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Sur le vif - Page 1148

  • Treize étoiles, mais sans révolution

    Sur le vif - Dimanche 01.03.09 - 19.25h

     

    En Valais, la montagne est si belle, alors de grâce, expliquez-moi : pourquoi faut-il, tous les quatre ans, qu’elle accouche d’une souris ? C’est sans doute l’ambiance de Carnaval, le goût des Valaisans pour la fermentation verbale, cette Flandre en instance de verticalité : tous les quatre ans, on s’aiguise, on s’échauffe, on se surexcite en préliminaires. Et puis, le dimanche, on vote. Et le lundi, on se rhabille.

    Donc, le PDC, qui tient le canton depuis 160 ans, ah cette époque bénie où radicaux et conservateurs se précipitaient mutuellement dans le Trient, a certes placé ses trois candidats en tête (Jean-Michel Cina 40.016 voix, Maurice Tornay 32.528, Jacques Melly 32.084), mais, dans le Valais romand, ce parti a réalisé son plus mauvais résultat historique. C’est la dure réalité, les faits têtus, que Raphy Coutaz, le président du PDC du Valais romand, avait quelque peine à encaisser, à 18h, sur les ondes de la Radio Suisse Romande.

    La cause de cette contre-performance est évidemment à chercher dans la déception crée le 6 juin 2008, à Conthey, lors de la désignation de Maurice Tornay, d’Orsières, contre l’étoile nationale Christophe Darbellay. Et celle, le même jour, de Jacques Melly contre Marie-Françoise Perruchoud-Massy, ancienne cheffe de groupe au Grand Conseil, plus progressiste.

    Pour le reste, on notera la quatrième place du ministre de l’Instruction publique sortant, le radical Claude Roch (29.265 voix), et le bon résultat de la socialiste de Brigue Esther Waeber-Kalbermatten (26.438), qui devrait devenir la première femme conseillère d’Etat de l’Histoire du Valais. L’événement de cette élection.

    En Valais, il est d’usage, parfois, de renoncer au second tour au profit d’une élection tacite des cinq candidats arrivés en tête du premier. Cela, cette fois, ne devrait pas être le cas. D’abord, à cause d’Eric Felley, journaliste devenu candidat, et trublion singulièrement talentueux de cette compétition électorale, qui a bien envie de prolonger d’une quinzaine l’état de lévitation qui est sien. Ensuite et surtout, parce que le score très faible de Maurice Tornay et Jacques Melly pourrait amener certains PDC, d’ici mardi (dépôt des listes) à avoir envie de lancer des jokers dans le deuxième tour. En relançant dans la course les recalés du congrès de juin 2008 ? C’est possible, mais peu probable : une fois de plus, on va sans doute, de préférence, laisser ronronner la machine à Tinguely, et envoyer à Sion les candidats officiels.

    En Valais, la Révolution, c’est comme celle des astres, quand on les observe au télescope : on vient d’en manquer une, alors on s’installe déjà pour la prochaine. Bien assis. Un peu dépité. Mais tellement heureux de cette nuit treize fois étoilée, bleue comme les mers du sud. Allez, la Révolution, ce sera pour la prochaine fois !

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Philippe Bender éblouissant sur Canal 9

    Sur le vif - Dimanche 01.03.09 - 16h

    Frère de Léonard, donc l’un des fils d’Arthur, conseiller d’Etat radical des années 60-70, l’historien Philippe Bender est en train, en ce moment même, de donner une éblouissante démonstration de son érudition politique, sur les ondes de Canal 9.

    http://www.canal9.ch/television-valaisanne/operations-speciales/cantonales-2009-le-direct.html

    Invité comme consultant, l’homme de Fully analyse et décortique à l’arraché les premiers résultats des élections cantonales valaisannes, renvoie au Sonderbund et à la bataille du Trient, décline de tête les noms de toutes les familles de toutes les communes, est capable de citer à l’unité près les résultats nominatifs de centaines de candidats aux dix-neuvième et vingtième siècles, dans le Haut, dans le Centre comme dans le Bas. Une démo. Un maelström. A déguster, très vite.

    Philippe Bender : un bloc de granit. Une masse. Naguère commandant d’une compagnie de grenadiers de montagne. Aujourd’hui grand officiant de l’Arche sainte du radicalisme, canal historique. Ceux de Fully-Martigny. Les durs des durs. Aucun mandat électif, juste l’onction du grand prêtre. Une passion intransigeante, sans limites, pour l’histoire de son canton, les généalogies, l’organisation politique du Valais, de l’époque des dizains à celle des districts. La mémoire de mille éléphants lâchés dans la broussaille, le souvenir de toutes les bagarres, toutes les rognes et toutes les rancunes. Toutes les vendettas.

    A quoi s’ajoute une culture politique générale, notamment sur les grandes idéologies autour de 1848, qui font de ce locuteur-là, conteur autant qu’il est démonstrateur, l’un des personnages les plus impressionnants à écouter lorsque le démon de la politique étreint et torréfie son discours.

    Pascal Décaillet

     

     

  • Une petite gifle, Darling ?

    Sur le vif - Dimanche 22.02.09 - 17.25h

     

    Il s’appelle Darling, ça ne s’invente pas, et déjà, depuis que je viens de prendre connaissance de son existence terrestre, il est mon chéri, mon trésor. Oh, le beau cas, étincelant comme une cuiller à thé trônant nue au milieu du living room.

    De son état, il est ministre britannique des Finances. Dans l’hebdomadaire « The Observer » de ce matin, il vient de donner ses ordres au dictaphone à notre pays sur ce que nous devons faire en matière de secret bancaire. En clair, l’abolir : « La Suisse doit réformer ses lois fiscales et bancaires pour les aligner sur celles de l’Europe ». Dont acte, Aye, Aye, Sir, et surtout pardonnez aux misérables vermisseaux de fromage montagneux que nous sommes, du haut de notre goitre, du plus profond de notre état d’arachnide de farine, de n’y avoir point songé plus tôt.

    Ils sont gentils, les ministres britanniques ou allemands des Finances. Chaque fois qu’ils parlent du secret bancaire, ils donnent quelques milliers de voix à la cause de son maintien. Parce que nous, les habitants de ce petit pays bien modeste, bien fragile, bien insignifiant face à la grandeur salée d’Albion, nous avons peut-être, en effet, à nous interroger sur le secret bancaire. Mais il se trouve que nous apprécierions de le faire entre nous, sans chancelier ni échiquier, sans pompes ni circonstances, sans les grands de l’Europe qui nous tannent et nous pourlèchent le poil.

    C’est ainsi. Les contours de notre destin, nous aimons les dessiner entre nous. C’est là notre petite faiblesse, notre péché mignon, notre Petit Liré contre vos Palatins. Cela, Monsieur le Ministre, porte un très beau nom, que votre pays a d’ailleurs maintes fois défendu avec panache dans l’Histoire : cela s’appelle démocratie.

    Pascal Décaillet