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Sur le vif - Page 409

  • Commencer, c'est bien. Durer, c'est mieux.

     

    Sur le vif - Dimanche 19.04.20 - 16.41h

     

    Journalistes économiques, certains d'entre vous, acquis à l'idéologie ultralibérale, nous bassinent depuis vingt ans avec les "start-ups". Je n'ai jamais aimé ce mot. D'abord, parce qu'il est anglais, et qu'ici nous parlons français. Surtout, parce qu'il fige la fascination, comme tous les effets de mode, sur ce qui commence.

    Commencer, c'est bien. Il faut bien se lancer une fois. Mais j'apprécierais que nos chroniqueurs libéraux daignent aussi marquer un peu d'intérêt pour les entreprises qui, ayant un jour commencé, ont eu comme particularité de durer.

    Parce que, pour une entreprise, c'est bien joli de commencer. Avec le champagne du premier jour. Mais durer !

    Tenir. Des mois, des années. Assumer ses responsabilités. Honorer ses paiements. Garder la confiance de ses clients, partenaires. Être utile.

    Le vrai combat n'est pas dans l'ivresse des premiers jours. Mais dans la ténacité. Le mot "start-up" fait penser à un sprint, comme le mot "starting-blocks". Le vrai entrepreneur, l'homme ou la femme qui vraiment mérite ce titre, c'est celui ou celle qui dure. Contre vents les marées.

    Alors voilà, chers chroniqueurs de la réussite facile. Dépassez, je vous prie, la fascination des inaugurations. Et penchez-vous sur le secret des réussites de long terme. Vous n'y découvrirez ni bruit, ni fureur, ni poudre aux yeux, ni effets de marketing. Mais de la passion. Du courage. De l'endurance. De la confiance. De l'estime partagée avec les gens pour qui l'on travaille. De la compétence. Et aussi, sans doute, beaucoup de solitude.

     

    Pascal Décaillet

  • Vous avez dit "paresse", M. Parmelin ?

     

    Sur le vif - Dimanche 19.04.20 - 09.32h

     

    Guy Parmelin, revenu annuel 454.581.- francs (état au 01.01.20), rente à vie, ose prononcer le mot "paresse" à l'endroit de ses compatriotes, touchés de plein fouet par la crise, qui ont le mauvais goût de solliciter une aide !

    M. Parmelin doit, très vite, prononcer des excuses.

    Voilà des gens, dans notre pays d'honnêtes travailleurs, ponctuels dans les délais, soucieux de qualité et de finitions, qui vivaient de leur boulot, ne s'en plaignaient jamais, au contraire adoraient ça. Des gens qui construisaient la prospérité de notre pays.

    D'un jour à l'autre, Berne leur a interdit d'exercer leur activité professionnelle. C'est le cas le plus violent de Berufsverbot depuis qu'existent les grandes libertés d'activité, conquises par la bourgeoisie contre la noblesse de robe, au moment de la Révolution française.

    L'un des pays les plus bosseurs du monde. La dignité, par le travail. La confiance mutuelle, par la qualité. Tout cela, d'un coup, aux orties.

    Et voilà Maître Parmelin qui vient leur faire la leçon. Les Suisses, le jour venu, sauront s'en souvenir. De même qu'ils auront, après la crise, à remettre à leur place des exécutifs qui ont, à la faveur de cette tourmente, beaucoup trop pris leurs aises. Dans notre pays, les élus sont là pour servir. Pas pour faire la morale aux citoyennes et citoyens.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La génération Contras

     

    Sur le vif - Vendredi 17.04.20 - 18.46h

     

    Je les appelle "la génération Contras". Ils nous ont abreuvés, pendant toutes les années 80, de reportages sur les événements du Nicaragua. Non que ces derniers fussent dénués d'importance, mais c'était la tournure, le tropisme Nicaragua qui était, à mes oreilles, insupportables.

    Il y a toute une génération de journalistes qui ont vécu une véritable pâmoison pour ce qui se passait en Amérique centrale, ou latine. Ils n'étaient heureux que lorsqu'ils pouvaient prendre l'avion, pour aller nous brosser le portrait de quelque guérillero charismatique, visage de saint, regard de braise.

    Il y avait d'autres théâtres d'opérations, dans le monde, qui auraient pourtant pu retenir leur intérêt : ainsi, dès la mort de Tito, le 4 mai 1980, le scénario d'une décomposition de la Yougoslavie devenait, pour qui savait lire l'Histoire, parfaitement envisageable. Mais les Balkans, c'était l'Europe. Et l'Europe, pour nos Conquérants d'un nouveau monde, dignes épigones de José-Maria de Heredia, ça n'était pas assez loin. Tandis que le Nicaragua...

    Je n'ai pas aimé la génération Contras. Ni leur propension à l'éloignement géographique, ni la complicité de leurs chefs, notamment à la TSR de ces années 70-80, qui sont passés complètement à côté, à part pour la Pologne, de ce qui s'éveillait en Europe centrale et orientale. Ce sont les mêmes chefs, et la même génération Contras qui, une fois les Balkans en plein éclatement (à partir de fin 1990), dénués du moindre outillage intellectuel sur l'Histoire de cette région, sont passés totalement à côté des enjeux réels de ce théâtre d'opérations.

    Alors, face aux événements des Balkans, pendant toute la décennie des années 90, la génération Contras, au lieu de faire de la lecture politique et historique, nous a fait de la morale et de l'humanitaire. Elle a diabolisé un camp (les Serbes), sanctifié les camps d'en face. Elle n'a venu venir ni l'instrumentalisation du conflit par les États-Unis d'Amérique, ni le rôle des services secrets allemands. La génération Contras nous a fait du BHL, chemise blanche et leçons de morale.

    On espère, un jour, une étude sérieuse sur la génération Contras. En reprenant les téléjournaux TSR de ces années 70 et 80. Et en les confrontant, par exemple, à ce qui se passait à ce moment-là dans une Europe méprisée, parce que moins légendaire que les jungles d'Amérique centrale.

     

    Pascal Décaillet