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Sur le vif - Page 522

  • CEVA : le tarif

     

    Sur le vif - Jeudi 11.04.19 - 00.04h

     

    Pour moi, c'est très simple : si, d'ici cet automne, chaque gare du CEVA n'est pas pourvue de toilettes absolument impeccables, gratuites, propres, régulièrement entretenues, accessibles à toutes les catégories d'usagers, alors c'est boycott de l'inauguration par la population genevoise. Et boycott du CEVA.

    On s'en est passé pendant deux mille ans. On pourra bien attendre un peu.

    Quant aux pisse-froid des CFF, on les emmerde.

    Ai-je été assez clair ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Genève-Annemasse, Paradis sans odeur !

     

    Sur le vif - Mercredi 10.04.19 - 15.41h

     

    La nouvelle, dévoilée hier soir par la Tribune de Genève, est proprement hallucinante : les puissants penseurs du CEVA, ceux-là même qui depuis plus d’une décennie nous administrent la morale sur la post-modernité salvatrice de ce futur RER transfrontalier, ont omis d’installer des toilettes dans les gares genevoises !

     

    Ils ont pensé à tout, sauf au besoin le plus essentiel, le plus banal, le plus somatiquement trivial de tout humain, entre zéro et 110 ans : se soulager. Ils ont pensé à nous prendre de haut, en 2009, nous traiter d’archaïques, nous faire la leçon sur l’aspect ringard de la frontière. Ils étaient, eux, la modernité, nous étions le paléolithique. Ils nous ont extorqué près de deux milliards, mais c’était pour la bonne cause : payez, vaches à lait, payez petits indépendants, payez, en plus des primes, des impôts, de toutes les taxes de l’univers, payez pour la sainte porosité entre Genève et Annemasse, première étape sur le chemin du Paradis.

     

    Ils ont pensé à tout. Des structures de luxe, par endroits. La grande leçon sur la ville réinventée, côté Gare des Eaux-Vives, le haut-lieu du théâtre jouxté aux divinités ailées du Commerce. Hermès, le dieu rapide, le dieu qui court, le dieu qui vole, Hermès pour transcender l’espace urbain, nous transporter dans les délices ailées d’un nouveau monde. Face à la puissance de ce rêve, oser douter, en 2009, relevait du sacrilège : on avait sur le dos les députés bétonneurs, ceux du bois, ceux du bâtiment, ceux du métal, ceux du gros-œuvre, ceux du jeudi, ceux de la Sainte Scène du Progrès.

     

    C’était puissant. C’était pensé. C’était conceptuel. Nous n’avions qu’à nous plier. Et payer, payer, payer encore. Ils avaient juste oublié que l’être humain est de chair et de sang, de liquide et d’humeurs mêlées. Et que, plusieurs fois par jour, par exemple en attendant le Train de la Rédemption qui le conduira dans la pure ivresse des premiers faubourgs d’Annemasse, il doit se soulager. Car celui qui boit, pisse. Celui qui vit, pisse. Celui qui revient de son travail, pisse. Celui dont le cœur palpite, pisse. Celui qui rumine des concepts, pisse. Celui qui rêve de lendemains qui chantent, pisse. Celui qui se ronge d’antiques nostalgies, pisse.

     

    Nous tous, humains, nous pissons. Mais cet infime détail, nul Grand Architecte, nul puissant géomètre, nul raisonneur du jeudi ne semble l’avoir intégré dans l’immensité galactique de ses réflexions. Mesdames et Messieurs du CEVA, vous vous êtes abondamment foutus de notre gueule. Vous nous avez abreuvés de concepts. Vous aviez juste oublié que nous étions des humains.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Petit Prince orléaniste

     

    Sur le vif - Mardi 09.04.19 - 09.41h

     

    Macron n'est jeune que par l'âge. Accroché à son multilatéralisme, à son européisme, à son cosmopolitisme purement conceptuel (ah, les schémas de pensée des philosophes !), il camoufle en son for l'âme d'un vieux conservateur.

    Surtout, ne rien changer ! Surtout ne pas mettre en cause, une seule seconde, le chemin vers la dépossession de souveraineté entamé par la France dès 1992 (Maastricht), et même avant, à bien des égards.

    Surtout ne pas vouloir prendre en compte le retour, partout en Europe, d'une idée nationale jetée aux orties par les spéculateurs de la grande finance virtuelle, les usuriers de l'échange, les bradeurs de frontières, les marchands du Temple.

    Surtout, diluer les deux revendications, parfaitement claires et repérables, des Gilets jaunes : justice sociale et démocratie directe. Noyer cette clarté dans la confusion - construite et préméditée - d'un "Grand débat", articulé autour du Prince, pour le mettre en scène en majesté. Macron prend les Français pour des simples d'esprit.

    L'épisode Macron représente l'ultime répit de l'Ancien Monde. Un autre arrive, surgi de la terre et des entrailles de la nation. Il exige qu'on écoute désormais les peuples, et demande qu'on mette en place des mécanismes de démocratie directe.

    Ce Nouveau Monde, en printanière germination, ne veut plus des élites autoproclamées. Il ne veut plus des BHL. Il ne veut plus des Cohn-Bendit. Il ne veut plus des Kouchner. Il veut, comme d'autres l'ont voulu à la fin du dix-huitième siècle, l'instauration d'un nouvel ordre.

    Cela porte un nom : cela s'appelle, partout en Europe, une volonté révolutionnaire. Le Petit Prince orléaniste ne pourra rien, à terme, contre la puissance tellurique de ce mouvement.

     

    Pascal Décaillet