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Sur le vif - Page 1145

  • Mais d’où sort donc ce « tribunal arbitral » ?

     

    Vendredi 21.08.09 - 17.30h

     

    La chaleur extrême du désert libyen produirait-elle des mirages ? Ainsi, cet étrange « tribunal arbitral », censé statuer, de la Terre ou de Sirius, sur les circonstances de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi à Genève.

    Mais d’où sort donc cette hallucinante idée ? Surtout, comment le président de la Confédération suisse a-t-il pu accepter le principe d’une instance judiciaire extérieure à nos institutions, et qui leur serait de droit supérieur ? Il y aurait donc place pour des juges étrangers ?

    Dans toute cette affaire, les autorités genevoises ont pris des décisions souveraines, dont elles n’ont pas à rougir. On aurait pu, à la rigueur, les contester par la voie de la Cour suprême suisse (le Tribunal fédéral), mais où va-t-on chercher l’embryon de légitimité d’un « tribunal arbitral » ? Pire : en quoi est-ce l’affaire de la Confédération de sanctionner le pouvoir d’un canton, là où ce dernier s’exerce en légitimité ?

    Non, désolé, le recours à cette instance dont personne n’avait jamais entendu parler, et qui du reste n’existe pas, ne résiste ni à l’évidence, ni à l’examen.

    A moins qu’on n’entende instaurer un Tribunal d’Inquisition pour entraver ce qui résiste à la raison d’Etat. C’est une option. Mais au moins, qu’on veuille bien l’annoncer clairement. Mieux vaut, en politique, un cynisme assumé que la tête de l’autruche au plus profond du sable. Celui du désert, of course.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • La Suisse n’avait pas à présenter d’excuses

    Jeudi 20.08.09 - 20.15h

    Des excuses, des excuses, des excuses. Il n’y a plus que cela : des excuses.

    Aujourd’hui, Monsieur, en Suisse, on ne fait plus de politique : on saigne ses genoux sur le chemin rugueux de Fatima, celui de la rédemption par la repentance, brûlante, sous la canicule.

    Que la police genevoise ait interpellé de façon trop musclée, quant à la forme, le fils Kadhafi, c’est probable. Qu’il y ait eu disproportion, soit. Mais enfin, il y a surtout eu maltraitance de domestique, c’est cela qui est inadmissible, cela que la loi suisse – la seule qui vaille en nos frontières – condamne. En Suisse, il n’y a ni gueux, ni fils de prince : il y a l’égalité de tout humain, quel qu’il soit, devant la loi. À cet égard, les autorités genevoises n’ont pas eu tort, sur le fond, d’interpeller Hannibal Kadhafi, comme elles l’auraient fait pour n’importe quel autre justiciable.

    Au final de cette lamentable affaire, voici donc le chef de l’Etat suisse en situation de Canossa devant ce très grand défenseur des droits de l’homme qui, depuis juste quarante ans, avec la sagacité qu’on sait, préside aux destinées de la Libye. La Suisse, vieille démocratie, d’au moins 161 ans, modèle à bien des égards, pieds nus et en chemise devant le maître de Tripoli. L’image, pour l’opinion publique de notre pays, pour le principe d’égalité devant la loi, est tout simplement insupportable.

    Non, Monsieur Merz, la Suisse n’avait pas à présenter d’excuses.


    Pascal Décaillet





  • Christian Grobet, le démon politique dans les viscères

    Lundi 10.08.09 - 06.10h

    C’est fait. La Tribune de Genève nous le confirme ce matin, sous la plume de mon confrère Jérôme Faas : Christian Grobet est candidat au Grand Conseil. Ce qui était patent, dès ce printemps, pour qui sait lire un peu la politique entre les lignes, est donc réalité. Grobet est candidat, et c’est une excellente nouvelle. Car cet homme incroyable, conseiller municipal dès 1967, député dès 1969, conseiller national, douze ans conseiller d’Etat, puis reparti de zéro après sa chute, est habité, jusqu’aux tréfonds de l’âme, par ce qui manque à tant de politiques : la fureur d’un démon intérieur. Se battre, encore se battre, jusqu’au bout, et peu importent les quolibets, et peu importent les coups : cette dimension, qu’on aime ou non Christian Grobet, qu’on partage ou non ses options, force l’admiration.

    L’admiration, oui. Pourquoi ? Mais parbleu, tout simplement par le contraste qu’elle offre avec le petit jeu d’ambitions camouflées, de reports d’aveux, de semi-signaux et de semi confidences, des plus hauts politiques suisses en cet été de succession de Pascal Couchepin. « Je veux peut-être, pour l’heure je ne veux pas, je ne sais si je veux, j’aimerais vouloir, je voudrais aimer, je me tâte, tu te tâtes, nous nous tâtons, il faut voir avec la commission électorale, laissez-moi encore réfléchir », enfin toute cette somme de faux-fuyants, face à laquelle voici l’irruption d’un homme : Christian Grobet.

    Un homme. Qui n’a jamais caché ni ses désirs ni ses ambitions. Il y a des élections ? Il s’y présente ! Cela serait interdit ? Il crée des listes, juste pour lui ? Et alors ? Les élections sont faites de listes, les électeurs jugent. Et qu’on ne vienne surtout pas nous avancer l’argument, haïssable, de l’âge : Christian Grobet est dans une forme olympienne.

    Surtout, voilà une candidature qui sonne (eh oui, déjà) la fin de la pause d’été à Genève, et le réveil de la campagne. Si la gauche de la gauche ne se dilue pas dans ses éternelles divisions, elle peut représenter une donne importante de ces élections cantonales. En son sein, voilà en tout cas une locomotive. À cela s’ajoute, sur cette nouvelle liste, la présence de Salika Wenger, une politicienne aux idées claires et qui sait porter haut le verbe politique. Un véritable tempérament, aussi.

    La politique n’est pas faite que d’idées, mais d’hommes et de femmes, qui les incarnent. Des parcours humains, avec leurs chutes, leurs accidents, leurs cicatrices. La richesse d’un vécu. Les vibrations d’une mémoire. L’éternité, comme dans les mythes, de certains retours. La réinvention de la vie, et peut-être aussi celle de la jeunesse. Par l’intensité du désir. C’est cela qu’incarne Christian Grobet, l’homme aux cent mille ennemis.

    Mais quoi de plus beau, en politique, qu’un ennemi ?

    Pascal Décaillet