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Sur le vif - Page 155

  • La Bonne Chanson

     
    Sur le vif - Mercredi 08.06.22 - 12.56h
     
     
    Dans le 12.30h RSR, le correspondant à Fribourg, mon confrère Fabrice Gaudiano, s'étonne à juste titre que le gouvernement de son Canton, pourtant composé de 5 élus de droite sur 7, annonce une politique de gauche pour les prochaines années.
     
    Le phénomène est partout. A Genève, le discours d'une partie de la droite se trouve comme phagocyté par les thèmes de la gauche. A commencer - c'était le sujet de notre débat hier soir - par la liturgie verbale des Verts. Avant même l'élection complémentaire, lorsque le gouvernement était encore officiellement à droite, le délire climatique avait déjà submergé les consciences, transformé les mots, par l'alchimie du conformisme, du convenable, la peur de déplaire, la génuflexion sur l'autel de l'opinion publique. Tout cela, par la conversion d'un homme : l'actuel ministre de la Mobilité. Damas, sur Rhône.
     
    En France, en Suisse, en Allemagne, jamais la gauche n'a été aussi faible en poids électoral. Mais son discours demeure, comme des bribes du catéchisme de nos enfances. Quelques fragments de l'acte de foi, quelques haillons déchirés de l'acte de contrition. Du dérisoire. Peut-être. Mais toujours ce poids des mots, ces éternels revenants. On ne sait plus trop ce qu'ils recouvrent, on murmure juste les syllabes, comme d'ultimes reliquats de la prière.
     
    La gauche est faible, ces temps. Mais l'écho de ses incantations nous habite encore. Au plus haut niveau, celui du pouvoir, jusque dans des familles qui ne lui doivent rien, elle nous poursuit de sa petite musique. Nous sommes des êtres bien fragiles. Nous colportons des vocables, nous reproduisons des notes, des soupirs. De génération en génération, nous fredonnons la petite chanson. Allez, disons, avec le grand Verlaine : La Bonne Chanson.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Congestion programmée : allez vous faire voir !

     
    Sur le vif - Vendredi 03.06.22 - 10.28h
     
     
    Hallucinant communiqué de la police, qui nous annonce une semaine d'enfer à Genève, du 9 au 15 juin. Conférence ministérielle de l'OMC. Grève des femmes le 14. Deux matchs internationaux à la Praille. Et j'en oublie !
     
    Ce communiqué est un scandale. Non de la part de la police, qui n'y peut rien et exécute les ordres. Mais du Conseil d'Etat : c'est justement son rôle et sa mission d'avoir, en amont, une coordination intelligente des événements, en accepter certains, renoncer à d'autres, pour éviter ce genre de catapultage. Là, on se contente de prendre acte. On a dit oui à tout. La circulation va être un enfer. C'est comme ça, que voulez-vous ?
     
    Les premiers à qui le Conseil d'Etat doit rendre des comptes, ce ne sont pas les snobinards de la Genève internationale. Ni le lobby des grands intérêts financiers sportifs. Ni les innombrables créateurs "d'événements" privés. Mais le peuple de Genève. A commencer par les citoyennes et citoyens, de qui tout procède, exécutif en premier lieu. Mais aussi, les contribuables. Les braves gens, qui se lèvent le matin pour aller bosser. Engraissent avec leurs impôts la pieuvre tentaculaire de l'Etat cantonal le plus dispendieux de Suisse. Et ont droit à une circulation fluide, pour tous les modes de transports.
     
    Ce communiqué, qui met les cochons de payeurs devant le fait accompli et leur annonce le pire comme une chose naturelle, est tout simplement inacceptable.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Lueurs d'une vie et Grand Soir

     
    Sur le vif - Jeudi 02.06.22 - 14.15h
     
     
    Le Parti Suisse du Travail publie à l'instant un remarquable document sur les questions absolument capitales de la vie chère et du pouvoir d'achat. Inflation, salaires, retraites, prix des denrées de base, loyers, et bien sûr les primes d'assurance-maladie. Cinq pages d'un diagnostic précis, clinique, documenté.
     
    On partage ou non les remèdes proposés par le Parti du Travail, mais le constat est posé. Et surtout, la priorité politique est établie. Il se trouve qu'elle correspond, contrairement au délire sociétal d'autres milieux, à la préoccupation no 1 de nos compatriotes.
     
    Je ne suis pas communiste. Mais, depuis l'enfance, j'ai toujours eu infiniment plus de respect pour les militants communistes dans nos pays, en Suisse, en France, en Italie, que pour une certaine autre gauche, petits bourgeois révoltés de 68, groupuscules libertariens, et aujourd'hui les bobos et les obsédés des questions sociétales.
     
    La chute du Mur a été dévastatrice pour l'image communiste dans le monde. Le rachat glouton de la DDR par Kohl s'est opéré de manière honteuse, humiliante pour cette autre Allemagne, chère à mon coeur à mon cerveau, qui avait été obligée d'embrasser un système communiste en 49, étant tombée quatre ans plus tôt dans la zone d'occupation soviétique : croyez-vous qu'ils ont eu le choix ? Et Dresde, rasée par les gentils Britanniques les 13 et 14 février 1945 dans le bombardement conventionnel le plus meurtrier de toute l’Histoire, qui l’a reconstruite ? Alors, dans cette autre Allemagne, régime détestable, police politique, certes, il n'est pas question de nier cela. Mais très haut niveau de prestations sociales, de sciences, de culture. Tout cela, parfaitement ignoré ici à cause de la propagande américaine, méritera un jour d'être dit, rétabli. J'ai connu ce pays, je m'y rends encore, régulièrement, ce sont la Prusse, la Saxe et la Thuringe historiques, une Allemagne extraordinaire, celle de Luther, de Bach, de Haendel, de Kleist, de Kant, des dernières années de Brecht, de Heiner Müller, de Christa Wolf.
     
    Alors voilà, moi qui n'ai jamais été communiste, il se trouve que je n'ai jamais, non plus, fait partie des anti maladifs, je veux parler des cinglés du maccarthysme, des manipulés de la CIA, de certains ultras Bavarois pas encore remis de la République des Conseils en 1919, des papistes noirs de la Democrazia Cristiana, des libertaires soixante-huitards devenus ultra-libéraux. Et de toute une frange de pensée qui a besoin d'un Grand Satan. La vision, en un mot, de nos chers amis américains. Ceux qui nous veulent tant de bien.
     
     
    Pascal Décaillet