d’un patronat qui a complètement raté la campagne du 9 février, c’est un peu comme si la jeune Troisième République, après l’affaire de Metz, venait solliciter Bazaine pour la tirer d’affaire, dans quelque bataille où l’honneur serait en jeu. Surprenant, oui. Et quelque peu surréaliste.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ecopop : l'Uni de Genève n'aime pas la contradiction ?

     

     Sur le vif - Lundi 20.10.14 - 11.06h

     

    J’aurai largement l’occasion de revenir prochainement, ici même, sur l’ahurissante campagne orchestrée tous azimuts, de façon totalement déséquilibrée, contre l’initiative Ecopop, sur laquelle le peuple et les cantons se prononceront le 30 novembre. De partout on déchaîne le feu contre des initiants auxquels on ne prend pas la peine – ou si peu – de donner la parole. Lorsque la grosse artillerie vient des opposants au texte, on peut à la rigueur se dire que c’est de bonne guerre, encore que le petit jeu, comme pour le 9 février, pourrait bien se retourner contre eux. Mais quand le procédé est utilisé par l’Université de Genève, qui devrait être instance de réflexion et de distance, on se dit que quelque chose ne va pas.

     

    Elle vient de nous envoyer un communiqué, l’Université de Genève, annonçant, pour le 30 octobre prochain, une « journée d’étude » sur Ecopop, un texte dont il nous est tout de suite annoncé, dans l’invitation, qu’il « pourrait  assombrir un peu plus l’avenir européen de la Suisse ». Le ton est donné. Mais il l’est encore bien davantage par le casting : sur six intervenants annoncés, un seul viendra défendre Ecopop : Alec Cagneux, membre du comité d’initiative. Les autres ? Simonetta Sommaruga, général en chef des opposants, Pierre Maudet, membre très européiste d’un Conseil d’Etat ayant annoncé qu’il allait faire campagne contre Ecopop, Edouard Gnesa, haut fonctionnaire, Cesla Amarelle, conseillère nationale socialiste vaudoise, très opposée au texte, et Omar Porras, « l’un des invités culturels de l’événement ». Cinq contre un !

     

    Inutile de dire que seul face à ce beau monde, le partisan d’Ecopop est sympathiquement invité à se rendre au casse-pipe. Dans l’organisation de ce type de déséquilibre, on notera que l’Université de Genève n’en est pas à son coup d’essai : nous avions déjà dénoncé cette dérive dans la campagne du 9 février. Soyons clairs : il ne s’agit pas d’une « journée d’étude », mais d’une polyphonie de l’unisson. Musicalement, c’est une option. En termes de réflexion et d’équilibre, c’est un dévoiement pur et simple.

     

     

    Pascal Décaillet