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Nos préférences à nous

 

Sur le vif - Jeudi 27.11.14 - 12.42h

 

Depuis des années, et déjà bien avant l’apparition de ces deux mots dans le langage politique genevois, je défends l’idée de préférence cantonale. Aujourd’hui, cela semble aisé. Mais croyez-moi : il a fallu traverser bien des solitudes, encaisser bien des attaques, avant de parvenir à cette acceptation du concept. Encore cette dernière n’a-t-elle rien de définitif : en politique, tout peut se retourner, les périodes de protectionnisme et celles de libre-échange alternent, c’est la vie des peuples, la vie des nations.

 

Oui, je suis favorable à la préférence, bien avant qu’on en parle en tant que telle, et qu’un certain mouvement n’en fasse son cheval de bataille. A partir de là, deux possibilités. Soit vous cessez de me lire, vous me traitez de réactionnaire, de frileux, de régressif, de populiste. Nous en resterons là, et nous demeurerons bons amis, car je ne juge jamais un humain à la seule aune de ses idées. C’est même là, dans mon appréciation globale d’un être, l’un des derniers paramètres qui entrent en considération. Ce qui m’amène à des affinités aussi nombreuses à gauche qu’à droite, chez les hommes et les femmes, les catholiques, les juifs, les protestants, les musulmans, les agnostiques, les athées. Et même les ramoneurs.

 

La deuxième possibilité, c’est de m’écouter défendre la préférence cantonale sans aussitôt entrer en catalepsie. A cette catégorie de gens, je commencerai par dire que toute communauté humaine, organisée à l’intérieur de frontières, a ontologiquement pour mission de défendre en priorités les siens. Les citoyens ou les résidents, à voir. Mais en tout cas, ceux qui participent organiquement à la communauté. Dire cela n’a rien de xénophobe, et ceux qui nous brandissent ce mot, nous mentent. La xénophobie, étymologiquement peur de l’étranger, nous amène à rejeter ce dernier, lui coller des étiquettes négatives, l’humilier dans l’essence même de son altérité. Dans le concept de préférence, rien de cela. En aucun cas on n’acceptera la stigmatisation de l’autre. Simplement, on s’efforcera de privilégier économiquement ceux qui sont déjà là. Ceux qui, antérieurement, ont participé à l’effort. Ceux qui, venant d’ailleurs, ont déployé des signes et des preuves de leur attachement aux coutumes et aux traditions locales. Ce trajet d’initiation, loin de se limiter aux seuls Etats, ou cantons, est propre à toute société humaine organisée.

 

Vous me direz : pourquoi défendre seulement la préférence cantonale, confinant cette chronique aux seuls horizons genevois, et ne pas oser (malgré sa connotation en France) le terme de préférence nationale ? Je vous répondrai que vous avez parfaitement raison. Au niveau d’une Genève très exposée – trop – à la concurrence transfrontalière, je défends la préférence cantonale. Et en effet, au niveau national, je soutiens la préférence pour les résidents suisses. Mes positions, depuis des années, ont toujours été parfaitement claires à cet égard, par exemple le 9 février, par exemple Ecopop. Il m’apparaît urgent que notre pays reprenne le contrôle de son immigration. Non pour y renoncer, il n’a jamais été question de cela, et ceux qui l’affirment, nous mentent. Mais pour la RE-GU-LER.

 

Aujourd’hui, cela n’est absolument pas le cas, la libre circulation jouera des tours terribles à notre pays le jour où la croissance se tassera. C’est aujourd’hui qu’il faut anticiper, par un meilleur contrôle des flux migratoires. Dire cela n’a rien de xénophobe, n’affecte en rien l’amitié que nous portons à nos voisins, nos amis, à tous les peuples de la terre. Simplement, la Suisse, faisant le jeu d'un patronat trop gourmand, a trop ouvert les vannes. Le canton de Genève s’est trop laisser emporter, pour le profit d’une minorité, dans l’euphorie transfrontalière. Dans ces deux domaines, à ces deux échelles, l’heure du protectionnisme a sonné. Non pour l’éternité. Mais pour un certain temps. Dans cette phase, nous entrons. J'aspire absolument à ce que cela se fasse sans la moindre haine de l'autre, sans la moindre dévalorisation, en total respect de chaque individu. Mais néanmoins fermement. Il n'y a rien d'incompatible.

 

Pascal Décaillet

 

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