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Sur le vif - Page 306

  • Sainte Kamala, icône

     
    Sur le vif - Dimanche 08.11.20 - 13.57h
     
     
    Et c'est parti pour la mise en icône de Kamala Harris ! Personne, en Suisse romande, ne connaît cette femme. Personne, hormis quelques spécialistes de la politique américaine, n'avait entendu parler d'elle, avant que Joe Biden ne la choisisse comme colistière.
     
    Personne ne la connaît. Mais tout le monde l'adule. En raison de sa vision politique ? De ses priorités ? De sa conception du monde ? On ne les connaît pas, si ce n'est quelques vagues préjugés progressistes.
     
    Non. On sanctifie Kamala Harris, comme on a sanctifié Obama en 2008, sans la connaître vraiment. Parce qu'elle est femme. Par le jeu de ses apparences, qui sécrète l'illusion qu'elle va casser la baraque, et renouveler le mythe kennedyen des Nouvelles Frontières.
     
    Il y a des gens à qui on fait le procès de sale gueule. Kamala Harris, Barack Obama, c'est le contraire. On les propulse dans le firmament, par bénéfice d'image.
     
    Joe la Terreur l'a bien compris, en la mettant sur sa liste. Conscient de son propre déficit de charisme, il avait besoin d'un coup marketing. Et il a transformé son essai. Sacré Joe !
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les justiciers de la 25ème heure

     
    Sur le vif - Dimanche 08.11.20 - 10.41h
     
     
    Lorsque François Longchamp était au sommet de son pouvoir, et qu'il pouvait, tout à loisir, actionner ses réseaux de l'ombre dans la République, avec son commis de basses oeuvres, je le disais. J'attaquais François Longchamp. Et j'étais bien seul. Partout, on me disait : "Fous-lui la paix, c'est un homme très intelligent", ce dont je n'ai d'ailleurs jamais disconvenu.
     
    Lorsque Pierre Maudet, il y a quelques années encore, trônait au faîte de sa puissance, et faisait jouer les fusibles sur de grands policiers, qu'il humiliait en public, je le disais. J'imagine que le nom de M. Cudré-Mauroux vous rappelle quelque chose. Je l'avais défendu, j'avais incendié le système Maudet. Et j'étais bien seul. Partout, on me disait : "Fous-lui la paix, c'est un homme très intelligent", ce dont je n'ai jamais disconvenu. Je me souviens de deux confrères genevois qui avaient pris la défense de leur cher ministre, estimant que ma thèse du fusible relevait de la parano. Les deux mêmes, lorsque Maudet est tombé, ont été les premiers à se ruer sur lui. Moi, dès ce moment, je l'ai laissé tranquille. Je ne touche jamais un homme à terre.
     
    Aujourd'hui, c'est Mauro Poggia qui dysfonctionne. Un homme dont je reconnais l'intelligence, la compétence, le souci du bien public. Mais il a beaucoup trop de pouvoir, règne par ukases, ne supporte pas la moindre critique. Alors, simplement, sans haine, je le dis. Parce qu'il s'agit de dire les choses, au plus juste. Et je suis bien seul : "Fous-lui la paix, c'est le seul qui bosse !", ce dont je ne disconviens (presque) pas.
     
    La morale de l'Histoire ? C'est qu'en analyse politique, il faut être un peu réveillé. Rapide. Juste. Parce ce que, désolé, les justiciers de la vingt-cinquième heure, ceux qui lèchent l'homme de pouvoir au sommet de sa gloire, et le piétinent avec la meute s'il vient à tomber, non merci. Pour ces éternels retardataires, dépourvus de courage et de puissance de solitude, j'éprouve une considération relativement limitée.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le trumpisme n'est pas mort !

     
    Sur le vif - Samedi 07.11.20 - 18.14h
     
     
     
    Il faut les entendre, les surexcités de la RTS, à commencer par leur envoyé spécial qui nous a dégommé Trump, tous les samedis, pendant toute la campagne, jouir de l'élection de Joe Biden. Ils n'en peuvent tout simplement plus.
     
    C'est vrai, Biden a gagné. Il faudra que tout cela soit confirmé, il y aura des recours, mais enfin, sauf énorme surprise, l'ancien Vice-Président d'Obama deviendra, le 20 janvier 2021, le 46ème Président des États-Unis. Il faut lui souhaiter bonne chance. Il en aura besoin.
     
    Biden a gagné. Mais Trump obtient plus de 70 millions de voix. Le moins qu'on puisse dire, au-delà du destin personnel de l'homme (tentera-t-il de revenir, dans quatre ans ?), c'est que le trumpisme n'est pas mort. L'immense mouvement conservateur, protectionniste, anti-multilatéralisme, amorcé il y a quatre ans, représente aujourd'hui près d'un Américain sur deux. C'est une lame de fond, puissante, dont on n'a pas fini de parler.
     
    En quatre ans, Donald Trump a relevé l'économie de son pays, et s'il n'y avait eu le Covid (dans lequel il n'est pour rien), sans doute aurait-il été réélu. En quatre ans, Trump n'a engagé les États-Unis dans strictement aucun conflit. C'est le Président ZÉRO GUERRE. Nous verrons, dans quatre ans, pour peu que nous soyons encore de ce monde, si on pourra en dire autant de Joe Biden. On connaît la réputation des Démocrates en termes de bellicisme.
     
    J'étais favorable à Trump il y a quatre ans, je le demeure. La veille de son élection, en novembre 2016, une chroniqueuse du Temps, plutôt inspirée d'ordinaire par la culture que par la politique, jugeait bon de brocarder Trump sur son physique : la couleur de ses cheveux ! Ils ont détesté cet homme parce qu'il est assez vulgaire (c'est sans doute vrai, mais ça m'est totalement indifférent), parce qu'il n'est pas d'une sensibilité extrême au féminisme ou au climatisme. Bref, ils l'ont attaqué sur des éléments de style, plutôt que sur son programme.
     
    En Europe aussi, le protectionnisme est là. Le souverainisme. Le rejet d'une toile multilatérale née en 1945, qui a montré avec éclat sa vanité. Trump va (sans doute) quitter la Maison Blanche le 20 janvier. Mais le mouvement politique, économique et social qui l'inspire représente aujourd'hui, chez nous, une valeur montante. Pas encore majoritaire. Mais montante.
     
    Prochain test, grandeur nature : la France, au printemps 2022.
     
    D'ici là, chez nous comme ailleurs, souverainistes et cosmopolites s'érigent, l'un face à l'autre, comme deux fronts totalement antagonistes. Inconciliables. Qui ne dialoguent plus. L'heure n'est plus au débat, dont il ne faut d'ailleurs pas surestimer les vertus. Non, l'heure est au combat. Chacun, de son côté, aiguise ses armes et prépare ses munitions.
     
    Les lignes de fracture, entre nous ici en Suisse, de novembre 2016, demeurent, au millimètre, celles de novembre 2020. Les ruptures de l'époque demeurent valables. Nous sommes face à deux conceptions du monde. Ce sera l'une ou l'autre. Cela porte un nom : cela s'appelle la guerre.
     
     
    Pascal Décaillet