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Sur le vif - Page 314

  • Aucune manif ne doit se dérouler jeudi à Genève !

     
    Sur le vif - Lundi 26.10.20 - 18.40h
     
     
    Il n'est absolument pas question, dans les circonstances actuelles, que le Conseil d'Etat commette l'incroyable lâcheté d'autoriser la manifestation annoncée jeudi par les fonctionnaires.
     
    Le Conseil d'Etat, en totale cacophonie avec le Conseil fédéral, bref toutes les autorités discordantes que la Suisse peut compter, nous bombardent de mesures de plus en plus coercitives, maximum de 5 personnes dans les réunions, masques bientôt partout, distances entre les gens.
     
    Soit. Ces mesures, les citoyennes et citoyens que nous sommes, dans leur écrasante majorité, les acceptent. Nous comprenons qu'il faut jouer collectif pour gagner, nous le saisissons parfaitement nous-mêmes, nous n'avons pas besoin que des magistrats passent leur temps à prendre des tonalités de maîtres - et de maîtresses - d'école pour nous le rappeler. Ils feraient mieux de mettre un peu de cohérence dans la batterie dissonante de leurs décisions.
     
    Nous les acceptons, ces mesures. Mais ça n'est pas pour que le gouvernement genevois se foute éperdument de notre gueule - et je pèse mes mots - en laissant faire, jeudi, une manif sur la place publique.
     
    Il ne faut pas venir nous raconter que les "rassemblements politiques" tombent sous d'autres lois, ou directives, que ceux du commun des mortels. On s'en fout ! On ne veut tout simplement pas entendre ça, dans le contexte de coercition générale, et de limitation progressive des libertés publiques et individuelles que nous vivons. La manifestation de jeudi ne doit pas être autorisée.
     
    Oh, le fond du problème, nous l'avons bien compris : personne, à Genève, n'ose se mettre à dos la fonction publique, tant elle est pléthorique, constituant en cela un électorat qu'il s'agit de bichonner, et avec lequel le clientélisme le plus éhonté se pratique.
     
    Le pire, c'est que même le parti qui se proclamait celui des Gueux se comporte avec les fonctionnaires - une catégorie bien précise d'entre eux, tout au moins - comme le plus gauchiste des partis de gauche. Ce mouvement, qui perd toute flamme à force de s'incruster dans le système, ferait mieux de s'intéresser au sort des petits indépendants, des artisans, des toutes petites entreprises, des chômeurs, des apprentis sans emploi, de jeunes sans espoir professionnel, des seniors augmentés de 10 francs par mois en 2021.
     
    La manifestation de jeudi ne doit pas avoir lieu. Elle est indécente sur le fond, et dangereuse dans le contexte sanitaire que nous traversons. Le Conseil d'Etat doit faire preuve de courage. Sinon, c'est la perte de confiance, irrémédiable, avec la population.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Lumières et extincteur

     
    Sur le vif - Lundi 26.10.20 - 14.09h
     
     
    Les premiers à prôner la liberté d'expression, avec de belles paroles héritées des Lumières et de l'Aufklärung, sont en général les premiers à exiger une exception, dès que l'usage, par un tiers, de cette liberté vient toucher leur zone de sensibilité.
     
     
    C'est valable pour tout le monde, sans exception. Nous avons tous, quelque part en nous, un sanctuaire intime, dont nous ne tolérons nulle pénétration. Nul d'entre nous n'est un observateur parfaitement neutre, comme s'il était coupé du monde sensible, de ses racines, de ses entrailles. Tout humain vient d'une mère, vous aurez peut-être noté ce détail, à moins que le goût du syllogisme ait tué en vous jusqu'à cette matricielle mémoire.
     
     
    Nos beaux esprits, tout heureux de s'être trempés dans quelques philosophes du dix-huitième, en Angleterre, en France, en Allemagne, ne jurent que par les Lumières. Mais, aussitôt touchés à vif dans une sensibilité intérieure qui est notre lot à tous, deviennent aussitôt, par un retournement astral, les plus redoutables experts dans le maniement de l'extincteur.
     
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le temps des gueulards est passé

     
    Sur le vif - Samedi 24.10.20 - 18.22h
     
     
    RSR : je viens de capter un débat entre la Présidente du PS du Valais Romand et le Président de l'UDC du Valais Romand, qui fait plaisir à entendre.
     
    Sur un sujet majeur, et brûlant d'actualité, la gestion de la crise sanitaire par les autorités valaisannes, Barbara Lanthemann et Cyrille Fauchère nous ont, l'un comme l'autre, malgré leur net désaccord sur le fond, offert le modèle d'un échange entre deux personnes intelligentes.
     
    Il est loin, en Valais comme ailleurs, le temps des gueulards. De nouvelles tonalités, dans le débat politique, commencent à poindre, et elles sont heureuses. Les deux Présidents de partis particulièrement opposés, en Valais, viennent de s'expliquer sans la moindre élévation de voix, le moindre éclat sonore. Nous avons, d'un côté comme de l'autre, eu droit à des arguments, et ça fait du bien.
     
    Pour ma part, j'anime tous les soirs, depuis quinze ans, des débats à Genève, après en avoir animés pendant dix-sept ans dans toute la Suisse, notamment sous la Coupole fédérale. Là aussi, même auprès des légendaires amygdales bronzées du bout du lac, la petite musique de la discussion politique évolue vers le mieux.
     
    Avec une singularité que j'ai maintes fois soulignée déjà, mais que j'ai plaisir à rappeler : dans cette évolution positive, l'exemple vient des jeunes. Il existe, à Genève, une nouvelle génération politique, à laquelle je suis depuis longtemps très attentif, et qui sait débattre sans s'insulter. Des arguments. Des mots. Des phrases, et non des coups d'éclat. Cela, tous partis confondus.
     
    Le temps des gueulards est passé. La page est tournée. Qui s'en plaindra ?
     
    Pascal Décaillet