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Sur le vif - Page 528

  • PMF, je pense à vous !

     

    Sur le vif - Mercredi 06.02.19 - 14.48h

     

    Malgré son style austère et ses défauts de caractère, Pierre Mendès France (1907-1982) est, avec Charles de Gaulle et Willy Brandt, l'un des hommes d'Etat du vingtième siècle que j'admire le plus. J'ai absolument tout lu sur lui. J'ai mené aussi un colloque sur PMF en 2009, Salle des Abeilles, à l'Athénée, organisé par Manuel Tornare, en présence de Pascal Couchepin, et d'une belle brochette de personnalités, dont Eric Roussel, l'un des meilleurs biographes de Mendès.

     

    Ce qui m'impressionne chez PMF, c'est la parfaite clarté, la totale cohérence de ses engagements. Il s'est donné un mois, dans son discours d'investiture, le 18 juin 1954, pour trouver une issue à la Guerre d'Indochine : en un mois, il l'a trouvée. Il n'est resté, en tout, que sept mois au pouvoir, du 18 juin 1954 au 5 février 1955.

     

    Intransigeant. Solitaire. Insupportable. Mais homme d'Etat, au moment où c'était son tour d'assumer le destin de la France. Sept mois, seulement ! L'antithèse incarnée de ceux qui s'accrochent au pouvoir.

     

    Je pense à lui tous les jours. Comme je pense tous les jours à Frédéric II de Prusse, à Bismarck, à Willy Brandt, à de Gaulle, à Gamal Abdel Nasser. Mais là, je pense plus particulièrement à Pierre Mendès France, parce que la politique a, comme exigence première, la clarté des engagements. Et je ne suis pas totalement certain que ce chemin soit celui que prend Genève. A en juger, en tout cas, par le traitement infligé par les parlementaires aux dossiers les plus lourds et les plus concernants pour les gens. Par exemple, celui de la retraite des fonctionnaires.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Au coeur du chaos, une femme émerge

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 06.02.19

     

    Genève est en état de déliquescence. A peine élu pour cinq ans, le nouveau gouvernement a été touché de plein fouet par une série d’affaires touchant celui qui devait être, pour toute la période, son président. La suite, on la connaît : le président a cessé de l’être, puis ses pairs l’ont progressivement démis d’une impressionnante quantité de dossiers. On l’a littéralement dépouillé de la plupart de ses prérogatives. Il ne lui reste que vingt à trente personnes, pour accomplir une mission « d’accompagnement », du côté de la promotion économique. Bref, la Roche tarpéienne. Abandonné de tous, à l’exception d’une garde prétorienne de fidèles, l’homme s’accroche. C’est son droit. Rien ni personne, en l’état, ne peut démettre un magistrat en exercice, c’est ainsi.

     

    Mais il faut bien que la vie continue. Si l’affaire avait éclaté en fin de législature, on aurait tranquillement laissé le ministre indésiré blanchir, quelques ultimes semaines, sous le harnais, en attendant les élections. Mais là, contrairement à la Bible, l’Apocalypse survient au tout début ! Imaginez une histoire commençant par une catastrophe, un peu comme le « Tremblement de terre au Chili », l’éblouissante nouvelle signée Heinrich von Kleist (1777-1811). Une fois le séisme survenu, que faire ? C’est toute la difficulté, pour les plus de quatre ans qui restent, de l’actuel gouvernement genevois. La bonne volonté des hommes et des femmes qui le composent n’est pas en cause, mais la donne de départ est sacrément pourrie. L’enjeu est simple : depuis des mois, toutes les attentions sont focalisées sur un seul homme. Il faut désormais cesser de parler de lui, réhabiliter les thèmes, se remettre à faire de la politique.

     

    Dans ces circonstances, on souhaitera sincèrement bonne chance à chacun des six magistrats restants. Mais un constat s’impose : au cœur du chaos, une femme émerge. Elle s’appelle Nathalie Fontanet. Ministre des Finances, collègue de parti du magistrat en difficulté, voilà une conseillère d’Etat qui garde son calme, ne se laisse en aucun cas démonter. Surtout, elle défie le risque de paralysie générale en débloquant, avec l’appui du Parlement, le dossier si épineux de la réforme de l’imposition des entreprises. On pensera ce qu’on voudra du compromis entre la droite et les socialistes (186 millions pour aider les gens à payer leurs primes maladie), on le combattra même le cas échéant, mais comment ne pas saluer la présence – enfin – d’une percée, au milieu d’un champ politique tétanisé !

     

    Peut-être assistons-nous à l’émergence d’une femme d’Etat. Libérée des tutelles. Affranchie des influences trop pesantes, au sein même de sa formation. Voici désormais Nathalie Fontanet en première ligne de son camp politique. Ses premiers signaux montrent un sens du mouvement, une capacité de compromis, en un mot la mise en application d’une intelligence politique. Qu’on partage ou non ses idées, réjouissons-nous de cette étincelle de survie, au milieu des ténèbres.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Laissons l'écume vivre sa vie d'écume

     

    Sur le vif - Mardi 05.02.19 - 14.40h

     

    De même que le propos prime sur l'apparence, l'énergie du verbe sur l'artifice de l'adjectif, l'analyse politique doit considérer en priorité les mouvements lourds, les tendances de fond. Elle ne doit s'attarder ni sur les personnes, ni sur l'anecdote, ni sur le futile.

     

    Ainsi, les mois perdus à pérorer sur un seul conseiller d'Etat, pour l'attaquer ou pour le défendre, apparaissent comme particulièrement vains face à des dossiers comme l'avenir de la retraite des fonctionnaires (CPEG) ou la réforme de l'imposition des entreprises (RFFA).

     

    Les médiateurs survivront, pour peu qu'ils soient capables de faire survivre le sens. Et non de provoquer l'évaporation de ce dernier par l'omniprésence de l'anecdote.

     

    Privilégions à fond les thèmes sur les personnes. Traitons les sujets qui concernent en profondeur les gens. Laissons l'écume vivre sa vie d'écume. Quelque part, dans les horizons perdus de la surface.

     

    Pascal Décaillet