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Sur le vif - Page 1146

  • Eveline Widmer-Schlumpf : premiers signes d’habileté politique


     

    La Suisse romande ne connaît pas encore Eveline Widmer-Schlumpf, que j’espère bien recevoir très bientôt sur le plateau de « Genève à chaud ». Mais, à coup sûr, s’il est une qualité dont la nouvelle conseillère fédérale ne semble pas dépourvue, c’est bien l’habileté politique. Les premiers signaux, dans la construction de son état-major personnel, vont dans ce sens.

     

    On savait déjà que le démocrate-chrétien Livio Zanolari, Grison comme elle (mais italophone), habitué de tous les cabinets successifs depuis Flavio Cotti, y compris celui de Christoph Blocher, allait demeurer à son poste. Mais la nouvelle la plus surprenante, en termes d’ouverture, c’est l’engagement, que nous venons d’apprendre, du radical d’origine française Sébastien Leprat, aujourd’hui secrétaire politique du PRD, naguère l’un des responsables de la campagne des pommes de Jacques Chirac (1995).

     

    Un démocrate-chrétien, un radical dans l’entourage immédiat de la nouvelle ministre. Voilà qui marque une réelle intelligence politique. Et, surtout, un signal à son parti, l’UDC : « Vous ne voulez pas de moi dans le groupe au Chambres fédérales. Eh bien tant pis. Je travaillerai avec d’autres ».

     

    Reste à voir comment le parti radical suisse encaissera le « passage » du très civil et très courtois Sébastien Leprat dans une officine « rivale ». Leprat, l’un des proches de Fulvio Pelli. Et adepte, sans nul doute, du « relativisme » dans le positionnement politique…

  • Saint Pascal, pendant un an?


     

    Je suis le premier à dire du bien de Pascal Couchepin, je l’ai fait souvent, bien avant que ça n’en devînt la mode. Le premier, aussi, à voir en lui un homme d’Etat, à coup sûr l’homme fort de l’actuel Conseil fédéral, ce qui tombe bien, puisqu’il est Président pour 2008.

     

    Mais à lire certains articles, depuis quelques semaines, certaines grandes interviews comme la double page d'avant-hier (jeudi 3 janvier 2008) dans le Temps, je commence à percevoir un frisson de dérive hagiographique. Ca n’est pas encore Dieu le Père, mais déjà le Rassembleur, une sorte de Nicolas de Flue, oui une forme de saint laïque devant lequel même une partie de la gauche s’extasie. Pierre-Yves Maillard, l’autre soir dans Forums, rendait hommage à ce radical qui avait su remettre la République au milieu du village. Maillard, le vieil ennemi de Couchepin dans les questions d’assurance maladie !

     

    Pardonnez ma discordance dans cette belle unanimité, mais j’ai des réserves. Les mots de «fascisme » et « Duce », à propos de Christoph Blocher, cet automne, me restent en travers de la gorge, et Dieu sait si je me sens plus proche de tout l’univers (politique, historique, philosophique) de Pascal Couchepin que de celui du tribun zurichois. Mais désolé, l’UDC, ça n’est pas encore le fascisme, Blocher ça n’est pas encore Mussolini. Et c’est en constatant, le 12 décembre à midi, le fabuleux résultat de Couchepin à la présidence de la Confédération (je veux dire, même les voix de la gauche !) que j’ai compris, rétrospectivement, tout l’intérêt qu’avait eu le vieux renard à oser une comparaison dont il savait le premier, en fin connaisseur de l’Histoire, qu’elle allait un peu loin.

     

    Que cela pût, un infinitésimal instant, procéder d’un calcul, voilà qui fait rougir et fulminer les bonnes âmes dont je lis déjà les lettres de protestation. Ainsi, pourtant, fonctionne la politique. Qui n’est pas affaire de morale, mais de luttes de pouvoir. Rien d’autre. Aussi simple qu’une basse-cour dans laquelle il y aurait un coq de trop. Pardonnez la crudité de mon analyse. Mais une once de cynisme, dans un océan de bons sentiments, fait parfois du bien. Non ?

     

     

     

     

  • Une erreur historique

    Ourdi depuis la fin de l’été, le complot des socialistes et des Verts pour évincer Christoph Blocher a fini par recevoir l’appui du PDC, et par réussir devant l’Assemblée fédérale. N’en déplaise à l’immense majorité des commentateurs et à la jouissance des putschistes de ce matin, cette victoire de la combinazione contre la volonté du peuple, clairement exprimée le 21 octobre dernier, se retournera un jour contre les vainqueurs d’aujourd’hui.

     

    L’UDC plébiscitée par le souverain, c’est celle de Blocher, pas celle de Schmid ni de Madame Widmer-Schlumpf.  S’imaginer que tout va rentrer dans l’ordre en neutralisant l’UDC avec deux gentils agrariens, c’est n’avoir rien compris à la lame de fond populaire qui, d’année en année, ne cesse de monter en Suisse.

     

    Christoph Blocher est encore jeune. Il a en lui une puissance de travail phénoménale. Chef de l’opposition, demain, il amènera la Suisse dans l’ère de la confrontation, par la voie référendaire et parfois aussi celle de la rue. Il entraînera dans son sillage les Suissesses et les Suisses, innombrables, à qui le petit jeu parlementaire de ce matin aura donné la nausée.

     

    Mardi 12 décembre 2007  - 12.35h