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Sur le vif - Page 312

  • Les illuminés de la 27ème heure

     
    Sur le vif - Mercredi 06.01.21 - 18.50h
     
     
    Les revoilà, les éternels retardataires ! Les illuminés de la 27ème heure ! Nous avons, pour notre part, passé l'année 2020 à condamner la dictature sanitaire, dans les Cantons comme à Berne, défendre les cafetiers, restaurateurs, hôteliers et commerçants. Les retardataires, eux, ont passé la même année à nous faire la morale ! Au nom du respect qui serait dû à l'autorité. Comme si les exécutifs devaient être respectés en soi, comme sous l'Ancien Régime les patriciens, indépendamment de leurs actes.
     
    Et les voilà enfin, les éternels retardataires, qui commencent à dire la même chose que ce que nous avancions, nous, pendant toute l'année 2020 ! Je leur souhaite évidemment la bienvenue. Mais je les invite, la prochaine fois, à exercer leur lucidité, face au pouvoir en place, un peu plus en direct, en simultané avec les abus de pouvoir des exécutifs. Et un peu moins avec six ou neuf mois de retard.
     
    Je les invite, dans la foulée, à réfléchir à la notion de respect de l'autorité. Et à éviter de verser, en la matière, dans toute espèce d'absolutisme.
     
    Aux éternels retardataires, je préfère encore mes adversaires. Ceux qui, dès le début, étaient d'accord avec le confinement, les mesures de fermeture, la mise en ruine de notre économie. Je combats certes férocement leur point de vue, mais eux, au moins, sont cohérents.
     
    Pour ma part, je continuerai, avec éveil et passion, de proposer des décryptages sur la vie politique, les enjeux de pouvoir, les réalités sous les apparences et les paravents. Je continuerai donc à me faire des ennemis. Ca tombe bien, je suis un combattant.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Hugo et Richard : deux génies, comme deux silex

     
    Sur le vif - Mercredi 06.01.21 - 15.58h
     
     
    L'un des prochains épisodes de ma Série Allemagne (j'y travaille ces temps, sur une quinzaines de thèmes en parallèle) : le couple prodigieusement fertile formé par deux génies, le musicien munichois Richard Strauss (1864-1949), l'un des plus grands, et le poète et dramaturge viennois Hugo von Hofmannstahl (1874-1929).
     
    Fruits de ces deux esprits fulgurants : Elektra (1908), Der Rosenkavalier (1910), Ariadne auf Naxos (1916), Die Frau ohne Schatten (1917), Die ägyptische Helena (1927), Arabella (1932).
     
    C'est Bernhard Boeschenstein, il y a 42 ans, qui m'a initié, en profondeur, au second. Et la vie qui, depuis toujours, m'a jeté dans la musique du premier. Et pas seulement ses opéras ! Toute l'oeuvre !
     
    Dans mon texte, je tâcherai d'expliquer le miracle de la rencontre entre la versification de Hofmannstahl et la prosodie musicale de Strauss. Et de reconstituer l'horizon d'attente du public musical viennois, au tournant des deux siècles.
     
    Une rencontre sublime, entre ces deux créateurs. Comme Brecht et Kurt Weill. Alban Berg et Frank Wedekind. Mozart et Lorenzo da Ponte.
     
    Hugo et Richard : épisode à paraître dans les mois qui viennent, je ne sais trop quand. Mais ce sera, dans mon processus intérieur, une étape décisive. Par rapport à des émotions littéraires de ma jeunesse. Et musicales, de toute ma vie.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'Allemagne ? Non, les Allemagnes !

     
    *** Dissertation intermédiaire sur la complexité des réalités allemandes - Lundi 04.01.21 - 16.35h ***
     
     
    L'Allemagne, au singulier, ça ne veut pas dire grand-chose, même aujourd'hui. Il n'y a, certes, qu'une seule Allemagne depuis 1866, consacrée par la proclamation de l'Empire dans la Galerie des Glaces de Versailles en 1871, mais la diversité politique, dialectale, culturelle, et longtemps confessionnelle du monde germanique m'amène, vous l'avez remarqué, à utiliser très fréquemment le pluriel : "Les Allemagnes".
     
