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Sur le vif - Jeudi 08.05.25 - 19.29hA l'arraché, mon émotion. Suite au choix du prénom. Depuis tant d'années, au moins trente ans, je vous parle de Léon XIII, le Pape Vincenzo Gioacchino Pecci (1878-1903). Léon XIII, l'homme de la Doctrine sociale de l’Église (1891), qui, pour la première fois, articule une réponse chrétienne à la condition ouvrière, alors que les enfants travaillent encore dans les mines. Léon XIII, l'homme qui a marqué le christianisme social, pendant tout le vingtième siècle.Alors voilà, je ne connais rien du nouveau Pape, à qui je souhaite évidemment le meilleur. Je sais juste qu'il est Américain, et surtout qu'il vient de choisir le meilleur prénom, en termes de symboles et de références : 122 ans après la mort du "Pape des ouvriers", ce prénom marque un attachement à la mission sociale de l’Église. Un attachement aux plus démunis. Et surtout, à l'inscription de la Communauté des croyants dans les problèmes les plus concrets du monde.Un prénom au coeur de l'humain. Un prénom au coeur du monde.Pascal Décaillet
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Le fantôme de 1992
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.05.25
Pendant toute l’année 1992, celle du débat homérique sur l’Espace économique européen, je vivais à Berne avec ma famille, c’étaient les années où j’étais correspondant parlementaire pour la RSR. Nous étions une équipe de choc, quatre personnes. Nous avions nos studios au troisième étage du Palais fédéral, juste au-dessus des deux Chambres du Parlement, le National et les Etats. Ce fut l’une des périodes les plus intenses de ma vie professionnelle. J’en garde un souvenir ému, ébloui.
L’Espace économique, j’étais pour. C’est donc avec un immense enthousiasme que j’ai suivi Jean-Pascal Delamuraz, micro en main, pendant toute l’année de campagne, jusqu’à l’acte final, le refus du peuple et des cantons, le dimanche 6 décembre 1992. Pour moi aussi, ce fut un dimanche noir, j’étais un peu sonné. J’avais adhéré à fond au radicalisme ouvert, pragmatique, plein de vie, de Delamuraz. Mais il y avait quelque chose, dans la Suisse profonde, qui m’avait échappé. J’étais, évidemment, seul responsable de mon dépit : l’impératif de ma vie est la lucidité, là elle m’avait fait défaut.
Jean-Pascal Delamuraz, lui, était parfaitement conscient du réveil tellurique de la Suisse profonde, éprise de souveraineté, méfiante face aux grands ensembles, qui, tout au long de l’année, s’apprêtait à le vaincre. Mais il était un homme courageux. Le combat, il l’a mené. Le peuple, il n’en a pas eu peur. Il a joué, il a perdu. C’était un homme d’Etat, tout simplement.
Pascal Décaillet
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Après le Zéro Carbone, pourquoi pas le Zéro Vert ?
Sur le vif - Mercredi 07.05.25 - 16.23hIl y a quelques semaines, juste à la fin du marathon des municipales, j'annonçais une période de deux ans et demi (jusqu'aux fédérales d'octobre 2027) sans élections. Et je m'en félicitais. J'ajoutais toutefois : "Sauf élection complémentaire, qui n'est jamais à exclure" !Eh bien, nous y voilà. Nous élirons un nouveau membre du Conseil d'Etat le 28 septembre, deuxième tour le 19 octobre. Une complémentaire, à Genève, nous connaissons : départ de Mark Müller en 2012, puis de Pierre Maudet en 2022. Mais là, c'étaient des scénarios de crise. Nous sommes, cette fois, face à un départ de sang froid, apparemment pour lassitude. Fort bien, envisageons la suite.Une complémentaire est une remise des bouliers à zéro. C'est une affaire du peuple face à des candidats, et en aucun cas une affaire des partis. Oh, ceux-là joueront leur rôle, présenteront des gens. Mais le peuple ne leur doit rien. Il ne doit rien à la configuration du septuor élu en 2023. Il est libre de choisir un candidat d'un autre parti que celui laissé vacant, ou même hors-partis. Il élit strictement qui il veut.Oui, le peuple est libre. En aucun cas, il ne doit se sentir lié par la composition du Parlement en 2023, cette dernière n'était que la photographie d'un moment. En septembre 2025, nous serons dans un autre moment. Pour être clair, il n'y a strictement aucune obligation à élire un Vert. Le partant, d'ailleurs, a choisi de prendre ce risque, il l'assume, il insiste sur l'aspect personnel de sa démission.Un mot encore, sur la droite genevoise. Avec cette complémentaire, elle a l'occasion unique de renforcer d'un membre sa présence au gouvernement. Elle est majoritaire dans le Canton, majoritaire au Grand Conseil, elle a les moyens de placer l'un des siens. Mais pour cela, elle doit tenter l'impossible : nous prouver qu'elle n'est pas la plus bête du monde. Cette preuve, ce printemps, avec la non-élection de l'excellente candidate Natacha Buffet-Desfayes, l'une des meilleures de ces dernières années, a pour le moins fait défaut. Une droite unie, dès le départ, avait la possibilité d'arracher un siège à l'exécutif de la Ville. Une droite unie a celle d'en occuper un supplémentaire au Conseil d'Etat.Il serait tout de même hallucinant, dans un Canton où la droite représente près des deux tiers de l'électorat, que la gauche réussisse à s'imposer dans une complémentaire. Hallucinant, mais pas impossible, tant sont vives les rivalités de chapelles. Et tant est ardente, dans le marais centriste, l'éternelle tentation d'intelligence avec l'ennemi.J'ai parlé ici de la gauche et de la droite. Mais une complémentaire, c'est avant tout une affaire de personnes. Une candidature puissante, hors-partis, de la part d'une individualité forte, pourrait aussi avoir ses chances. Bref, tout est ouvert. Y compris le dilemme de chacun d'entre nous, juste avant de prendre le volant : "Un Vert, ou pas du tout ?".Pascal Décaillet