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Sur le vif - Page 240

  • Penthes, un lieu où doit souffler l'esprit !

     
    Sur le vif - Mardi 11.05.21
     
     
    Je suis, depuis des décennies, un amoureux du Château de Penthes, comme je le suis, depuis ma plus tendre enfance, du Jardin Botanique. J'ai passé mes premières années dans le quartier, j'y ai grandi, j'en connais personnellement chaque arbre. Puis, j'ai vécu ailleurs. Et, depuis 28 ans, à nouveau à l'endroit de ma naissance.
     
    Depuis un quart de siècle, j'accomplis toujours la même boucle, environ quatre kilomètres, en passant exactement aux mêmes endroits, qui sont ceux de mon enfance : Parc Mon-Repos, Jardin Botanique, Château de Penthes, avenue de la Paix, Parc de l'Ariana, Nations, puis retour vers le Parc Mon-Repos.
     
    Je ne veux pas entrer ici dans les bisbilles entre l'Etat et telle Fondation, pour les différentes affectations du Château et de ses dépendances.
     
    Amoureux fou de Genève, et notamment de cette Rive droite qui mérite davantage de culture, de reconnaissance et de mémoire, je ne puis imaginer qu'un Domaine aussi sublime que celui de Penthes puisse échoir à d'autres fins que celles du Patrimoine, de la culture, du débat citoyen, de la vivacité de l'esprit, de la puissance des arts. Il faut que Penthes, pour reprendre la très grande phrase de Maurice Barrès, soit de ces lieux où souffle l'esprit.
     
    J'ajoute une chose : le Domaine de Penthes est d'une telle beauté qu'il doit appartenir à tous les Genevois. Le Parc doit impérativement demeurer public. Les dépendances du Château doivent être affectées à l'élévation, voire la sublimation, du niveau culturel du plus grand nombre. Musées, expositions, débats d'actualité, fureur du verbe, puissance des arguments, idées nouvelles. Pas de poussière, par pitié : juste la lumière.
     
    J'ai dit "le plus grand nombre". En clair, tous les Genevois. Le peuple. Accès gratuit. Temple de la connaissance. Respect de la nature et du silence. Oui, l'esprit doit souffler. Et cette petite brise, entre les ramées des arbres centenaires, doit s'entendre comme un signe des dieux. Jusque sur Jupiter.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Le champ du possible

     
    Sur le vif - Mardi 11.05.21 - 01.33h
     
     
    Profs d'Histoire, en ces heures où tout s'embrase à nouveau,
    enseignez à vos élèves ce qu'est l'Esplanade des Mosquées ! Ce qu'est le Mur des Lamentations ! Ce qu'est le Saint Sépulcre ! Racontez-leur Jérusalem ! Initiez-les à l'Orient compliqué !
     
    Plus ils sauront, moins ils seront péremptoires, moins ils seront partisans, moins ils seront unilatéraux. Plus ils respecteront l'ensemble des peuples impliqués dans les conflits.
     
    Je suis allé maintes fois au Proche-Orient, depuis mon premier voyage familial, en 1966. Pour l'enfant de huit ans que j'étais, un éblouissement, pour la vie. Onze mois plus tard, c'était la Guerre des Six Jours.
     
    Il faut ouvrir les livres d'Histoire. Les laisser parler. Les confronter. C'est l'œuvre d'une vie, jamais accomplie, toujours recommencée.
     
    Il faut se confronter aux textes, aux langues, aux témoignages.
     
    Je suis, depuis des années, sur une entreprise gigantesque autour de l'Histoire de l'Allemagne, de 1522 à nos jours. Plus j'ouvre des livres, plus je dévore, plus je suis saisi de vertige devant l'immensité de ce qui me reste à accomplir. C'est terrifiant, mais nourrissant.
     
    Il faut, toute sa vie, cheminer vers la connaissance, vers le langage. Non pour résoudre. Mais, peut-être, pour écarter un peu le champ du possible.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'amour partagé du sens et de la langue

     
    Sur le vif - Mercredi 05.05.21 - 16.06h
     
     
    J'ai toujours été opposé à l'idée de coller des images sur des mots. Comme dans certaines méthodes scolaires d'enseignement des langues, niaises et méprisantes pour la capacité d'abstraction de l'élève.
     
    Un mot est un mot. A lui-même, il se suffit. Par son simple énoncé, sonore ou écrit, il porte le sens. Si j'écris "éléphant", vous voyez immédiatement l'animal, dans votre cerveau. Nul besoin pour moi, à moins de vous prendre pour de parfaits demeurés, d'en dessiner un, juste en face du mot, pour être sûr que vous ayez saisi.
     
    De même, j'ai toujours méprisé l'usage des rétroprojecteurs. J'ignore s'il en existe encore, mais il fut un temps, années 80, 90, où tout locuteur, devant une assistance, se croyait obligé de soutenir son discours par le plan de ce dernier, doucement dévoilé au fil des mots, parce qu'on tient caché ce qui va suivre. Ca s'appelle prendre les gens pour des cons.
     
    Or, les gens ne sont pas cons. Si vous les regardez en face, dans les yeux, en vous tenant debout, si vous parlez d'une belle voix, claire et posée, avec des syllabes articulées, du rythme, des silences, de la conviction, rassurez-vous : le message passera. Et vous n'aurez besoin de nul autre support que celui de votre éloquence.
     
    Il ne s'agit pas d'effets d'orateurs. Non. Juste parler. Vouloir convaincre, ou expliquer. Utiliser sa voix, ses cordes, son sourire, son humour, créer une complicité avec l'auditeur. Rien de plus. Ni Démosthène, ni Cicéron, ni Bossuet. Non, juste un humain qui s'adresse à d'autres humains. Dans l'amour partagé du sens et de la langue.
     
     
    Pascal Décaillet