Sur le vif - Vendredi 16.05.25 - 10.34h
En me penchant ce matin sur l'Histoire et la structure musicologique de la Huitième symphonie en mi bémol majeur de Mahler, que j'ai écoutée hier soir sur Stingray Classica, je découvre qu'à la Première, à Munich le 12 septembre 1910, aux côtés de Schönberg, Webern, Bruno Walter, bref les plus grands esprits musicaux de l'époque, il y avait un certain... Georges Clemenceau !
A cette époque-là, le Tigre, 68 ans, a déjà été une première fois (1906-1909), évidemment moins fracassante que son second passage de 1917 à 1920, Président du Conseil. Que fait-il à Munich ? Quel est son rapport à la musique ? Sa présence est-elle simplement protocolaire, ou relève-t-elle d'un intérêt pour l’œuvre de Mahler ? Quelle peut être sa réception de l'éblouissante seconde partie, en allemand (la première, Veni Creator Spiritus, est en latin), qui se réfère à la fin du Faust (1808), de Goethe ?
J'ai toujours pensé, ayant lu toutes ses biographies, que Clemenceau, parfait anglophone (il avait vécu aux Etats-Unis, comme jeune médecin), ignorait tout de la culture germanique. Par sa germanophobie, j'ai toujours expliqué son intransigeance coupable (la suite l'a montré) face à l'Allemagne "vaincue", à Versailles, en 1919.
La réalité de ses appétences culturelles est peut-être plus complexe.
Les chemins de l'Histoire sont truffés de surprises. De questions. De doutes. De remises en cause d'une idée préconçue. C'est leur puissance. Et c'est leur charme.
Pascal Décaillet