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Sur le vif - Page 159

  • Les Maos, les trotskystes, l'Oncle Sam

     
    Sur le vif - Mercredi 11.05.22 - 16.20h
     
     
    J'ai toujours été frappé par la proximité de nos soixante-huitards avec les Etats-Unis d'Amérique. Nombre d'entre eux, ayant pris ventre et double menton, sont allègrement passés du statut de libertaires à celui d'ultra-libéraux.
     
    Je dis bien "ultra" : je ne parle pas ici de la grande tradition libérale d'un Benjamin Constant ou d'un Olivier Reverdin (qui fut mon professeur de grec), mais de la petite clique de ceux qui, depuis la chute du Mur, nous pourrissent les nations, refusent toute autorité de l'Etat, tout arbitrage, au profit de la jouissance sans entraves du Capital mondialisé.
     
    Les Etats-Unis, on le sait depuis longtemps, ont soutenu et encouragé le mouvement de Mai. Parce qu'ils détestaient de Gaulle, ce géant d'austérité qui dénonçait leur impérialisme, fréquentait les non-alignés, défendait le droit de chaque peuple à prendre en mains son destin, avait eu à Phnom Penh (1er septembre 66) des mots irrévocables. Et puis, de Gaulle, depuis 44, avait un rapport privilégié avec la Russie (il ne disait jamais "URSS"), et les Américains n'en pouvaient plus d'enrager.
     
    Aujourd'hui, les soixante-huitards roulent pour les Américains, vomissent la Russie, soutiennent l'expansion de l'OTAN dans les pays les plus orientaux de l'Europe, adulent les gesticulations de l'homme de Kiev, préfèrent le marché mondialisé à la fierté de chaque communauté humaine regroupée dans une nation.
     
    Les Maos, les trotskystes du Quartier Latin, sont devenus les commis-voyageurs de l'Oncle Sam. A dix ans, partisan acharné de Charles de Gaulle, je les détestais déjà. 54 ans plus tard, je ne trouve pas de mot pour définir le noirceur de mon sentiment à leur égard.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Gens de gauche, ne boudez pas la Défense nationale !

     
    Sur le vif - Mardi 10.05.22 - 16.43h
     
     
    "Désolé, M. Décaillet, j'aurais adoré venir demain à votre émission, mais je suis à l'armée". Réponse du nouveau Président des Jeunes UDC GE, dont je me réjouis de faire la connaissance à son retour.
     
    Les Jeunes UDC sont à l'armée. Le Jeunes PLR sont à l'armée. Les Jeunes PDC sont parfois à l'armée. Mais pourquoi diable les Jeunes Socialistes, les Jeunes Verts, les Jeunes Ensemble à Gauche, ne sont-ils JAMAIS à l'armée ?
     
    Il est catastrophique que seule la droite s'intéresse à l'armée. Alors que la Défense nationale doit être l'affaire de TOUS LES SUISSES. Et j'ajoute : DE TOUTES LES SUISSESSES. Sans distinction partisane. Sans différences de classes sociales, de niveau culturel. Toutes les citoyennes, tous les citoyens. Que tous ne fassent pas du service armé, mais qu'au moins chacun consacre un certain temps de sa jeunesse à la collectivité nationale. Il y a mille manières de servir son pays.
     
    J'ai moi-même accompli près de 500 jours d'armée, entre 1977 et le début des années 1990. J'ai appartenu, pendant toute l'année 1990, à la Commission Schoch, chargée de plancher sur une réforme de l'armée, après la votation du 26 novembre 1989. Trente séances décentralisées, dans toute la Suisse, sous la présidence d'un homme remarquable : le Conseiller aux Etats Otto Schoch, radical des Rhodes-Extérieures d'Appenzell. C'était passionnant. Chacun parlait sa langue, allemand, français, italien, sans traducteur : c'était la Suisse !
     
    J'invite les jeunes de gauche à s'intéresser aussi à la Défense nationale. En arrivant avec leur idées, leur esprit critique. Mais en participant, de l'intérieur ! La question, plus que jamais, est d'actualité, y compris dans ses composantes militaires les plus traditionnelles. Je pense que vous voyez pourquoi. Je ne vous fais pas un dessin.
     
    Mais de grâce, que l'armée ne soit pas l'apanage de la seule droite ! Elle doit être l'épée de la nation tout entière. Pas celle d'une caste.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Seule demeure l'emprise de chaque syllabe

     
    Sur le vif - Mardi 10.05.22 - 10.14h
     
     
    Il y a 82 ans, l’attaque à l’Ouest, 10 mai 40. Le début de l’une des plus fulgurantes guerres de mouvement de l’Histoire.
     
    Il y a 41 ans, donc exactement au milieu du temps entre cette attaque et aujourd’hui, l’élection de François Mitterrand, 10 mai 81.
     
    Mitterrand, il me semble que c’était hier. Je souhaitais cette victoire, contre Giscard. J’ai vécu intensément la campagne.
     
    C’était hier. Et je n’en reviens pas que la même distance, seulement, sépare l’élection de Mitterrand de l’attaque sur les Ardennes et sur la Meuse.
     
    Le temps historique est relatif. Il est fonction de la mémoire, de l’affect, de l’implication passionnelle.
     
    Il existe, sur l’univers homérique, des études incroyablement documentées par les historiens et les archéologues, comme « Le Monde d’Ulysse » de Moses Finley, que j’ai lu en 76.
     
    Mais pour un lecteur du Monde d’Ulysse, ouvrage aride et scientifique, il y a des dizaines de milliers de lecteurs de l’Iliade. Parce que l’Iliade est l’une des plus grandes œuvres du monde. L’histoire d’un héros, Achille, dont le destin nous bouleverse. Et l’intensité musicale contenue dans chaque hexamètre - à lire en grec, à haute voix - nous transporte, nous élève, et enfin nous transforme.
     
    En Histoire, le temps est relatif. Dans les histoires, celles que raconte un poète de génie, il n’y a plus ni temps, ni vérité, ni fiction. Seule demeure l’emprise de chaque syllabe, chaque note de musique, qui vous saisit.
     
    Comme le Roi des Aulnes, Erlkönig, lorsqu’il s’empare de l’enfant, dans les bras de son père. Sur le cheval.
     
     
    Pascal Décaillet