    Il n'y a, certes, qu'une seule Allemagne depuis 1866. Encore faut-il rappeler qu'entre 1949 et 1989, il y en eut deux : celle de l'Est et celle de l'Ouest, nomenclatures qui pour moi (même dans ma jeunesse) n'ont jamais eu le moindre sens : pour la seule DDR, il faut parler de la Prusse, de la Saxe, et de la Thuringe. Oui, les réalités allemandes, c'est complexe ! Et puis, à l'Ouest, quels points communs entre un catholique conservateur bavarois, et un social-démocrate protestant de Basse-Saxe ou des villes hanséatiques ? Entre un Franz Josef Strauss et un Willy Brandt, ou un Helmut Schmidt ?
     
    On pourrait, tel François Mauriac, se réjouir, juste au lendemain de la guerre, qu'il y ait deux Allemagnes : plus il y en a, plus elles sont divisées, mieux la France se porterait. La logique de Mazarin, au fond, lors des Traités de Westphalie (1648), alors que les Allemagnes, dévastées pas la Guerre de Trente Ans, ne sont plus que cendre et poudre, trois siècles avant l'autre ruine immense, celle de 1945.
     
    Mais il faut aller plus loin. Considérer la diversité ontologique d'un monde germanique, qui alla jusqu'à regrouper plus de 300 Etats. Reconnaître les différences. Aller goûter la bière munichoise, le massepain de Lübeck, la salade sucrée de Lüneburg, les Knödel de Franconie, le requin de la Baltique, vendu dans mon enfance sur les devantures des kiosques, en pleine campagne du Schleswig-Holstein. Nous nous arrêtions pour en acheter, comme pour les fraises ou les abricots, dans l'été valaisan.
     
    Reconnaître la diversité. Mais passer une vie, par la lecture, à tenter de comprendre ce que ces peuples peuvent avoir en commun. La langue, bien sûr, malgré le foisonnement dialectal. L'idée de nation allemande, celle de Fichte (cf. mon épisode de 2015 sur le sujet). La Bible de Luther. L’œuvre de Jean-Sébastien Bach, celle de Beethoven, celle de Wagner, celle de Richard Strauss. La poésie de Friedrich Hölderlin. Les romans de Thomas Mann. Le théâtre de Brecht. Les films de Fassbinder. Les gravures de Dürer, que j'ai eu la chance immense de découvrir à Nuremberg, en 1971, l'année du 500ème.
     
    Une seule Allemagne, capable de singulariser toutes les autres. Oui, mais laquelle ? Toute tentative unitaire, dans l'ordre politique comme dans celui de la culture, se heurte au réveil des différences, c'est le charme et l'impossibilité de l'équation germanique. Quelque part, l'Allemagne du Saint-Empire, défait en 1806 par la victoire de Napoléon à Iéna. C'est celle des liens avec le Sud, l'Autriche, la Bohême. Ailleurs, l'Allemagne de l'Ostpolitik, celle des Saxons, des Prussiens, de la Hanse : celle de Frédéric II et de Willy Brandt.
     
    Le destin allemand, entre ces tropismes contradictoires, a quelque chose d'un attelage écartelé, plusieurs chevaux forçant la course dans des directions différentes. Et aussitôt, une Cantate de Bach, quelques mots de Luther, un dialogue final entre la Walkyrie et son père, un passage de Heiner Müller ou Christa Wolf, quelques vers de Paul Celan, comme la Niemandsrose, la Rose de Personne, sur la frontière invisible entre l'être et le néant, et c'est la vision unitaire qui reprend le dessus.
     
    Dès la fin de mon enfance, et très puissamment déjà dans l'adolescence, j'ai senti ce Noeud Gordien entre diversité et unité. C'était encore à l'époque du Mur. Sur lequel j'avais le déroutant privilège de me promener. Quelque part, sur la frontière historique entre la Saxe et la Prusse.
     
     
    Pascal Décaillet