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Sur le vif - Page 69

  • Un ministre, ça réussit ou ça s'en va !

     
     
    Sur le vif - Vendredi 08.09.23 - 12.08h
     
     
    Le ministre suisse de la Santé n'a pas à regretter, comme il le fait dans le Tages Anzeiger, l'explosion des primes. Ni à en reporter la responsabilité sur d'autres.
     
    Le patron, c'est lui. Réformer le système, c'est son job, à lui. Convaincre les multiples acteurs, c'est lui.
     
    Un ministre ne se plaint pas. Il ne commente pas. Il réussit, ou il échoue. Dans le deuxième cas, il doit partir.
     
    Il part, justement. Mais sans invoquer son échec dans la gestion des coûts et des primes. Et nous, les Suisses, nous sommes beaucoup trop gentils, tous échelons confondus, avec les élus qui échouent. Une certaine presse leur cherche noise sur des affaires de vie privée, sans le moindre intérêt pour le bien public, mais jamais sur leur bilan.
     
    Ruth Dreifuss : échec.
    Pascal Couchepin : échec.
    Didier Burkhalter : échec.
    Alain Berset : échec.
     
    La LAMAL est vermoulue, de l'intérieur. Face à ce constat, il faut arrêter d'articuler des réformettes. Et oser un changement de matrice. Retrouver le courage visionnaire des pères fondateurs de l'AVS, en 1947.
     
    C'est valable pour les retraites, Et aussi pour notre système de santé, qui doit être revu de fond en comble. Avec la clarté d'une vision. La grandeur d'un dessein. L'audace d'une nouvelle donne. Et surtout, après trois décennies d'errance libérale, le grand retour de l'Etat.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Cornavin : bravo, Pierre Maudet !

     
    Sur le vif - Mercredi 06.09.23 - 12.02h
     
     
    J'ai été, ici même, le tout premier, ce printemps, à dénoncer la décision de Serge Dal Busco de s'empresser d'interdire le trafic automobile aux abord de la gare, plusieurs années avant le début des travaux de rénovation. J'ai dit qu'une fois de plus, il faisait la politique des Verts, des enragés anti-bagnole, pas celle du camp qui l'avait élu. Cette droite, oui, que les dernières élections, ce printemps, ont largement confirmée comme majoritaire à Genève.
     
    Eh bien je veux être le premier, aujourd'hui, à saluer son successeur, Pierre Maudet, qui reporte sine die cette décision absurde, arbitraire, idéologique, tout juste bonne à emmerder les usagers de véhicules.
     
    Pierre Maudet ne donne pas un blanc-seing aux fous du volant. Il n'attaque pas la mobilité douce. Il montre un peu d'intelligence et de raison, dans une guerre de religions.
     
    Voilà un premier signal. Il va dans la bonne direction. Paix des transports, oui. Dictature des Verts, et génuflexion de la droite molle, non.
     
    Pierre Maudet doit néanmoins choisir avec soin ses interlocuteurs. Et s'interdire absolument de dialoguer avec ceux qui, à Genève, préfèrent les actions illégales à la démarche républicaine. Toute subvention d'argent public à ces asticots doit être drastiquement exclue.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Dissertation sur la tristesse du libéralisme

     
     
    Sur le vif - Lundi 04.09.23 - 08.29h
     
     
    Le libéralisme ? Au mieux, une posture intellectuelle de haut vol (Tocqueville, Benjamin Constant, Olivier Reverdin). Au pire dans sa version ultra, depuis trente ans, le dévoiement de tout projet collectif entre les humains.
     
    Chercher le profit, c'est bien, nul entrepreneur ne saurait contester ce but. Mais ériger la réussite personnelle comme seule finalité de l'activité humaine, c'est court. C'est vain. C'est triste.
     
    Nos pays d'Europe continentale, la France, et plus encore l'Allemagne, ne sont pas faits pour le libéralisme. Colbert d'un côté, Bismarck de l'autre, ont lutté toute leur vie pour imposer l'Etat. Coercitif, c'est vrai, mais régulateur.
     
    A part quelques parenthèses, comme Tardieu, même pas Giscard (beaucoup plus étatiste qu'on ne l'imagine), nul homme d'Etat libéral n'a mené la France. Pour ce grand pays, il faut une vision d'Etat. Pour les Allemagnes, aussi : le capitalisme rhénan n'est pas celui des Anglo-Saxons, il s'accompagne d'une puissante action sociale : contrats collectifs, protection contre la maladie, les accidents, cotisations pour les retraites. Quand la Rhénanie est devenue prussienne, après 1815, les patrons des charbonnages de la Ruhr se sont chargés de le rappeler aux fonctionnaires de Berlin ou Potsdam, arrivés avec leur vision théorique, héritée de la grande philosophie de l'Aufklärung. Il faut savoir ces choses-là. Savoir de quoi l'on parle. Le passionnant Musée de la Mine, à Bochum (Nordrhein-Westfalen), que j'ai visité en famille en juillet, rappelle avec génie cet épisode méconnu de l'Histoire industrielle allemande.
     
    Le génie de l'Histoire suisse, c'est que le prodigieux développement économique lancé en 1848, par les radicaux, s'est accompagné très vite d'une formidable réseau de conventions qui donneront naissance, au vingtième siècle, à nos grandes assurances sociales, au premier rang desquelles l'AVS, évidemment, en 1947.
     
    L'essor de l'économie (et cela, les quelques "vrais libéraux", nous en avons à Genève, le savent) n'est rien sans une pensée d'Etat. Oh, pas l'Etat tentaculaire des socialistes, pas l'Etat gourmand, l'Etat-Moloch de la gauche, pas les armées de fonctionnaires. Mais un Etat svelte, solide, musclé, attentif à ses fonctions régaliennes. Dans lesquelles, pour ma part, j'ai toujours inclus la cohésion sociale.
     
    Sans la cohésion sociale, la Suisse n'existe pas. Ni la France, ni l'Allemagne. A cet égard, dans les débats capitaux sur l'avenir de nos retraites ou de nos systèmes de santé (les seuls débats qui vaillent, en cette période d'élections fédérales), l'homme de droite que je suis, mais d'une droite sociale, populaire, patriote et joyeuse, ne peut que regretter le vide absolu de propositions de la part de la droite libérale. Toutes les idées (qu'on les partage ou non) avec un peu d'ampleur, de vision d'Etat, viennent de la gauche : fusion des deux piliers, treizième rente AVS, Caisse unique, Caisse publique, primes en fonction du revenu.
     
    Dans la droite libérale, le désert ! Tout au plus, comme des diablotins surgis d'une boîte, l'émergence, ici ou là, de quelques cabris poudrés de l'ultra-libéralisme, pour nous suggérer des pistes qui relèvent davantage de l'Angleterre de Dickens que de la conception d'Etat de notre Europe continentale.
     
    Les radicaux de 1848 nous manquent. Ils représentent, à ce jour, la forme la plus achevée de ce que la Suisse a pu offrir : la jonction entre puissance économique, évidemment vitale, et construction d'un édifice collectif. Une Maison commune : c'est peut-être cela, la politique.
     
     
    Pascal Décaillet