Sur le vif - Lundi 08.02.21 - 14.49h
Je crois de moins en moins aux débats avec, à la fin, un vainqueur et un vaincu. Pourquoi diable faudrait-il calquer la joute politique sur les antiques tournois, où l'un devrait triompher, et l'autre, suffoquer ?
A ce jeu de vie et de mort, préférons la vie partagée, pour tous. Deux êtres s'affrontent, sans concessions sur le fond, mais avec respect. Les arguments s'entrechoquent, le verbe fuse, bref on s'explique. Chacun amène, dans le royaume inattendu du verbe, sa part de vie.
Dans les fan's clubs de l'un et de l'autre, rien ne change. On se conforte dans le statu quo. On estime, de toute façon, que son champion a écrasé l'autre. On bombe le torse, on astique le prétendu vaincu, on se congratule entre soi, dans le camp des meilleurs.
Pour les indécis, c'est, Dieu merci, plus subtil. On retient quelques chocs d'étincelles, une parole, un contrechamp, un regard. On hésite encore, ou pas.
Je suis pour la clarté des mots, des idées, des attitudes, pour la réalité du combat. Mais je refuse absolument l'humiliation de l'un des deux. Je suis pour le respect. Et je suis pour la vie.
Pascal Décaillet